Interview. Florian Koulimaya : « Il y a un grand fossé entre la fin de la formation et l’accès à l’emploi »Dimanche 16 Août 2020 - 14:26 15 août 1960-15 août 2020, soixante ans déjà que la République du Congo a obtenu son indépendance et certaines questions méritent encore d’être posées. Florian Koulimaya diplômé en management des institutions publiques, membre du Conseil consultatif de la jeunesse, a profité de cette période à la fois historique et festive, pour faire un panorama de la question de l’employabilité des jeunes au Congo tout en évoquant quelques pistes de solutions. Entretien.
Florian Koulimaya (FK): L’employabilité paraît comme le facteur principal de l’insertion socioprofessionnelle. Aujourd’hui tout porte à croire que l’obtention d’un diplôme ne corrèle en aucun cas avec une insertion professionnelle automatique ou planifiée. Ne pourrait-on pas induire que la transition de l’école vers la vie active semble devenir précaire? En Afrique, plus de la moitié des jeunes diplômés n’ont pas d’emploi ou sont sous-employés. En 2018, selon Quentin Velluet, seuls trois millions d’emplois formels sont créés par an en Afrique alors que 10 à 12 millions de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail. Nous constatons un grand fossé entre la fin de la formation et l’accès à l’emploi. Ce mal sous-entend la fuite du capital humain et par manque de moyens, certains se prêtent, à leur risque et péril, à l’immigration clandestine. LDBC : Quelle est selon vous la solution à ce problème ? FK : Il conviendrait à mon sens la planification pluriannuelle des recrutements au sein de la Fonction publique et d’affecter les agents où le besoin se ressent peu importe la localité, en sus du fait que ces localités doivent avoir des infrastructures de premières nécessités. Ainsi, si par exemple un étudiant boursier de l’État envoyé en formation et conscient qu’à l’issue de sa formation son intégration est garantie, il rentrera sans se poser des questions. Si à titre d’illustration, on met en place une stratégie selon qu’un trimestre avant la fin de la formation, la bourse est coupée et l’intégration faite, le salaire acquis mais le retrait du diplôme s’effectuera que sur place, ne rentreront-ils pas pour servir leur pays? Posons-nous donc les bonnes questions et trouvons les solutions aux problèmes pertinents liés à l’avenir prospère de notre nation. LDBC: Concretement, vous proposez quoi? FK : Je pense en toute humilité que le benchmarking serait une bonne chose, pourvu qu’on le fasse bien et surtout qu’on prenne en compte nos réalités car les preuves empiriques de ce qui s’est fait ailleurs sont accessibles et pourraient servir à toutes fins utiles. Ce système permet de faciliter l’embauche des bonnes personnes, au bon moment et là où l’on en a besoin. L’une des solutions dont nous clamons aussi est l’autonomisation de la jeunesse par le biais de l’entrepreneuriat. Il faut aussi ajouter la notion du volontariat car le manque de confiance et de valorisation de notre capital humain juvénile ne permet pas à la jeunesse d’évoluer. Afin de pallier ce problème, il semble pertinent que le système éducatif soit mis à jour en menant une analyse cognitive du changement. J’aime dire : Manager c’est prévoir. LDBC : Avec la crise sanitaire actuelle couplée à la crise financière, vos idées paraissent-elles réalisables ? FK : Nous ne sommes pas sans savoir que le contexte économique délétère ne permet pas à l’État régalien de fonctionner comme il se doit. Nous assistons là à un choc démographique en sus de l’incrémentation des jeunes surdiplômés et sans emplois. Somme toute, il conviendrait que les décideurs redonnent aux ressources humaines leur place et ces dernières se doivent, à mon humble avis, d’être plus performantes au sein du secteur public afin de régler ce problème d’employabilité, en sus des analyses des économistes. Il y a malheureusement ceux qui ont dépassé l’âge mais demeurent actifs. LDBC : Un message à l’endroit des jeunes ? FK : Mon message pour mes homologues jeunes repose sur le fait que la politique n’est pas un moyen d’insertion socioprofessionnelle, un emploi ou une Fonction publique mais plutôt un moyen pour defendre ses convictions et servir les intérêts y relatives, ne nous ruons pas vers la politique pour en faire un métier. Propos recueillis par Rude Ngoma Légendes et crédits photo :Florian Koulimaya
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