Interview. Mody-Oury Barry : « Pour être entrepreneur, il faut avoir une attitude de gagnant »

Jeudi 22 Juin 2023 - 12:15

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Invité à animer un atelier, les 20 et 21 juin, en marge de la 8e session ordinaire de l’Artac, le président directeur général de TransNumerik, Mody-Oury Barry, a partagé l'expérience du parcours de sa start-up durant les cinq dernières années, son positionnement, sa croissance et les différents projets livrés pour servir de rôle modèle aux jeunes entrepreneurs. Dans cette interview exclusive avec Le Courrier de Kinshasa, il fait le point sur la première journée des travaux axés sur le «  Démarrage et gestion de la start-up ».

1 : Moby-Oury Barry animant l’atelier sur le « Démarrage et gestion de la start-up » (Adiac)Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Votre première venue à Kinshasa est l’occasion de partager votre expérience entrepreneuriale. Qu’y a-t- il à savoir sur vous  ?

Mody-Oury Barry (M-O.B.) : Je suis Mody-Oury Barry, de nationalité canadienne. Originaire de la Guinée, je vis à Montréal. J’ai eu la fibre entrepreneuriale après avoir atteint le plafond de verre dans une entreprise locale. J’avais le choix entre m’apitoyer sur mon propre sort ou partir en entrepreneuriat en Afrique. Je suis content aujourd’hui d’avoir fait le saut car TransNumerik est une référence au niveau des partenaires Microsoft de la sous-région. Nous avons des clients de grande envergure et nous continuons à bâtir de plus en plus. Présentement, je suis en train de combler dix postes au niveau de mes effectifs et j’ai des partenaires stratégiques bien établis, notamment London stock exchange présent dans soixante pays. Je dis donc, Dieu merci pour ce parcours.

L.C.K. : Qu’est-ce qui vous a conduit à participer aux travaux organisés en marge de la 8e session ordinaire de la Conférence des régulateurs de l’Afrique centrale ?

M-O.B. : Au regard des performances de TransNumerik, le président en exercice de l’Assemblée des régulateurs des télécommunications de l’Afrique centrale (Artac), Louis-Marc Sakala, a voulu que je participe pour partager mon expérience. Mon parcours avec les membres de mon équipe durant les cinq dernières années, le positionnement de l’entreprise, sa croissance et les différents projets que nous avons livrés. Une façon de montrer aux jeunes que les Africains sont capables de réussir, un role model dont l’expérience parle aux startupers. Une personne de même couleur qui est passée par les mêmes difficultés car même si je vis au Canada, je travaille en Afrique. J’en vis les réalités au quotidien.  

L.C.K. : Pourriez-vous mieux nous présenter TransNumerik dont vous êtes le patron ?

M-O.B. : Je n’aime pas trop le mot patron (rires). Pour moi c’est patron versus leader. Un patron va dire à ses employés d’effectuer des tâches tandis qu’un leader se positionne en avant et va impulser les autres. Je préfère me positionner en tant que leader. TransNumerik a des filiales au Sénégal et en Côte d’Ivoire mais nous avons un bureau au Ghana. Nous avons des représentations au Gabon, au Cameroun et au Rwanda. Nous couvrons l’Afrique de l’Ouest où nous avons douze clients, et l’Afrique de l’Est. Nous pensons arriver aussi en en Afrique centrale. J’ai préféré me positionner là parce que c’est un Océan bleu, il y a beaucoup à faire. L’Afrique subsaharienne est malheureusement en retard dans sa transformation digitale.

L.C.K. : Que doit-on comprendre de la notion Océan bleu, quelle pensée véhicule-t-elle  ?

M-O.B. : La pensée derrière l’Ocean bleu, c’est un environnement où il y a peu de compétitions par opposition à un Océan rouge où la compétition existe, il faut pouvoir se battre pour trouver des clients. De l’autre côté, les clients sont là et en faisant preuve d’innovation, on peut les embarquer dans le voyage numérique. L’idée c’est de vraiment partir de la base, identifier leurs besoins et ensuite les accompagner en fonction de leurs moyens, puis en fonction de leur appétence pour la transformation digitale.Une vue des participants à l’atelier sur le « Démarrage et gestion de la start-up » (Adiac)

L.C.K. : Quel était le point central de votre communication de la première journée  ?

M-O.B. : L’essentiel de ma communication, c’était que l’entrepreneuriat n’est pas facile. Il demande une structuration, une volonté et un état d’âme ainsi que l’accompagnement des membres de sa famille, son conjoint ou sa conjointe. Car, un projet entrepreneurial est un projet familial, parce que de nombreux sacrifices sont encourus, surtout au début, de sorte que l’on a besoin de la cohésion, du support de la famille pour pouvoir y arriver. Puis, toute l’équipe est importante, l’accompagnement autant institutionnel que familial, les différentes phases de partenariat et son attitude personnelle. Pour être entrepreneur, il faut avoir une attitude de gagnant, relationnelle, une volonté ferme d’avoir un impact. Et souvent, l’argent est une conséquence. Si tu crois fermement en ce que tu veux faire et tiens à laisser un legacy, un héritage, cela va se transférer car tout le monde va te suivre pour y arriver. Certes, seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin.

L.C.K. : Sur quel sujet de l’atelier du jour avez-vous remarqué le plus d’intérêt de l’auditoire ?

M-O.B. : Son intérêt s’est situé à deux niveaux. Le premier était pour le cycle de vie de l’entreprise, d’une start-up. De l’idéation jusqu’à son deuxième anniversaire, les différentes phases de « business model canvas ». Le voir de manière structurelle a aidé au positionnement. Le second volet, qui a suscité moult échanges, était le financement. Le sujet était d’un intérêt capital, tout le monde y a beaucoup participé. Le Lean strat-up est un autre point qui a également capté l’attention. Comment ils peuvent rapidement créer de la valeur selon le process du build-measure-learn et si ils échouent, comment ils peuvent rapidement rebondir. La notion d’Océan bleu – Océan rouge, en terme de compétitivité, l’analyse concurrentielle et tout le travail de réflexion en coulisses pour remplir le « business model canvas » sont des éléments appréciés.

L.C.K. : Avez-vous apprécié votre auditoire, pensez-vous qu’il a aimé vous écouter  ?

M-O.B. : Je pense qu’il a aimé le sujet. J’ai vraiment senti de l’engagement du début à la fin de sorte que l’on a même un peu débordé vers la fin. Avec le tour de table, la satisfaction des participants était manifeste. Je pense avoir contribué aux objectifs de la première journée et cela me challenge pour la journée de demain.

L.C.K. : La réaction de l’auditoire vous aurait-elle aiguillonné, donné une idée plus claire sur votre communication la seconde journée  ?

M-O.B. : Oui !, pour la journée de demain, nous aborderons de manière concrète le processus de financement. Et, suite à une requête de participants à ce sujet, je vais montrer comment TransNumerik fonctionne en terme de management. J’ai également reçu une demande des régulateurs, quitte à savoir comment ils peuvent utiliser les start-up dans leurs contenus pour leur offrir un meilleur accompagnement.  

 

 

 

Propos recueillis par Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

1-Mody-Oury Barry animant l’atelier sur le « Démarrage et gestion de la start-up » /Adiac 2-Une vue des participants à l’atelier /Adiac

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