Interview. Pierre Claver Mabiala : « Le projet Raac veut sauver la création artistique en Afrique centrale »

Vendredi 23 Décembre 2022 - 11:58

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La circulation des produits artistiques en Afrique centrale est un casse-tête chinois. Le projet Route de l’artiste en Afrique centrale (Raac) a été créé pour résoudre tant soi peu ce problème en passant l’information aux artistes et les invitant à profiter des routes dans la sous-région pour diffuser leurs produits. Pierre Claver Mabiala, coordonnateur de ce projet, pense que les artistes doivent beaucoup circuler s’ils veulent vendre leurs produits et s’imprégner de la réglementation pour la maîtrise des textes. Interview.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Pourquoi une sensibilisation sur la cartographie des artistes et des circuits culturels en Afrique centrale ?

Pierre Claver Mabiala(P.C.M.) : C’est simplement parce que nous sommes des acteurs culturels et artistes. On diffuse très peu de produits culturels dans la sous-région d'Afrique centrale alors qu’on en crée de bonne qualité. Le billet avion coûte cher (…) Nous pensons qu’en incitant les artistes à faire la route, c’est en partie sauver la création artistique dans cette sous-région. Voilà pourquoi nous devons leur donner des informations afin de mieux les renseigner pour une meilleure circulation des produits, parce que l’on crée pour diffuser. Si l’on ne diffuse pas, ça ne sert pas de créer. Nous aurions donc levé un verrou en aidant les artistes et peut-être aussi à vivre de leur métier.

L.D.B.C. : Qu’est-ce qui, selon vous, constitue un obstacle à cette diffusion ?

P.C.M. : Je dirai qu’il y a le coût du billet de l’avion qui est très élevé; la précarité des équipes artistiques, le mauvais état des routes au départ. En Afrique de l’Ouest,  70% de diffusion des acteurs se font par route. Maintenant que les routes sont là, il faut donc donner l’information pour faire bouger les choses.

L.D.B.C : Beaucoup d’aspects sont à prendre en ligne de compte avant de parvenir à l’objectif que vous poursuivez, notamment les barrières au niveau des frontières et la corruption. Qu’est-ce qui peut bien expliquer cela ?

P.C.M : Je pense que même en Afrique de l’Ouest, il y a des barrières. Nous ne le disons pas pour le dire. Il y en a peut-être moins qu'en Afrique centrale et les montants que les policiers aux frontières demandent ne sont pas les mêmes. Les choses sont en train de s’installer sans doute et de se faire progressivement et ce que nous déplorons aujourd’hui va assurément se décompter demain. Mais il faut aussi reconnaître que contrairement à l’Afrique centrale, en Afrique de l’Ouest les gens circulent beaucoup.

L.D.B.C. : Quels sont les ministères concernés par cette situation pour résoudre ce problème ?  

P.C.M.: Il y a le ministère de la Culture et des Arts, parce que nous travaillons dans ce secteur, celui des Affaires étrangères et de l’Intégration régionale qui sont les ministères clés dans le cadre de la coopération et des échanges  entre les pays dans notre zone, où il y a tous les textes de collaboration et de coopération entre les acteurs culturels. Ce sont des éléments que nous devons avoir par devers nous. Toutes ces informations, si nous les avons, nous permettront d’affronter les policiers au niveau des frontières. Il faut aussi dire que le policier qui est à une frontière sait bel et bien que le citoyen qui circule ne connaît rien de la réglementation.

L.D.B.C. : Pour terminer…

P.C.M.: J’invite les acteurs culturels à se rapprocher du projet Raac qui a le suivi des structures de création, parce que l’on crée pour être diffusé, et si l’on ne peut pas diffuser autour de soi, c’est difficile. L'Afrique centrale, c’est un marché qui existe à travers les organisations et les festivals mais que nous avons du mal à explorer. Nous demandons aux gens qui ont des informations de les mettre à notre disposition car nous sommes en train de construire un mécanisme qui n’existe pas, et nous avons besoin de l’apport ainsi que de la contribution de tout le monde.     

Propos recueillis par Achille Tchikabaka

Légendes et crédits photo : 

Pierre Claver Mabiala

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