Interview. Pr Judith Nsondé Malanda : « Face au cancer, les armes les plus importantes sont les textes »

Vendredi 7 Octobre 2022 - 12:49

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Le mois d’octobre est consacré à la fois à la lutte contre le cancer du sein et à celle du col de l’utérus. Un mois au cours duquel sont organisées plusieurs activités de sensibilisation et de dépistage. Le Pr Judith Nsodé Malanda, médecin-cancérologue et directrice du Programme national de lutte contre le cancer (PNLC), évoque les moyens de lutte contre cette pandémie et les enjeux de cette célébration après un temps de répits dû à la covid-19. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Pouvez-vous nous parler du programme que vous dirigez ?

 Judith Nsondé Malanda ( J.N.M.) : La direction du Programme national de lutte contre le cancer est une sous-unité de l’unité de coordination des projets au sein du ministère de la Santé et de la Population. Au niveau des programmes, nous avons un coordonnateur qui travaille en collaboration avec nous et qui rend compte au ministre de tutelle.

L.D.B.C. : Quelles sont les armes à votre disposition pour lutter contre le cancer ?

J.N.M. : Dans la lutte contre le cancer, les armes les plus importantes sont les textes. C’est-à-dire, le Plan stratégique de lutte contre le cancer. Nous sommes là pour appliquer les politiques du gouvernement en matière de lutte contre cette maladie. Nous sommes en train de réfléchir tant soi peu sur comment améliorer la prise en charge des malades atteints du cancer, réduire également les risques qui font qu'une personne en bonne santé puisse également assurer la prévention pour éviter qu’elle ne tombe dans cette situation. Il y a donc des textes que nous avons pris et qui seront validés sous peu, et nous sommes en train de finaliser le travail là-dessus pour que le malade et la personne en bonne santé sachent comment se comporter et où aller pour faire un dépistage ou pour se faire prendre en charge. Il faut aussi faire que la prise en charge soit à la portée de tous.

L.D.B.C.: Peut-on guérir du cancer ?

J.N.M. : Je dis oui, on peut guérir du cancer. La particularité c’est que nous qui sommes en bonne santé, nous devons être attentifs sur les signes de telle sorte qu’à un certain âge, que nous intégrons dans notre mode de vie un dépistage face à cette maladie qui est le cancer. Dès que la maladie commence, le mieux est d'aller se faire consulter.

L.D.B.C.: Quels sont ces signes alors ?

J.N.M.: Cela dépend des signes, selon qu’on est enfant,  adulte. Il y a ce qu’on appelle les indices. Les sept lettres du mot indices sont connues et sont significatives. La lettre I, par exemple, c’est induration. La lettre N, un nodule qui est une boule qui apparaît et qu’il ne faut jamais banaliser surtout quand elle prend du volume et qu’elle commence à saigner. Il faut faire attention. La lettre D, c’est un dysfonctionnement qui peut apparaître. C’est le cas d’une personne qui a des difficultés à respirer, à aller faire des selles, à manger ou à avaler… Il y a également le cas des cicatrices. La lettre C, c’est lorsqu’il y a une plaie qui ne se cicatrise pas, entre 10 et 20 ans, elle peut se transformer en cancer. La lettre E, c’est un enrouement de la voix qui s’éternise et la lettre S, c’est le saignement anormal. Un saignement chez la femme ménopausée doit attirer l’attention…

L.D.B.C.: Nous sommes en octobre qui est le mois de lutte contre le cancer chez la femme. Comment est-ce que vous vous organisez ?

J.N.M.: Octobre rose c’est le mois de sensibilisation, on intensifie le dépistage et on apprend à la personne de s’auto-examiner pour savoir s’il n’y a pas d’anomalie. On sensibilise davantage contre le cancer du sein et du col de l’utérus. Nous organisons les activités de dépistage dans les centres de santé. Le souhait est que les choses se fassent sur toute l’étendue de la République, puisqu’il s’agit d’un programme national.

L.D.B.C.: Il n’y pas que les femmes qui souffrent du cancer du sein, car les hommes aussi en souffrent. Pouvez-vous nous en dire un mot ?

J.N.M.: Le cancer chez l’homme est à 1 ou 2% de cas qui apparaissent. C’est vrai que la glande mamelle  n’est pas assez développée que chez la femme. Vous avez des facteurs de risque que peut présenter tel ou tel individu ; donc présenter les mêmes manifestations que chez la femme. Seulement, pour ce qui est du traitement, il n’y a pas de différence. Mais la vérité c’est que le cancer du sein existe chez l’homme. C’est une réalité. 

Propos recueillis par Christ Boka

Légendes et crédits photo : 

Pr Judith Nsondé Malanda

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