Interview: Prince Bafouolo: " L’art revêt une importance capitale"

Lundi 29 Mai 2023 - 16:30

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Prince Bafouolo est journaliste fondateur d’hémicycles d’Afrique, chroniqueur chez Radio France internationale. Dans cette interview accordée aux Dépêches de Brazzaville, il estime que les artistes devraient jouer leur partition dans l’avènement d’une Afrique nouvelle, en servant des produits de qualité  au public.

Les Dépêches de Brazzaville ( L.D.B.) : Pensez-vous que la musique peut changer les paradigmes en Afrique ?

Prince Bafouolo (P.B.) : J’aimerais, à l’occasion, faire remarquer que le panafricanisme culturel est déjà effectif, là où le panafricanisme politique végète. Le Festival panafricain de musique (Fespam), qui va réunir toute l’Afrique à Brazzaville courant juillet 2023, en est l’exemple.

Oui, nos artistes réussissent le pari alors que nos hommes politiques peinent à aller de l’avant. Nos artistes parviennent à faire passer des messages tandis que les hommes politiques deviennent de plus en plus inaudibles, face à une jeunesse en quête de changement.

C’est dire combien l’art revêt une importance capitale. C’est dire aussi combien nos artistes doivent prendre conscience de la responsabilité sociétale qui est la leur. Cette prise de conscience passe notamment par la qualité de leurs textes.

L.D.B. : Quelle est le bilan d’étape de l’Afrique musicalement parlant ?

P.B. : L’Afrique est à la croisée des chemins. Sur notre continent, beaucoup de choses restent à faire. Pour le construire significativement, l’émergence d’une génération consciente s’impose.

Musicalement, elle est déjà là. Je pense aux Congolais (RD Congo) Alesh, Prix Découverte RFI 2021, et au groupe MPR. Sans agressivité, leur manière de peindre la société et d’inviter à plus de responsabilité force mon admiration.

Je pense à la Brazzavilloise Mariusca La slameuse, dont un texte a été repris par la secrétaire générale de la francophonie, Louise Mushikiwabo, lors d’un discours officiel.

Comment ne pas citer les figures du slam et du rap béninois comme Sergent Marcus et Gopal dont les textes convoquent souvent notre histoire et nous interpellent pour construire un monde plus juste ? Je n’oublie pas certains artistes moins engagés, mais dont les chansons font honneur à nos rythmes ancestraux, valorisent nos cultures et perpétuent nos traditions.

Le titre "Bokoko" de l’artiste Roga Roga, qui a fait le tour du monde, battant les records de vues sur Youtube, reste le plus marquant en ce moment. Sur ce registre, difficile de ne pas penser au jeune Sidiki Diabaté qui met en valeur la Kora, cet instrument de musique tant chéri par nos aïeux.

L.D.B. : Comment définir le rôle des musiciens africains ?

P.B. : Dans le chantier pour la construction de notre Afrique, les musiciens ont un rôle prépondérant à jouer. Aussi bien dans le combat pour la sauvegarde de nos traditions que dans l’éveil des consciences et la conscientisation des masses. Que ceux qui ne l’ont pas encore compris se mettent au pas.

Les artistes devraient jouer leur partition dans l’avènement d’une Afrique nouvelle. Ils doivent faire leur part : nous servir des produits de qualité qui parlent à notre âme et nous construisent.

Les dirigeants devraient faire la leur : promouvoir la culture et accompagner nos musiciens. Parce que la musique peut changer les paradigmes.

Verbatim: Dans le chantier pour la construction de notre Afrique, les musiciens ont un rôle prépondérant à jouer.

Propos recueillis par Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Le Ponténégrin Prince Bafouolo, écrivain, journaliste et chroniqueur sur RFI /DR

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