Interview. Sadate Girest Manzekele Bokenga : « Avec la dématérialisation des opérations, nous entendons mettre de l’ordre dans les transports terrestres »

Samedi 10 Juin 2023 - 16:49

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La Direction générale des transports terrestres (DGTT), en partenariat avec la Direction générale des recettes et services du portefeuille (DGRSP) et l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques (ARPCE), vient de mettre en place une plateforme pour le paiement dématérialisé des taxes et autres redevances que lui a confiées le législateur. Une campagne de recensement des personnes physiques ou morales propriétaires de véhicule et autres acteurs des activités connexes aux transports terrestres a été lancée, le 5 juin dernier, à Brazzaville, et se terminera le 4 août prochain. Sadate Girest Manzekele Bokenga, le directeur général des transports terrestres, revient sur les enjeux de ce processus. interview.

Les Dépêches de Brazzaville (L.D.B.). Monsieur le directeur général, qu’entend faire la DGTT à travers cette plateforme de dématérialisation des paiements de ses redevances ?

Sadate Girest Manzekele Bokenga (S.G.M.B.): La DGTT est l’instance régulatrice des transports terrestres qui a pour, entre autres, missions de concevoir et proposer la réglementation en matière de circulation, de conduite des véhicules et d'exercice des professions relatives aux transports terrestres. Avec cette nouvelle plateforme mise en place, la DGTT entend apporter du changement dans l’offre des services auprès des usagers, notamment toute personne morale ou physique propriétaire de véhicule ou exerçant une activité connexe au transport terrestre, à l’instar des garages, parkings de lavage autos, concessionnaires et autres. La campagne lancée à Brazzaville s’étendra sur Pointe-Noire, du 12 juin au 11 août, et sur Ouesso, du 27 juin au 26 août.

L.D.B. : Pourquoi ce projet est-il ambitieux pour votre institution et que peuvent s’attendre l’Etat et les différents usagers à travers ce processus ?

S.G.M.B. : La mise en place de cette plateforme de paiement dématérialisé est un projet important pour le contrôleur des transports terrestres, qui a inscrit la dématérialisation des paiements dans un programme à court, moyen et long terme et dont les objectifs sont à la fois sécuritaires, économiques et sociaux.

Il s’agit, entre autres, de renforcer la conformité et la fiabilité des documents de bord exigés aux usagers dans le cadre des différents contrôles, tout en soulignant que cette dématérialisation réduit plusieurs risques qui s’étendent de la perte des souches desdits documents à la fraude documentaire.

L.D.B. Dans le cadre de ce projet, quels sont alors les risques qui entourent la non-conformité des documents de bord comme la carte grise, le permis de conduire et bien d’autres ?

S.G.M.B. :  Très belle question ! Cela constitue à la fois une perte des ressources pour l'État et une insécurité pour l'usager qui, en fin de compte, croit avoir un document conforme et reconnu alors qu'en réalité, ledit document n’a aucune base. Dès lors que vous avez un document à l’instar de la carte grise qui est faux, cela annule votre assurance, votre contrôle technique ainsi que l'ensemble des taxes liées au véhicule. Il en est de même pour le permis de conduire ; dès l'instant que votre permis de conduire est faux, en cas de sinistre, l'assurance ne peut pas s'engager. A travers ce projet de dématérialisation des paiements, la DGTT entend apporter sa contribution dans le combat que mène le gouvernement contre la vie chère. Il n’est un secret pour personne, les coûts des transports, notamment des marchandises, accentués par certains contrôles de police, ont un fort impact sur le panier de la ménagère.

L.D.B.: Vous voulez dire que ce processus de dématérialisation, grâce aux technologies numériques, va réduire la présence de la police routière sur le terrain ? Comment va-t-il diminuer  les coûts liés aux transports ?

S.G.M.B. :  Nous estimons que, une fois les infractions de la route dématérialisées et renseignées dans la plateforme, cette nouvelle approche de paiement des taxes et redevance permettra, in fine, de réduire les coûts liés aux transports en ce sens que les transporteurs en défaut de pièces de bord n’auront plus à proposer des enveloppes aux agents de la police routière. En cas d’infraction ou manquement avéré au Code de la route, le propriétaire du véhicule recevra une notification par SMS grâce au numéro qu’il aura communiqué pendant son recensement.  À long terme, la DGTT vise la vidéo-verbalisation dans les transports. Il s’agit d’un mode de surveillance ayant pour base les technologies numériques qui permet de définir, au moyen de radars et de capteurs d’informations, via une simple plaque d’immatriculation, les infractions au manquement au Code de la route, pour ensuite établir une sanction y relative. D’où l’intérêt pour la DGTT de disposer d’une base de données de l’ensemble des propriétaires de véhicule et autres acteurs des activités connexes aux transports terrestres.  La vidéo-verbalisation va réduire la présence des agents de la police routière sur le terrain pour leur mission de contrôle, étant donné que tout se déroulera de manière électronique.

L.D.B. : Comment allez-vous interagir avec les services de polices dans ce cas-là ? Est-ce que le projet prévoit le partage des bases de données avec la police, mais aussi avec d’autres services concernés comme les assurances ?

S.G.M.B. : Oui bien sûr ! Les services de police disposeront des plateaux techniques qui les renseigneront, grâce à l’information captée par les radars disposés sur les routes, sur les véhicules qui sont en règle et ceux qui ne le sont pas. En cas d’infraction constatée, la fourrière est obligatoire. C’est pour cela que nous allons constituer une base de données des informations que nous sommes en train de collecter durant cette phase de recensement des personnes physiques ou morales propriétaires de véhicule, grâce à l’expertise de l’ARPCE. Toute personne ne s’étant pas recensée ne pourra réaliser aucune opération avec son véhicule. Pas de possibilité d’assurance, pas de possibilité de contrôle technique, etc. Il en est de même pour les acteurs des activités connexes aux transports terrestres. Les non recensés verront simplement leurs activités arrêtées.

L.D.B. : Récemment lors d’un échange avec le directeur général de l’ARPCE, dans le cadre d’un don d’ordinateurs pour ce programme, vous soulignez un autre aspect de ce projet, celui de pallier le vol de véhicule. Expliquez-nous.

S.G.M.B. : Il y a des garages qui se sont spécialisés dans la vente des pièces détachées. Bien souvent, ce sont des véhicules volés qu’ils dépiècent. De même, certains autres garages se sont spécialisés dans le remontage des véhicules. C’est ainsi qu’il est courant de voir le moteur d’un constructeur X placé dans la coque d’un constructeur Y. Donc, nous devons connaître l'origine de tout véhicule. Qui en est le vendeur ? Est-il reconnu comme tel dans notre base de données ? C’est nous qui immatriculons les véhicules. Le but est donc de réduire les risques d’immatriculation des véhicules volés. Nous entendons mettre de l’ordre dans les transports terrestres. Nous allons y arriver mais avec l’aide de tout le monde. Car chacun de nous est, à quelque niveau que ce soit, un usager des transports terrestres.

 

 

 

 

Propos recueillis par Quentin Loubou

Légendes et crédits photo : 

Sadate Girest Manzekele Bokenga / DR

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