La fête dans la diaspora

Vendredi 27 Décembre 2013 - 19:18

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En Italie, les communautés africaines se regroupent selon leurs origines géographiques pour célébrer les fêtes

C’est traditionnellement par regroupements linguistiques et géographiques que les étrangers, particulièrement les Africains, fêtent chaque année Noël et le Nouvel An dans la péninsule. Les regroupements ne sont pas discriminatoires : à chaque aire géographique correspond généralement une langue. Ainsi, les Nigérians, de loin les plus nombreux des immigrés africains, se réunissent entre eux. Mais chez eux, la langue n’est pas tout, car ils sont également les plus nombreux dans les temples et églises dites de réveil qui commencent à être en surnombre dans une ville aussi chargée de catholicité que l’est la capitale italienne.

Repas communautaires, bals géants, veillées de prières sont les activités les plus courantes parmi les étrangers d’Italie pendant les fêtes de fin d’année. Mais Venise, cette année, a tenté de briser le train-train et les habitudes en dressant en plein milieu de la ville un sapin de Noël appelé « Arbre des vœux des immigrés ». Venise, qui est une ville cosmopolite depuis toujours, point de croisement des cultures et des races, a eu cette idée après le naufrage de plus de 260 immigrés, à Lampedusa, en Sicile.

L’arbre des vœux a accueilli des textes exprimant les desiderata des étrangers, des plus sérieux aux plus loufoques ou aléatoires. « Je voudrais épouser Gloria », proclame un message. « Je cherche du travail comme maçon » ; « Donnez-moi Internet, je veux parler à ma famille », proclame un désespéré. Mais que dire de celui qui affiche : « Aidez-moi à rentrer au Maroc » ? Ou de celui dont le vœu est : « Que la commission des recours m’accorde mon statut de réfugié politique » ? Ou de celui qui proclame qu’il veut être apprenti pâtissier, ou : « Je ne veux plus être seulement un nombre » ?

Mais, au fait… « Joyeux Noël » ou « Bonnes fêtes » ? La fête immigrée se décline-t-elle au religieux ou au profane ? La question est loin d’être anecdotique, car dans un pays où la pratique religieuse est en recul, il s’est trouvé, à Milan, des Italiens pour condamner le sapin dans une école « pour ne pas heurter le sentiment religieux des petits enfants immigrés » ! Réaction d’un collectif de parents musulmans : « Pour nous, Noël, ce sont les chants, les cadeaux et les sapins. Les enlever c’est dénaturer une fête qui parle à tous. » Et toc !

Lucien Mpama