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Le golfe de Guinée, cible et enjeu stratégique

Dimanche 21 Février 2021 - 16:41

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Chaque jour qui passe confirme que la communauté internationale dans son ensemble, et pas seulement la communauté africaine, prend la juste mesure de la position stratégique qu’occupe le golfe de Guinée à la jonction des deux hémisphères du globe terrestre. En témoignent les rapports d’experts qui se multiplient au fil des mois et précisent l’enjeu que constitue ce point de passage obligé pour la dizaine de pays du continent dont le territoire borde cet immense espace maritime, mais aussi pour les nations des cinq continents dont les navires empruntent régulièrement cette voie de passage qui est l’une des plus importantes de la planète.

 

S’ils dénoncent à juste raison la menace croissante que font peser sur le commerce mondial les actions des pirates qui attaquent de plus en plus souvent les bateaux afin d’en piller le contenu ou  de prendre leurs marins en otages, les observateurs de cette partie du monde soulignent aussi le fait que la sécurité du golfe de Guinée devient un enjeu majeur pour l’Afrique centrale, pour le Bassin du Congo, mais également pour l’Afrique occidentale et pour l’Afrique australe dont une bonne partie du commerce, des échanges avec les autres continents transite par cette voie maritime. Avec, en arrière-plan de ces analyses, la question essentielle de la sécurité, de la protection des équipages, de la lutte contre la piraterie, du développement des ports petits et grands qui jalonnent cet immense espace, bref du développement présent et à venir d’une zone géographique où vivent des centaines de millions d’êtres humains.

 

Ce qui apparait clairement au terme de l’examen attentif des rapports et des études dont il est ici question, c’est bien le fait que le golfe de Guinée n’est pas défendu, protégé comme il devrait l’être logiquement en raison de la position stratégique qu’il occupe sur la scène géopolitique. Ceci, d’abord, parce que les pays de cette région du continent africain ne s’accordent pas réellement, efficacement pour la protéger ; ensuite, parce que la communauté internationale n’a pas encore pris la juste mesure de l’enjeu que constitue la sécurisation du golfe de Guinée : enfin, parce que l’attention des observateurs de la scène stratégique africaine est centrée aujourd’hui sur la zone du Sahel et du Sahara où se livre une bataille historique contre l’extrémisme et non sur le golfe de Guinée dont l’importance stratégique est pourtant  beaucoup plus grande.

 

A ce niveau de raisonnement une évidence s’impose : les grands ports de cette partie de l’Océan Atlantique vont devoir s’organiser, se structurer, mieux s’équiper afin de permettre aux forces navales des pays concernés de la protéger plus efficacement contre les menaces dont elle est l’objet. Une évidence qui concerne très directement le Congo car le port de Pointe-Noire sera certainement demain l’un des pivots, sinon même « le » pivot du système de défense qui protègera le golfe de Guinée.

 

Soit dit, ou plutôt écrit, en conclusion de cette réflexion, tel est bien le message que Denis Sassou N’Guesso a adressé ce week-end non seulement à ses pairs africains, mais également aux dirigeants du monde entier lors de son séjour dans la ville océane.

Jean-Paul Pigasse

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Édition Quotidienne (DB)

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