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Le risque écologique soutenable : vers une valeur durable ?Mercredi 30 Novembre 2022 - 10:56 La crise écologique liée au réchauffement climatique, à la destruction de la biodiversité et à la désertification qui menace la survie de l’humanité a été au cœur de la COP 27. En cause, les limites des mesures d’adaptation, d’atténuation et mixtes qui exigent plus que jamais, la maîtrise du risque écologique soutenable (RES), défini comme le coût de la pression que les agents économiques exercent sur leur environnement pour créer de la valeur durable. La biocapacité (offre) et l’empreinte écologique (demande) en sont les variables déterminantes. La première mesure les ressources en surfaces terrestres bioproductives ou hectares globaux (hag) consommés pour produire les biens et services et absorber les déchets. La seconde comptabilise, par la méthode cadastrale, le coût des émissions des kilogrammes de dioxyde de carbone (CO2), produites directement et indirectement sur un territoire. Elle multiplie la population par la consommation par habitant et par l’intensité en ressources et en déchets. Les données de Global Footprint Network (2022) sur 188 pays entre 1961 et 2021 montrent que l’empreinte écologique mondiale est en nette évolution en passant de 2,28 hag ou 7 Mds $ en 1961 à 2,7 hag ou 10,3 Mds $ en 1971 et à 2,8 hag ou 22,3 Mds $ en 2021. Dans le même temps, la biocapacité mondiale a fortement diminué, en passant respectivement de 3,15 à 2,7 et à 1,6 hag. L’écart entre la biocapacité et l’empreinte écologique montre que l’humanité, après avoir bénéficié de 0,87 hag en 1961 avec un produit intérieur brut (PIB)/habitant de 471,54$, a épuisé ses ressources écologiques en 1971 pour être en déficit chronique insoutenable, en passant de 0,13 hag en 1972 à 1,2 hag en 2021 pour respectivement 944,69$ et 12 262, 93$ de PIB/habitant. Le RES est le rapport entre le nombre de jours d’épuisement de ressources (JE) et le budget consommé (BC) en jours durant une année. Le BC s’obtient en divisant la biocapacité par l’empreinte écologique et en multipliant le tout par 365 jours. Depuis 1972, le BC du monde est passé de 1 planète, le 29 décembre 1970, à 1,7 planète le 22 août 2020 contre 1,6 planète, le 29 juillet 2021. Le recul de 3,29 semaines en 2021 par rapport à 2020 s’explique par la pandémie de la covid-19 et les mesures prises en conséquence. Quant au JE, c’est la différence entre les 365 jours d’une année civile et le BC. Au niveau mondial, le JE est passé de 2 jours en 1971 à 131 jours en 2021. Or, le RES n’est créateur de valeur durable que lorsqu’il est inférieur ou égal à 0,30 car, à ce niveau, le dépassement du budget des ressources naturelles renouvelables est résilient. Au-delà de ce seuil, le risque n’est pas soutenable. Un RES négatif indique une réserve des ressources naturelles renouvelables. Le RES optimal a été atteint en 1994 avec un déficit de 84 jours, inférieur au tiers du budget des ressources naturelles (281 jours) et égal à 0,298, environ 0,30 pour 4957,64$ de PIB/habitant. Depuis lors, toutes les régions du monde sont en situation déficitaire, sauf les pays d’Europe hors Union européenne qui sont en situation créditrice avec -0,12 en 2021 contre -0,40 en 2007. L’Afrique est la seule région qui a atteint un RES de 0,27 en 2021 contre -0,22 en 2007. La part des pays ayant des réserves diminue en passant de 36,17% du total des pays étudiés en 2013 à 27,87% en 2021. La part pays vivant à crédit est en augmentation, en passant de 63,83% en 2013 à 72, 13% en 2021. Parmi eux, ceux ayant réduit faiblement leur RES sont passés de 22% en 2013 à 14,29% en 2021 ; alors que 4,27% en 2021 contre 2,99% en 2013 ont basculé dans le groupe des pays dont la surexploitation des ressources naturelles renouvelables est devenue irréversible (Bangladesh, Gambie, Kenya, Népal, Bénin et Burundi). Les pays qui ont résorbé totalement leur déficit écologique (Botswana, Éthiopie, Géorgie, Pakistan, Ukraine, Danemark, Chili et Venezuela) ne représentent que 10,02% en 2021 contre 11,94% en 2013. Ceux ayant une surexploitation irréversible des ressources écologiques est quasiment stable, en passant de 85% en 2013 à 85,71% en 2021. Ce sont essentiellement les anciens pays industrialisés d’Europe, d’Amérique et d’Asie. Ainsi, le RES n’est substantiel à la création de la valeur durable que s’il est conjoncturel. Il est contre-productif lorsqu’il est structurel. Dans ce dernier cas, la reconstitution des stocks de ressources renouvelables nécessite le rétablissement de la sobriété environnementale par des procédés bioénergétiques artificiels que par les limites des mesures d’adaptation, d’atténuation et mixtes. Emmanuel Okamba,maître de conférences HDR en sciences de gestio Edition:Édition Quotidienne (DB) Notification:Non |