Léandre Baker, un réalisateur congolais confirmé

Vendredi 21 Mars 2014 - 16:34

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Entré dans le cinéma il y a une vingtaine d’années avec son premier court métrage Un pygmée dans la baignoire, le Congolais Léandre Baker a fait ses preuves. Affichant souvent un air sévère, déterminé dans ce qu’il fait, il a également signé deux films documentaires portant sur la vie de Sony Labou Tansi, Diogène à Brazzaville, et de Tchicaya U’Tamsi, Tchicaya, la petite feuille qui chante son pays. Ramata, son premier long métrage dont le personnage principal est le top model Katoucha Niane, a remporté un énorme succès

Avant le cinéma, Léandre Baker a animé le théâtre de l’Éclair, qu’il a co-fondé à Brazzaville avec l’écrivain Emmanuel Dongala. C’est en France qu’il s’est mis à l’écriture dramaturgique puis au cinéma.

« J'ai toujours été passionné par le cinéma. Et puis, je pense que le cinéma, contrairement à la littérature, est un art qui permet d'atteindre le plus grand nombre. Surtout dans nos pays où l'accès à la lecture n'est pas aisé pour tout le monde », aime-t-il souvent dire.

Avec quatre courts métrages et deux documentaires à son actif, il a signé, il y a trois ans, Ramata, son premier long métrage, qui a remporté un énorme succès avec le top model Katoucha dans le rôle principal. Il a également co-écrit des scénarios pour d'autres réalisateurs et des pièces de théâtre, car il reste très attaché à l'art théâtral. Ramata est un bel hommage rendu au top model franco-guinéen que le réalisateur congolais connaissait peu. La singularité du personnage décrit dans le roman d'Abasse Ndione, dont le film s'inspire, a été un plus dans le choix de cette histoire.

« Elle nous a malheureusement quittés quelques semaines après le tournage et n'a pu donc voir son travail à l'écran. Comme elle doutait beaucoup d'elle, je pense que son interprétation l'aurait confortée dans l'idée de continuer dans cette voie. »

Léandre Baker a aussi fait un travail de mémoire en réalisant les deux documentaires sur Sony Labou Tansi et Tchicaya U’tamsi. En l’absence d’archives filmées sur ces deux illustres personnalités qui ont marqué la dramaturgie congolaise, il a recueilli, pour le premier, des témoignages d’amis et parents et, pour le second, il a utilisé les images sonores d’une longue interview que Tchicaya U’Tamsi avait accordée à Radio France, dans laquelle il retraçait son parcours, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte.

« J'aimerais bien en faire d'autres... Par exemple, sur Henri Lopes, Emmanuel Dongala, etc., et sur des grands noms de la musique ou de la peinture. Je connaissais un peu les deux et, à leur disparition, je me suis aperçu qu’à part leurs œuvres et quelques travaux universitaires, il n’y avait pas de traces d’eux, pas assez d’archives. Pour moi, c’était une façon de pallier ce manque. Les faire découvrir ou redécouvrir par des témoignages de ceux qui les ont bien connus, c’est en somme un travail pour la mémoire », explique-t-il.

Actuellement, le réalisateur congolais termine un film documentaire, Les fiancés d’Imilchil, qui a été tourné dans l’Atlas marocain. Ensuite, il partira au mois de mai au Rwanda finir le tournage d’un portrait d’une femme rescapée du génocide rwandais de 1994, qu’il avait commencé à réaliser en 2007. Il est aussi co-scénariste de Dakar trottoir, un long métrage sénégalais.

Hermione Désirée Ngoma

Légendes et crédits photo : 

(© DR)