Les immortelles chansons d’Afrique : « La mort n’a pas les yeux » de Lussialala de la poussière

Vendredi 10 Mars 2023 - 12:09

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Lussialala de la poussière s'est servi des ailes du "ngofi" pour voyager à travers le monde. Figure tutélaire de la musique traditionnelle congolaise, il est auteur de la chanson « La mort n’a pas les yeux ».

Titre phare de l’album solo de l’artiste, « La mort n’a pas les yeux » a vu le jour en 1986 sous la bannière du label « Editions fétiche ». Ce microsillon de six titres, paru en format 33 tours dont la référence est EF 8601, a connu un énorme succès. Il a été enregistré à l’Industrie africaine du disque de Brazzaville et Martin Bakala en a assuré la prise de son ainsi que le mixage.

A travers ce titre, Lussialala commence par indexer les orgueilleux qui pensent qu’ils sont plus importants que les autres. Il leur ramène à la raison en leur rappelant que la mort ne favorise pas les nantis, elle les frappe au même titre que les démunis. Aussi invite-t-il toutes les classes sociales à faire preuve d’humilité. Dans un français comique et sur fond des vibrations des cordes du "ngofi", instrument de musique traditionnelle comparable au luth,  Lussialala dit des vérités.

Après avoir fustigé les arrogants, De la poussière pose la question de savoir si la mort avait les yeux. Ensuite, partant d’un constat, il utilise l’expression « Y’en a qui dit », c'est-à-dire « il y en a qui disent » avant de contredire cette thèse. « Y en a qui dit, écoute un tel est hospitalisé et qu’il est sorti de l’hôpital. Mais il y a plusieurs façons de sortir à l’hôpital, on est à l’hôpital, on est guéri, on sort de l’hôpital ; on est malade, on doit mourir à l’hôpital, on sort aussi de l’hôpital. Il faut savoir poser les questions, vous parlez de n’importe quoi ». En guise de conclusion, le chanteur dira : « Avec la mort, il n’y a pas de raison à donner ».

Né en 1941 à Myamba-Mouyondzi, dans le département de la Bouenza, en République du Congo, Albert Nkibi dit Lussialala de la poussière fut un talentueux griot-conteur et instrumentiste. Il s’est lancé très tôt dans la musique traditionnelle en commençant par le "lokole", ensuite par le tambour avant de s’affirmer comme virtuose du "ngofi". En 1972, il  enregistre « Ah Lussiala », un succès fulgurant qui lui ouvre les portes de la notoriété. Dès lors, il sillonne plusieurs pays, notamment l’URSS en 1974, le Nigeria en 1977, l’Angola en 1978, l’Algérie et les Etats-Unis en 1983, le Brésil en 1984, etc. Il est également membre fondateur du groupe Balka sound avec lequel il enregistre l’album « Tu kine balka » en 1982, sous le label « Le kiosque d’Orphée », un disque 33 tours référencé KO /821002. Et  en 1984, l’album « Biassala », paru grâce au label Afia, en format 33 tours référencé AP 038. Lussialala a également fait partie du collectif Ngavuka.   

Frédéric Mafina

Légendes et crédits photo : 

L'album

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