Littérature : "Le rêve du pêcheur" remporte le prix des cinq continents de la Francophonie

Jeudi 11 Décembre 2025 - 16:43

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L’association Culture Elongo, en partenariat avec la librairie Les manguiers des Dépêches de Brazzaville, a organisé en différé  une rencontre littéraire sur  l'ouvrage "Le rêve du pêcheur" de la Camerounaise Hemley Boum. Une manière de lui rendre hommage  pour avoir remporté le prix des cinq continents de la Francophonie en mars 2025, 

Plusieurs communications ont été prononcées au cours de cette rencontre, parmi lesquelles celles du Dr Ulrich Bakoumissa Ngouani, qui a fait un bref aperçu sur l'ouvrage, Le rêve du pêcheur, une écriture de filiation pour une poétique de la réconciliation culturelle. Pour le Dr Ulrich Bakoumissa Ngouani, le prétexte commence à se dessiner devant cette épreuve solennelle ou cet océan de signes où la légitimité de prendre la parole devient un contrat de décryptage d’une production littéraire immense et exceptionnelle, couronné par de nombreux prix prestigieux, à savoir prix littéraire des sciences Po, prix Louis-Guilloux 2024, Grand prix Afrique 2025 et prix des cinq continents de la Francophonie 2025, un prix littéraire si prestigieux. L’auteure camerounaise n’est pas à son premier livre ayant bouleversé le monde de la littérature, elle en a écrit plusieurs dont Le rêve du pêcheur qui est son cinquième roman. Publié en janvier 2024 aux éditions Gallimard (France), il contient  352 pages.  

Avec ces deux histoires savamment entrelacées, Hemley Boum signe une fresque puissante et lumineuse qui éclaire à la fois les replis de la conscience et les mystères de la transmission. D’autre part, il pose tout un ensemble de questions passionnantes et troublantes : jusqu’à quel point l’éloignement géographique permet-il de s’éloigner des failles familiales ? Et que laisse-t-on derrière soi lorsqu’on fuit ? Que deviennent les vies que nous n’avons pas vécues, les lieux désertés, les héritages suspendus ? L’exil efface-t-il la culpabilité ? Peut-on transmettre ce que l’on n’a jamais dit ? Que fait le silence à ceux qui le reçoivent ? telles sont les interrogations essentielles qui traversent cette œuvre. Et pourtant, malgré l’exil, malgré la distance, la transmission intergénérationnelle n'est jamais totalement rompue. Elle n’est pas toujours consciente, ni voulue, mais elle demeure, vivante, vibrante, en filigrane, dans les gestes, les rêves, les silences, les désirs… « Lui était le champion olympique des déserteurs de lieux, de vies. Il savait tout ce quil y avait à savoir sur les disparitions : il avait même développé la compétence rare dêtre là sans vraiment lêtre, de se porter disparu de soi-même », a-t-il dit.

Le rêve du pêcheur est un roman introspectif et profondément humain

Pour mettre en scène ce questionnement, l’auteure entrelace deux récits à la temporalité différente : celui de Zack, alias Zachary, homme d’aujourd’hui installé en France ; et celui de Zacharias, son grand-père pêcheur dans un village côtier du Cameroun... L’auteure indique que Zack a fui le Cameroun à dix-huit ans, abandonnant sa mère, Dorothée, à son sort et à ses secrets. Devenu psychologue clinicien à Paris, marié et père de famille, il est rattrapé par le passé alors que la vie qu’il s’est construite prend l’eau de toutes parts... A quelques décennies de là, son grand-père Zacharias, pêcheur dans un petit village côtier, voit son mode de vie traditionnel bouleversé par une importante compagnie forestière. Il rêve d’un autre avenir pour les siens... Avec ces deux histoires savamment entrelacées, Hemley Boum signe une fresque puissante et lumineuse qui éclaire à la fois les replis de la conscience et les mystères de la transmission.

En conclusion, le Dr Ulrich Bakoumissa Ngouani, souligne que Le rêve du pêcheur est un roman introspectif et profondément humain, peuplé de personnages complexes, traversé par une tension entre mémoire et oubli, entre départ et fidélité aux origines. «Dans l’avion qui me menait au loin, j’ai eu le sentiment de respirer à pleins poumons pour la première fois de ma vie et j’en ai pleuré de soulagement. On peut mourir de mille morts, un peu à la fois, à essayer de sauver malgré lui l’être aimé. J’avais offert à Dorothée mon corps en bouclier, mon silence complice, le souffle attentif de mes nuits d’enfant et en grandissant l’argent que me rapportaient mes larcins, sans parvenir à l’arrimer à la vie. Je pensais ne jamais la quitter mais lorsque les événements m’y contraignirent, j’hésitai à peine. C’était elle ou moi », écrit l’auteure. Hemley Boum, d’origine camerounaise, vit en région parisienne. Elle a reçu plusieurs prix littéraires, notamment le prix Ahmadou Kourouma pour Les jours viennent et passent (Editions Galimard, 2019), traduit en plusieurs langues.

Bruno Zéphirin Okokana

Légendes et crédits photo : 

1-Le Pr Omer Massoumou parlant de l’œuvre/ Adiac 2-Une vue des écrivains/ Adiac

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