Lire ou relire : « Jazz et vin de palme » d’Emmanuel Boundzéki Dongala

Vendredi 26 Mars 2021 - 12:16

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Dans ce recueil de huit nouvelles publié aux éditions Hatier (Paris) en 1982, l’écrivain congolais fait une satire de la société de son temps en s’inspirant de quelques anecdotes burlesques.  

La première nouvelle est l’histoire d’un cadre du parti unique, moulé par le marxisme-léninisme. Promu après ses études supérieures en Union soviétique dans les grandes responsabilités du parti qui gouverne l’Etat, Kali Tchikati livre une bataille farouche contre les pratiquants du fétichisme et de la religion, considérés comme les propagateurs de l’obscurantisme qui retarde la société africaine. Malheureusement, il tombe sur son propre piège en acceptant un rite traditionnel qui lui assure la fécondité après avoir consulté vainement de grands médecins de son pays et d’ailleurs. Le bourreau d’hier devient lui-même victime de l’arme qu’il utilisait contre les autres.

« Une journée dans la vie d’Augustine Amaya », cette deuxième décrit l’infortune d’une vendeuse aux prises avec les tracasseries policières au port de Brazzaville. Ignorante de ses droits, certains policiers véreux lui ont fait perdre sa carte d’identité, l’empêchant par ailleurs d’aller acheter sa marchandise à Kinshasa. L’auteur met en relief ici le désordre et les travers qui règnent dans l’administration publique, où pour bénéficier d’un petit service on est parfois tenu de multiplier des tours.

Dans la même veine que la première nouvelle, la troisième est une mascarade de procès attenté contre le vieux Likibi, accusé d’avoir provoqué la sécheresse en arrêtant les pluies grâce à sa sorcellerie, alors que ceux qui le jugent sont bien conscients des ravages du réchauffement climatique. Or, la vraie cause de cette brimade, c’est d’avoir refusé de donner sa fille en mariage au chef du village.

La quatrième nouvelle est le récit de « l’homme », un personnage mystérieux recherché pour atteinte à la sûreté de l’Etat. A cause de lui, les sbires du président provoquent des razzias et des tueries à travers le pays. La population subit donc des crimes injustifiés sous un régime totalitaire où certains cadres, plus royalistes que le roi se permettent tout zèle contre la vie et la dignité de l’homme. C’est le même cas dans la cinquième nouvelle intitulée « La cérémonie ».

« Jazz et vin de palme », la sixième nouvelle, éponyme au recueil, et les deux derniers, ont pour cadre de vie les Etats-Unis d’Amérique où l’écrivain a séjourné pour ses études supérieures. Sa rencontre avec l’illustre saxophoniste John Coltrane a inspiré ses récits où se mêlent le tragique et la passion.

Né en 1941, Emmanuel Boundzéki Dongala est professeur en chimie. Romancier de renom, il est l’un des pionniers de la littérature congolaise. Son style s’apparente à celle de Makouta-Mboukou, Henri Lopes, ou Alain Mabanckou.  

Aubin Banzouzi

Légendes et crédits photo : 

Photo: Couverture de l'ouvrage

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