Livre : ‘‘Féminismes africains’’ de Rama Salla Dieng

Jeudi 25 Novembre 2021 - 18:45

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Dans son ouvrage, la Sénégalaise Rama Salla Dieng interroge les militantes africaines sur leur combat, leurs idées, leurs solutions aux problèmes les plus redoutables de la société tels que le racisme, la misogynie et montre courageusement la voix à suivre.      

Des militantes africaines se sont organisées face au recul des libertés et à la montée des fondamentalistes. Les femmes d’Afrique francophone, telles qu’elles sont décrites par Annette Joseph Gabriel, l’une des intervenantes, ont historiquement joué un rôle crucial dans la théorisation de la liberté et la lutte contre l’impérialisme, tant dans les postes administratifs que communautaires. Les femmes comme Aoua Keïta et Andrée Blouin sont des ‘‘protagonistes’’ de cette lutte. Elles étaient des actrices centrales dans l’histoire de la libération panafricaine au 20e siècle. Elles ont aussi fait la chronique de ces mouvements à travers leurs autobiographies. D’autres femmes comme Jeanne Martin Cissé et Annette Mbaye d’Erneveille ont mis en avant une politique centrée sur la femme dans leur travail politique et leur pratique littéraire.

Grâce à l’activisme politique, aux interventions sociales et aux productions littéraires, les femmes africaines francophones ont établi des réseaux au-delà des frontières de leurs pays. Après les indépendances, elles ont également veillé à ce que les nouveaux Etats honorent les demandes des droits accrus pour les femmes et filles. D’ailleurs, l’autobiographie d’Aoua Keïta ‘‘Femme d’Afrique et la vie d’Aoua Keïta’’, racontée par elle-même, est la première autobiographie écrite en France par une Africaine. L’œuvre a remporté un grand prix littéraire de l’Afrique noire, faisant de Keïta la première Africaine à recevoir cette prestigieuse récompense. Peu connue sur le continent et dans la diaspora, elle est considérée comme la première qui a ouvert la voix des écrivaines telles que Véronique Tadjo, Aminata Saw Fall, Calixthe Beyala, qui sont devenues les voix littéraires des générations suivantes. Au-delà de la sphère littéraire, l’activisme politique de ces aïeules se poursuit dans la forme d’une pensée et d’une organisation féministe dans de nombreuses formes ; universitaires, populaires, mouvements syndicaux, politiques, à travers le continent.

Par ailleurs, pour Mame Fatou-Niang, la situation des femmes sous le régime colonial, en particulier sous le code napoléonien français, a été marquée par une grande perte de pouvoir. Alors que les coutumes autochtones accordaient une place particulière aux femmes dans les sociétés précoloniales, la France a imposé une jurisprudence visant à imposer les normes sociales de la métropole. Dans ces conditions, ces femmes africaines se trouvaient à l’intersection de multiples marginalités, ce qui a conduit des femmes comme Jeanne Martin Cissé et Andrée Mbaye à se séparer de l’Union des femmes françaises pour créer l’Union des femmes sénégalaises, dont les actions étaient centrées autour de l’émancipation des femmes africaines francophones. C’est dans la même veine qu’a été créée l’UAW, connue sous le nom de la Panafricaine des femmes ou organisation des femmes panafricaines.

Cissé Dimi

Légendes et crédits photo : 

La couverture du livre/DR

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