Mali : les sanctions de la Cédéao vont-elles contraindre la junte à tenir les élections à la date prévue ?

Mardi 9 Novembre 2021 - 15:18

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Dans le cadre de l’application des mesures du sommet du 16 septembre à Accra, au Ghana, l’organisation régionale qui s’attend à ce que les militaires au pouvoir respectent strictement le calendrier de la transition devant déboucher sur le rétablissement d’un pouvoir civil vient de prendre des mesures pour hâter ce processus. Elle a imposé des sanctions individuelles aux membres de la junte, en raison du retard dans l’organisation des élections, mais la grande inconnue est que personne ne sait si cela va amener les nouvelles autorités à revenir sur leur décision.

Le gouvernement malien ne veut pas déroger à sa position : il n’entend pas organiser les élections présidentielle et législatives le 27 février 2022, comme initialement prévu. Il l’a ouvertement notifié à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) qui, elle, ne veut pas aussi faire marche arrière sur ses décisions prises précédemment contre la junte. L’organisation réitère la nécessité de maintenir cette date dont les militaires avaient eux-mêmes choisie. Et en attendant cette échéance, elle continue de faire pression sur le régime, allant jusqu’à annoncer des sanctions qui comprennent l’interdiction de voyager et le gel de leurs avoirs financiers.

« Toutes les autorités de la transition sont concernées par des sanctions qui vont entrer en application immédiatement », selon le président de la Commission de la Cédéao, l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou. Il s’exprimait en fin de semaine dernière à l’issue d’un sommet extraordinaire sur la situation au Mali et en Guinée, où des militaires ont également pris le pouvoir. Les sanctions annoncées visent également les membres des familles des dirigeants maliens, précise-t-on.

Fin octobre, une délégation du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (ONU), en visite à Bamako, avait insisté auprès des autorités sur l’importance de respecter le calendrier électoral censé permettre le rétablissement d’un gouvernement civil. Cela revient à dire que les militaires, qui ont pris le pouvoir par la force en août 2020 et l’ont conforté par un nouveau putsch en mai 2021 avant de s’engager sous la pression des voisins ouest-africains et d’une bonne part de la communauté internationale à céder la place aux civils après des élections programmées fin février prochain, devraient se conformer à cette obligation.

Eviter de retarder de façon prolongée la fin de la transition

Or, depuis des semaines, la junte et le gouvernement qu’elle a installé signalent de plus en plus clairement que l’échéance ne sera pas respectée.

En rapport avec les scrutins dont la Cédéao exige la tenue à la date fixée, le gouvernement malien venait d’expulser le représentant de l’organisation régionale, Hamidou Boly, lui reprochant des « agissements incompatibles avec son statut ». Les dirigeants de la Cédéao condamnent cette expulsion, mais manifestent leur intention d’aider le Mali où la situation sécuritaire s’est dégradée.

Au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU, l’on réclame également le respect des délais électoraux et un retour à un pouvoir civil au Mali où des violences djihadistes et communautaires se poursuivent. Mais les responsables de la junte répètent vouloir organiser des « assises nationales » avant de fixer la date des élections. Ils affichent ouvertement à cette instance leur volonté de reporter les élections présidentielle et législatives.

« Les autorités maliennes parlent des assises nationales de la refondation comme une sorte de préalable aux élections. Le chronogramme indique que ces assises pourraient prendre fin vers décembre et c’est à l’issue de ce processus qu’un calendrier sera établi et soumis aux Maliens ainsi qu’à la communauté internationale », explique Abdou Abarry, l’ambassadeur du Niger aux Nations unies, qui a codirigé en octobre une délégation onusienne à Bamako avec son homologue français, Nicolas de Rivière. « Si on ne peut pas avoir d’objection pour les réformes, il ne faudrait pas retarder de façon prolongée la fin de la transition et la possibilité pour les Maliens et les Maliennes de choisir démocratiquement les personnes qui vont prendre en charge la destinée de leur pays », souligne le diplomate nigérien. 

 

Nestor N'Gampoula

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