Mantsina sur scène : la pièce « Tous tes enfants dispersés » sur les planches

Tirée du roman intitulé « Tous les enfants dispersés » de la Rwandaise Beata Umubyeyi Mairesse, la pièce met sur les planches l’histoire pratiquement trouble qui s’est passée au Rwanda pendant le génocide.

« Mais au-delà, il y a un message de convivialité, du vivre ensemble et d’une transmission spirituelle entre générations », a confié Antoine Yirika, tout en poursuivant que « c’est donc l’histoire d’une femme appelée Immaculata ou Mama qui a donné naissance à Blanche, une fille métissée née d’un père de nationalité française et d’une mère tutsi-rwandaise. Parce qu’il y a aussi l’histoire de métissage culturel là-dedans. Finalement, elle finit par s’exiler en France à cause de la guerre entre Tutsis et Hutus au Rwanda ».

Cette dame bénéficiant de sa double nationalité franco-rwandaise élira définitivement résidence en France, pays d’origine de son père où elle suivra ses études. Elle fera par la suite la connaissance d’un homme à l’université qu’elle fréquentait appelé Samora. Les deux auront un fils, Stokely.

« Tous tes enfants dispersés parlent aussi d’une transmission spirituelle entre trois générations. C’est-à-dire la grand-mère Immaculata, Blanche la fille et Stokely le petit-fils. Et c’est Stokely qui va continuer à raconter cette histoire aux gens, comme ce qu’a vécu dans "Racines" l’auteur américain Alex Haley, avec comme acteur principal Nkuta Nkité », a souligné le metteur en scène.

« C’est à peu près comme ce que nous avons connu dans le Pool, en terme d’événements. C’est une guerre intra nationale (...) Pour le cas du Rwanda, il s’agissait des Hutus qui ont voulu décimer les Tutsis. Donc sur un sursaut national, les Tutsis se sont défendus et ont pu chasser les Hutus, moins démocrates ».

Antoine Yirika a relevé quelques imperfections dans la présentation de cette pièce. Car, explique-t-il, il y a eu beaucoup de rebondissements. La pièce "Tous tes enfants dispersés" traduit la nature exacte des personnages qui étaient vraiment instables. « Mais, je pense que l’enfant est là. Il faut donc le parfaire », a-t-il renchéri.

Cette pièce a replongé les spectateurs 28 ans en arrière, en avril 1994, lorsque le génocide contre les Tutsis, au Rwanda, éclata. Seulement, Antoine Yirrika se réserve de reconnaître le début du succès de cette pièce. « C’est encore un chantier. Un spectacle s’apprécie dans tous les domaines. Il n’y a pas que les jeux d’acteurs, la mise en scène. Il faut plutôt un beau décor, des beaux costumes, le son et la lumière », a-t-il avancé.

Bienvenu Makita, artiste-comédien, a été profondément touché par cette pièce qui reprend la mélancolie et le martyr vécus par les Tutsis. « Cette pièce nous a ramenés dans une famille qui a connu ce triste événement dans la chair. Elle a relevé, en passant, les difficultés rencontrées en exil, à l’étranger, particulièrement en France. C’est aussi une pièce qui a de l’avenir dans la mesure où l’on peut encore la jouer. Parce que l’histoire ne s’arrête pas seulement au génocide, mais c’est plutôt ce qui vient après cette triste période », a-t-il confié.  

Notons que l’association Tchicaya-U-Tam’si est née des cendres d’une troupe créée dans les années 1990 qu’on appelait Terre du scorpion. Un transfuge de la troupe artisanale Ngunga, dans le temps. Les dirigeants ont pensé mieux s’organiser autour d’une organisation non gouvernementale portant ce dénominatif. Depuis lors, elle a fait de la création, des activités socio-culturelles et de développement.