Migrations : le Nigéria après la Turquie ?Mercredi 11 Mai 2016 - 18:12 L’Union européenne voudrait du Nigéria le pays des migrants refoulés, à l’instar de la Turquie qui a passé un accord dans ce sens en mars dernier. Cela porte le doux euphémisme d’accord de réadmission. En réalité, le terme « accord » ne s’applique vraiment qu’entre les pays qui refusent les migrants et celui qui a accepté de faire le sale boulot. Les migrants, eux, sont censés ne pas avoir d’avis. Depuis le 20 mars, les flux de migrants provenant de Syrie ou d’Irak principalement se sont taris. Ce ne sont pas les migrants qui ont disparu, mais c’est l’Union européenne qui a trouvé un endroit où les parquer en vue de leur rapatriement. Ils sont refoulés vers la Turquie ayant accepté de se montrer plus vigilante et moins souple pour les faux demandeurs d’asile, à condition que l’Union européenne n’exige plus de visas des Turcs voulant y entrer. Des migrants contre des touristes ; des hommes et femmes fuyant la guerre contre d’autres décidant de visiter l’Europe occidentale à leur gré. L’accord a été signé, mais son application fait grincer des dents, alors que la Turquie est menacée de lâcher la meute. La Commission européenne voudrait faire de même avec le Nigéria. Mercredi, elle a proposé d'ouvrir des négociations pour faciliter le renvoi vers ce pays de ses ressortissants se trouvant en situation irrégulière dans l'UE. Moins de 40% des migrants irréguliers ayant reçu dans l'UE l'injonction de retourner dans leur pays le font, selon des chiffres datant de 2014, en grande partie du fait d'un manque de coopération et de moyens des pays d'origine pour reprendre leurs ressortissants renvoyés. L'UE souhaite donc obtenir des engagements de ces pays en échange d'un soutien. La Commission a déjà conclu 17 accords de réadmission et ouvert une vingtaine de négociations. En 2015, selon les chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Nigeria a été le principal pays d'origine de migrants arrivés dans l'UE via les côtes italiennes, derrière l'Érythrée, dont les ressortissants peuvent généralement obtenir le statut de réfugiés. Selon l'OIM, 22.000 Nigérians et 39.000 Érythréens ont rallié l'Italie par la mer sur un total de 153.000 migrants arrivés dans l'UE par cette voie en 2015. L’Italie a noté une baisse de 13% des arrivants cette année par rapport à la même période l’an passé. Mais le pays peine à assurer 1.500 places dans les Centres d'identification et d'expulsion (CIE) des clandestins, du fait que l’opinion est assez chaude sur la question. A Rome, le gouvernement s’est dit désireux de tenir ses engagements malgré une pression migratoire déjà forte. Les passeurs et les victimes étaient des Somaliens ! Un réseau de migrations illégales a été démantelé par les carabiniers sur l’île italienne de Sicile (sud). Le réseau était structuré et ne comptait que des Somaliens. En Sicile, terre de prédilection des migrants clandestins traversant la Méditerranée depuis la Libye, les passeurs allaient chercher de pauvres hères dans les centres d’accueil et les enfermaient dans un appartement à Catane. Ils ne les relâchaient qu' après payement d’une rançon par la famille restée au pays ou par des parents déjà présents en Europe. Les policiers ont ainsi pu libérer de nombreux « esclaves » retenus prisonniers, dont des mineurs. Somaliens, Eryhréens et Soudanais sont connus pour être favorisés dans la demande du droit d’asile en raison de la situation catastrophique de leurs pays. Le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés indique que les Somaliens représentent 9% des plus de 31.000 migrants débarqués en Italie cette année. Lucien Mpama Notification:Non |