Mœurs : la couche juvénile exposée au phénomène « bébés noirs »Samedi 7 Mars 2020 - 15:45 Le Centre de recherche et d’étude en sciences sociales et humaines (Cressh) a révélé, le 6 mars, que le phénomène « bébés noirs » concerne les jeunes scolarisés et déscolarisés des agglomérations du pays. Le directeur du Cressh, Guy Moussavou, a indiqué qu'une enquête a été réalisée à Brazzaville dans les lieux de refuge des "bébés noirs". Elle a porté sur leurs identités, caractéristiques, modes opératoires, actes sur la population congolaise. Les résultats ont été publiés à l’occasion de la journée scientifique organisée sur le thème « phénomène bébés noirs : l’appropriation de la cité à l’insertion socio-professionnelle ». Le Cressh notifie que d'après ces résultats, les "bébés noirs" ne sont autres que des jeunes qui sèment la terreur et la désolation dans les quartiers. L'objectif de l'enquête était d’étudier le phénomène afin de trouver des réponses appropriées pour que règne la quiétude dans les quartiers des agglomérations du pays, a-t-il laissé entendre. L’étude a permis d'avoir un entretien avec ces "bébés noirs", d'entreprendre les recherches documentaires et administratives, a-t-il souligné, ajoutant que ce phénomène constitue un fléau pour la société congolaise car, la population vit dans la peur, l’angoisse à cause du vol, de la violence, etc. dans les quartiers. A cet effet, quelques pistes de solutions ont été proposées pour mettre fin à ce fléau. Parmi celles-ci figure l'insertion socio-professionnelle de ces jeunes. Le directeur de cabinet du ministre de la Recherche scientifique et de l’innovation, Jean-Claude Boukono, a indiqué à l'ouverture des travaux, que la journée paraissait comme une interpellation publique et politique en vue de mutualiser et intensifier les efforts pour trouver des solutions idoines au phénomène "bébés noirs". « Le gouvernement entend relever le défi pour assurer la quiétude des populations impactées par ce fléau et aussi mettre en place des leviers d’insertion socio-professionnelle », a-t-il renchéri. Par ailleurs, l’enseignant chercheur à l’Université Marien- Ngouabi, Gaston Samba, a présenté la cartographie des "bébés noirs". Ce phénomène a pris naissance à Talangai dans le sixième arrondissement de Brazzaville avant de s’éclater dans toute la ville, a précisé l'orateur. Ils sont organisés en groupe selon les quartiers avec des dénominations comme les Arabes, Américains, Africains méchants, bébés chocolat, Italiens, Dahomiens, Katangais et bien d’autres, a-t-il expliqué. Parmi les raisons qui animent les jeunes à ces actes de barbaries, a mentionné un autre enquêteur, il y a notamment l’insécurité, la pauvreté, l’autodéfense, l’abandon des parents, le manque d’affection parentale, le suivisme. Un autre thème : « la perspective de prise en charge psychologique des bébés noirs au Congo », a été développé par Nicaise Léandre Mesmin Ghimbi, responsable du parcours-type psychologique à la Faculté des lettres, des arts et des sciences humaines. L’orateur a émis le souhait aux pouvoirs publics de recenser les jeunes en vue de leur insertion et réinsertion socio-professionnelle, susciter le dévoilement des "bébés noirs" moyennant une prime fixée par le gouvernement, d'organiser des séances psychologique-éducation, d'aider les jeunes à la conception et à la réalisation des projets visant à assurer leur autonomie. « Les jeunes bébés noirs vivent pour la plupart dans des conditions difficiles. Ce phénomène implique l’intervention des pouvoirs publics car dans le groupe il y a des jeunes contrôleurs de taxi-bus, les jeunes désœuvrés, etc. », a estimé Nicaise Léandre Mesmin Ghimbi. Notons que la problématique de la violence en milieu juvénile intéresse également les organisations de défense de droits humains, notamment l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH). Abordé sur la question, le directeur exécutif de l’OCDH, Trésor Nzila a fait savoir : « Il faut chercher le nœud du problème avant d’aller aux solutions qui impliqueraient plusieurs acteurs : sociologues, psychologues, chercheurs, ainsi que les pouvoirs car, nous sommes en face des crimes du droit commun parce qu’en matière de violation des droits de l’homme la responsabilité incombe à l’Etat », a déclaré Trésor Nzila. LGO Notification:Non |