Mozambique: l’Italie au chevet du processus électoral

Lundi 1 Septembre 2014 - 21:15

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Sans en revendiquer le titre, Rome s’affiche bien comme la parraine du processus de pacification dans ce pays.

C’est une délégation italienne de poids et à la composition fortement symbolique qui a atterri à la fin de la semaine dernière à Maputo. Et aussitôt arrivés, les émissaires italiens ont pris la route pour … la forêt de Gorongosa, fief du leader de l’ancienne rébellion de la Renamo, Affonso Dhlakama. La fin de la guerre civile mozambicaine est effective depuis l’accord de Rome de 1992, mettant fin à des hostilités déclenchées dans le pays dès l’indépendance de 1975 acquise du colonisateur portugais.

Mais, depuis lors, chaque processus électoral est soumis à l’incertitude qu’y fait peser Dhlakama qui avant, pendant ou après le vote se dit insatisfait des résultats qui l’écartent du chemin du palais. Ces derniers mois, il n’a cessé de se dire mécontent de l’accaparement des richesses du pays, de plus en plus fabuleuses avec le gisement gazier géant découvert précisément par le groupe italien ENI. Il reproche au parti au pouvoir, le Frelimo (Front de libération du Mozambique) de tout régir seul sous prétexte qu’il a mené la guerre d’indépendance du bon côté de l’histoire.

La Renamo (Résistance nationale du Mozambique) a donc multiplié les coups de feu dans la région autour de Gorongosa, dans les hauts-plateaux du pays (nord), entravé la circulation et attaqué convois civils ou militaires s’y aventurant. Ce regain de tensions risquait d’entraver la tenue des élections prévues le mois prochain. Il fallait faire intervenir les pompiers. C’est en cette veste qu’interviennent les envoyés de Rome. Et c’est le sens qu’a eu la signature, il y a une semaine à Maputo, d’un engagement de toutes les parties au bon déroulement du processus électoral.

Et samedi dernier, pour bien fixer les points d’accord dans l’entendement de tous, le vice-ministre italien au développement économique Carlo Calenda n’a pas hésité à mouiller de nouveau la chemise en se rendant auprès de Dhlakama. Il était accompagné par un autre personnage qui a joué un rôle-clé dans le retour de la paix au Mozambique, le père Matteo Zuppi, de la Communauté catholique Sant’Egidio de Rome et aujourd’hui évêque et un des bras droits du pape François. La délégation comprenait aussi l’ambassadeur d’Italie à Maputo, M. Roberto Vellano.

Il s’agit comme on peut voir de personnages de haut-niveau dont le seul engagement dans la voie de la paix au Mozambique vaut message à tous. Rome entend insister sur sa relation privilégiée avec le Mozambique, un pays qui pourrait couvrir ses besoins en énergie pour les trente prochaines années et y aider à la paix. Rappelons que le 19 juillet dernier c’est par le Mozambique que M. Matteo Renzi avait entamé ce qui restera comme la première tournée d’un premier ministre italien en Afrique.

Ensuite M. Renzi s’était rendu à Brazzaville (Congo), puis il avait bouclé son rapide périple africain par Luanda, en Angola. Il s’agit des trois « pays de l’excellence » que l’Italie loue pour leur dynamisme économique et pour la qualité des liens multiformes qu’ils entretiennent avec Rome. La voix de l’Italie au Mozambique porte d’autant plus qu’elle représente celle d’un arbitre de longue date qui a accompagné le pays dans la post indépendance doublé d’un partenaire économique d’importance.

Lucien Mpama