Musique et souvenirs : quand la rumba s’éclatait en mille morceaux de rythmes

Vendredi 24 Septembre 2021 - 13:46

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La prolifération des  groupes musicaux et les différentes œuvres produites suscitèrent un engouement parmi les mélomanes. Des ambianceurs des deux Congo avaient le choix entre le style « Odemba », celui des Bantous de la capitale, et les harmonies « Patchanga ». Les années 1960 apportèrent une floraison d’inspiration.

Les  originaires de la République démocratique du Congo traversaient le Pool Malebo chaque week-end pour venir danser la rumba dite « Odemba » (Rumba lourde, tranquille, style Ok Jazz) qui était une spécificité de l’orchestre Negro Band, contrairement au style des Bantous de la Capitale très rythmé à la Rumba légère et saccadé que certains mélomanes (qui avaient de l’antipathie pour l’orchestre Bantous) rapprochaient aux grelots de tôles et leur conféraient l’attribut d’orchestre Mandzandza (tôles en lingala). Aux dires des mélomanes, ce rythme partagé entre Rumba et Patchanga, soutenu par les drums ou batteries, échappait à un certain public à cause de son hybridation.

A cette époque, les concerts livrés par les orchestres étaient aussi des occasions pour les jeunes appelés Premiers, les Plays boys, les Plays girls pour venir exhiber leurs tenues vestimentaires, sans oublier la présence notoire des clubs et Miziki célèbres de l’époque tels que les Jeunes premiers, les Ducs, les Existants, la Violette avec comme femmes célèbres de l’époque Félicité Safouesse, Para-Fifi dont Kabassélé Joseph (Grand Kallé) glorifia la beauté dans la chanson intitulée « Parafifi », Evelyne Ngongolo et d’autres sans oublier Bana Pause, la Rosette.

Radio Congo, devenue « La voix de la Révolution congolaise», jouait à longueur des journées les chansons à la une. Des émissions telles Le Coco dont l’animation était assurée par feu Claude Bivoua qui en fut le producteur et Clément Ossinondet les samedis, et Le Coin des orchestres par Ghislain Joseph Gabio les dimanches faisaient la promotion des œuvres musicales des orchestres. Les mélomanes étaient informés sur le plan événementiel et sur les différents espaces appropriés de Brazzaville et Pointe-Noire où  les orchestres devaient se produire: Faignon, Super Jazz, Congo Bar, Elysée Bar, Lumi-Congo ex-Macedo, Mess mixte de garnison, Bouya Bar, Choisis-Bar, La Congolaise… Les orchestres des deux rives traversaient le fleuve pour aller se produire soit à Kinshasa soit à Brazzaville.

Au cours de la même époque, des orchestres kinois tels que l’African Jazz de Joseph Kabasele dit grand Kallé, l’African Fiesta de Rochereau, l’OK Jazz, le Negro Succès, le Vox Africa livrèrent des concerts dans les différents bars de Brazzaville. C’est au cours de ces mêmes décennies que la musique congolaise de Brazzaville atteignit son apogée et rivalisa avec celle des orchestres de la rive gauche du fleuve Congo.

Les chansons « Merci Mama », « Makambo mibale ébomi mokili mobimba », « Choisis ou c’est lui ou c’est moi », « Rosalie Diop », « Maswa », « Sapato », « Bato ya likunia »« Motema ya ndoki », « Tata na mama ba yebisaki ngai » et autres titres ont connu un succès fulgurant et sont restées immortelles. C’était la belle époque, disent les nostalgiques.

Le succès des œuvres produites par les groupes musicaux traversa les frontières du Congo-Brazzaville à telle enseigne que certains d’entre eux furent invités à l’étranger pour divers concerts et spectacles. On peut citer Cercul Jazz et Sinza Kotoko, invités respectivement au Tchad et en Tunisie.  Les Bantous de la Capitale participèrent au Festival des arts nègres à Dakar en 1966, au Festival panafricain d’Alger en 1969 sans oublier d’autres prestations en Afrique de l’Ouest, en Europe et à Cuba en 1975 et 1979. Les différentes prestations des Bantous de la Capitale à travers le monde ont fait de cet orchestre le porte- étendard de la musique congolaise.

Auguste-Ken-Nkenkela

Légendes et crédits photo : 

L'exhibition de la rumba

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