Pascale Boisard : « la révolution climatique ne se fera pas sans les femmes »Lundi 19 Octobre 2015 - 12:15 Dans le cadre de la préparation de la COP21 qui se tiendra en décembre à Paris, le Quai d’Orsay a accueilli, le 16 octobre une conférence intitulée « Climat : les femmes s’engagent ! », ouverte par la ministre des Affaires sociales, de la santé et des Droits des Femmes, Marisol Touraine. La conférence était articulée autour de deux tables rondes: "Femmes actives et engagées pour le climat" et "Femmes face au dérèglement climatique : pourquoi nous nous engageons?". La COP21 doit donner priorité aux femmes Marisol Touraine a souhaité que la COP21 donne priorité aux femmes, « en première face au changement climatique » et que soient considérés comme prioritaires dans les moyens financiers qui seront dégagés à Paris. Elle a demandé que la notion de droit des femmes soit inscrite « noir et blanc » dans l’accord final de décembre. Elle a appelé à doubler de vigilance et à rendre visible le rôle des femmes en tant qu’actrices dans la lutte contre le changement climatique. Enfin Marisol Touraine a mis en avant les opportunités que créent pour les femmes le développement durable. Lever les préjugés et s’engager aux aspirations des femmes La secrétaire d’Etat aux droits de femmes, Pascale Boisard a souligné les enjeux du dérèglement climatique pour les femmes en particulier, à travers l’accès aux ressources, à travers les conséquences des catastrophes climatiques ou les violences commises sur les réfugiés. Elle s’est attaquée aux préjugés, aux fausses idées, aux stéréotypes, en citant « des données probantes et des preuves accumulées » pour casser les résistances aux droits des femmes, « convaincue que la révolution climatique ne se fera pas sans les femmes ». Elle a aussi expliqué pourquoi le monde doit s’engager aux aspirations des femmes, et les raisons de leur mobilisation. Certains pays piétinent sur l’application des mesures en faveur du genre Sur les 146 pays qui ont déjà remis leur contribution nationale pour la COP21, seulement 48 ont intégré des dispositions concernant l’égalité femmes-hommes. Or pour Pascale Boistard, les mesures en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes constituent aujourd’hui le fondement de toute stratégie efficace de développement durable. Les participants ont indiqué que les femmes étaient les premières victimes du dérèglement climatique, facteurs d’accroissement d’inégalités qu’elles subissent. Mais elles se considèrent aussi comme pionnières pour identifier et mettre en œuvre des solutions. L’économie verte est une opportunité pour elles. « La nature, dans ses ravages ou les conflits liés à la raréfaction des ressources, ne connaissent pas le genre », a déclaré Pascale Boistard, qui a invité les femmes à afficher leurs ambitions et leurs visions. Le 5ème rapport du groupe international des experts (Giec), souligne l’importance du rôle des activités humaines dans le dérèglement climatique. Il recommande d’intégrer la prise en compte des inégalités entre les femmes et les hommes, pour répondre aux conséquences du dérèglement et apporter des solutions. Les femmes africaines victimes d’insécurités et de multiples menaces Pour Colette Benoudji, coordinatrice de l’Ong « Leadership pour l’environnement et le développement au Tchad », les femmes représentent 53% de la population en Afrique subsaharienne ; 70% vivent sous le seuil de pauvreté ; elles tirent leur source de vie de la terre ; fournissent 90% de la production agricole ; les hommes leur laissent des terres moins fertiles aux femmes. Du coup elles subissent l’insécurité alimentaire, physique et sanitaire. Quant aux cultures, elles sont sérieusement menacées par les dérèglements climatiques. Laisser les femmes de côté, c’est exclure plus de la moitié de la population des discussions sur le changement climatique. De plus dans la région du sahel, exacerbée par la crise de Boko Haram, elles sont fragilisées, frustrées, et victimes d’enlèvements. Elle appelle à lier tous ces problèmes et que la rencontre serve de déclin lors de la COP21. Cette conférence avait comme objectif de contribuer à alimenter, en amont de la COP21, les réflexions et recommandations pour une meilleure prise en compte du genre dans les politiques de lutte contre le changement climatique et pour le développement durable. Les participants ont salué le rôle de l’Unesco pour l’éveil des consciences sur les questions climatiques, et l’Organisation internationale de la Francophonie pour faire de l’égalité Femme-Homme un principe de partage dans l’espace francophone. À l’issue de la conférence, les femmes ont remis au ministre des Étrangères et du Développement international, Laurent Fabius, président de la COP21, le plaidoyer : « Les femmes, actrices de la lutte contre le changement climatique ».
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