Patrimoine mondial : le domaine royal de Mbé pourrait être retenu par l'Unesco

Mardi 3 Mai 2022 - 18:11

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Le site de Mbé reste extraordinaire mais il y a encore beaucoup à faire, a déclaré Sébastien Moriset, architecte- chercheur au sein de CRAterre, une institution scientifique mandatée par l’Unesco à ce domaine, à sortie d’audience avec le ministre de la Culture et des Arts, Dieudonné Moyongo, le 3 mai.

Sur demande de l’État congolais, l’Unesco a mandaté Sébastien Moriset pour comprendre pourquoi le dossier de Mbé n’avance pas. Après deux jours sur ce site, les 1er et 2 mai, l’expert a rendu compte de sa mission au ministre congolais de la Culture et des Arts, Dieudonné Moyongo. « Nous sommes venus faire un compte rendu de notre visite qui a eu lieu les 1er et 2 mai au domaine royal de Mbé, pour faire un point sur l’état d’avancement de la préparation d’une proposition, puisque Mbé est sur la liste du patrimoine mondial. C’est un dossier qui est en préparation depuis plusieurs années mais qui a pris un peu de retard avec la question de covid-19. Il était question de venir voir les potentialités du site à nouveau parce qu’il faut relancer le processus », a-t-il déclaré à sa sortie d’audience.

L’expert mandaté par l’Unesco s’est dit confiant. « Nous sommes venus avec de bonnes nouvelles parce que Mbé reste un site extraordinaire à l’échelle non seulement du Congo mais aussi à l’échelle africaine qui a toutes les chances d’aboutir un jour sur la liste », a-t-il poursuivi.

Sébastien Moriset a précisé que la grande force de Mbé c’est toute sa dimension immatérielle qui est encore extrêmement forte. Le fait que Mbé reste un village enclavé, de taille modeste avec quelques centaines d’habitants seulement, dans un cadre naturel encore exceptionnel, fait sa force. « Le fait que l’immatériel soit très fort aussi et que les forêts soient respectées, il y a cette crainte de transgresser certains interdits. Toutes les initiations permettent à la population d’avoir un lien et un respect très forts de la nature, qui fait qu’on est en face de quelque chose qui est en train de disparaître en Afrique », a-t-il ajouté.

Toutefois a-t-il précisé, ce ne sont pas les seules forêts sacrées qui seraient sur la liste du patrimoine mondial. Il y en a au Nigeria, au Kenya et   aussi sur d’autres sites inscrits mais qui ne sont pas forcément mis en avant, comme au Togo, au Bénin. Il faudra trouver donc un angle d’attaque pour démontrer que Mbé apporte quelque chose de plus sur la liste du patrimoine mondial en tant que site exceptionnel, a souligné l’expert.

Cependant, pour que Mbé soit inscrit sur la liste du patrimoine mondial, il faut encore assez du temps parce que c’est un processus, a indiqué Sébastien Moriset. En effet, d’après l’expert, les dossiers sont réceptionnés jusqu’au 31 janvier de chaque année, mais de ce qu’il a vu sur l’état d’avancement de la préparation de la documentation, il y a peu d’éléments pour l’instant. « Il me paraît peu probable que le dossier puisse être présenté en janvier 2023, plutôt, il sera déposé en janvier 2024. Puis s’en suivra un processus administratif par l’Unesco qui prend quelques mois pour vérifier la validité technique du document pour s’assurer que toutes les parties ont été remplies, et ensuite l’Unesco enverra une contre-expertise qui viendra vérifier si ce qu’on y a mis est véridique », a-t-il précisé.

Sébastien Moriset pense qu’il faut voir cela comme quelque chose de positif pour renforcer la communauté de Mbé, les habitants dans leurs efforts de conservation, notamment l’amélioration de l’état de conservation du palais, avec un nouveau roi qui est très dynamique et qui porte des valeurs de son royaume et de son territoire de manière très forte. « Il faut l’aider et l’Unesco va regarder cet aspect. Cela va être un moyen de renforcer le dossier, de montrer que l’État est derrière ce royaume pour renforcer l’architecture, la protection du patrimoine et de la nature », a indiqué Sébastien Moriset.

Enfin, l’expert mandaté par l’Unesco au domaine royal de Mbé pense que si l’inscription est annoncée par le comité du patrimoine mondial, cela sera en juillet 2025. Il a profité aussi de souligner l’état catastrophique de la route.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

1- La délégation de l’Unesco et son expert en séance de travail avec le ministre et les membres de son cabinet / Adiac 2 - Le ministre Dieudonné Moyongo posant avec ses hôtes / Adiac

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