Petites escapades dans Brazzaville : couloirs d’histoire

Vendredi 31 Mars 2023 - 14:50

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

« L’histoire est le récit des événements passés », a-t-on été enseigné. Elle se raconte de mille façons, dans les livres mais aussi dans la pierre.  En allées à remonter le temps, sur le flanc de la Primature de Brazzaville et en arrière du jardin du mausolée Marien-Ngouabi, deux couloirs de bustes érigés racontent l’Histoire qui sombre malheureusement pour la deuxième fois dans le noir… 

La gloire d’un peuple, c’est son histoire, mais aussi sa façon de la raconter. Honorer la mémoire des anciens, c’est saluer leurs combats, leurs victoires et comprendre les défis auxquels ils ont dû faire face pour nous permettre de mieux aborder le présent et de façonner l’avenir.

Les cités du monde, au gré des desseins de leurs leaders politiques ou de la muse de leurs artistes, racontent l’Histoire en la gravant dans la pierre, dans le marbre ou en la peignant sur des tableaux. Monuments, mausolées, musées et… allées de bustes érigés murmurent ainsi à l’oreille des citadins le nom des grands Hommes qui les ont précédés et ont préparé le chemin pour eux.

Si l’on a vu certains monuments être détrônés dans le monde, la plupart du temps, l’Homme fut assez bon et servit ses contemporains de telle sorte que son nom soit marqué dans le cours du temps. Le travail des mairies est alors important. Pourtant…  

Ces sites commandés par les politiques et exécutés par de talentueux artistes sont pourtant livrés à une glaciale indifférence, qui fait presque peur. Mauvaises herbes, végétation luxuriante, dépôt d’immondices, parking de voitures, commerces de nuit pour une vie de la nuit… Le constat est et reste amer.

Aussi, pris dans le tourbillon de la vie et du quotidien, du stress généré par le tapis roulant des soucis et imprévus à gérer, des fins de mois à arrondir quand déjà leurs milieux ne sont pas évidents, il est parfois difficile pour les challengers de la vie de remarquer les richesses qu’offre leur environnement.

La classe moyenne congolaise est souvent maîtresse dans l’art de faire l’éloge des idées et constructions des « grands pays ». Ce qui en soi est valeureux. Les grands pays le sont de cette capacité à valoriser ce qu’ils ont aussi insignifiant que cela puisse paraître au premier abord : une cuisine, un plat, un cru de vin, une rue, un hôtel, un jardin, une nationalité, une valeur, jusqu’à ce qu’ils trouvent de la valeur aux yeux de tous.

La richesse historique, culturelle et artistique de Brazza est telle que si l’on prenait le temps d’apprécier ce qu’on a ; si on se refusait un peu plus à cette insensibilité, cette désinvolture et cette passivité collectives, on aurait déjà fait la moitié du chemin.

En rendant visite à des amis ou à des voisins, on ne verra jamais les photos de leurs parents traîner à même le sol, livrées à l’abandon ou mal entretenues. Elles sont soit bien rangés, réservées dans l’intimité de la famille ; soit valorisées, exposées et joliment encadrées.

Nelson Mandela, Chaka Zoulou, Jean-Paul 2, Tchikaya U Tamsi, Sony Labou Tansi, Alfred Raoul, Jean Malonga, Paul Kamba, Sylvain Mbemba, Antoine Letembet-Ambily, en leurs titres et rangs respectifs sont autant d’esprits lumineux physiquement morts une première fois et qui malgré la volonté politique initiale de les honorer, sombrent pour la seconde fois dans le noir de la mémoire congolaise…

Princilia Pérès

Légendes et crédits photo : 

Des bustes de célébrités pour apprendre l’histoire/Adiac

Notification: 

Non