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Peut-on vivre dans un monde sans plastique ?

Vendredi 5 Mai 2023 - 13:03

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Dans un mois, le 5 juin précisément, l’humanité va célébrer la Journée mondiale de l’environnement. Cette édition organisée par la Côte d’Ivoire est axée sur la crise de la pollution plastique. Il faut savoir que l’humanité produit plus de 430 millions de tonnes de plastique chaque année et que deux tiers correspondent à des produits à courte durée de vie qui deviennent rapidement des déchets se déversant dans l’océan et, souvent, se retrouvent dans la chaîne alimentaire humaine. Beaucoup de personnes ignorent qu’un matériau faisant partie de notre quotidien peut avoir une incidence significative non seulement sur les espèces sauvages, mais également sur le climat et la santé humaine. A l’orée de la célébration de cette journée, essayons de répondre à quelques préoccupations concernant le danger du plastique pour l’environnement.

  • Pourquoi la pollution plastique est-elle si préoccupante ?

Économique, résistant et flexible, le plastique a envahi la vie moderne et nous le trouvons partout, des emballages aux vêtements et produits de beauté. Toutefois, la production de déchets plastiques est considérable : chaque année, plus de 280 millions de tonnes de produits en plastique utilisés pendant une courte durée sont jetées.

Dans l’ensemble, 46% des déchets plastiques sont mis en décharge, tandis que 22 % sont mal gérés et deviennent des déchets sauvages. Contrairement à d’autres matériaux, le plastique n’est pas biodégradable. Il peut nécessiter jusqu’à 1000 ans pour se décomposer, ce qui signifie qu’après avoir été jeté, il s’accumule dans l’environnement jusqu’à un point critique. Cette pollution asphyxie les espèces marines, a une incidence négative sur les sols, empoisonne l’eau souterraine et peut avoir de graves répercussions sur la santé.

  • La pollution est-elle le seul problème lié au plastique ?

Non, le plastique contribue également à la crise climatique. Sa production est l’un des processus de fabrication les plus énergivores de la planète. Ce matériau est fabriqué à partir de combustibles fossiles tels que le pétrole brut, qui est transformé en polymère à l’aide de chaleur et d’autres additifs. En 2019, les plastiques ont généré 1,8 milliard de tonnes d’émissions de gaz à effet de serre, soit 3,4 % des émissions mondiales.

  • D’où provient tout ce plastique ?

Le secteur des emballages est le plus grand producteur de déchets plastiques à usage unique à l’échelle mondiale. Environ 36 % de tous les plastiques fabriqués sont utilisés dans des emballages. Il s’agit notamment de contenants à usage unique destinés aux aliments et aux boissons, dont 85 % des déchets ainsi générés sont mis en décharge ou mal gérés. L’agriculture est un autre secteur dans lequel le plastique est omniprésent : il est utilisé pour tout, des semences pelliculées aux paillis plastiques. Le secteur de la pêche est également un important producteur de plastique. Des recherches récentes suggèrent que près de 50 millions de kilos de plastique sont abandonnés dans les océans en ce qui concerne les engins de pêche industrielle seulement. Le secteur de la mode est également l’un des principaux utilisateurs de plastique. Environ 60% des matières transformées en vêtements sont composés de plastique, notamment de polyester, d’acrylique et de nylon.

  • Qu’est-ce qui est fait pour combattre la pollution plastique ?

En 2022, les États membres de l’Organisation des Nations unies ont adopté une résolution visant à mettre fin à la pollution plastique. Un comité intergouvernemental de négociation travaille actuellement à l’élaboration d’un instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique, ses travaux devant s’achever avant la fin de 2024. Il est important de noter que les négociations portent en particulier sur des mesures couvrant l’intégralité du cycle de vie des plastiques, de l’extraction des matières premières et la conception des produits à la production et la gestion des déchets, faisant émerger des possibilités pour éliminer par la conception les déchets avant leur apparition dans le cadre d’une économie circulaire prospère.

  • Comment les Etats peuvent-ils y parvenir ?

Les Etats doivent encourager l’innovation et mettre en place des incitations pour que les entreprises abandonnent les plastiques inutiles. Des taxes sont nécessaires pour dissuader la production ou l’utilisation de produits en plastique à usage unique, tandis que des réductions d’impôt, des subventions et d’autres avantages fiscaux doivent être mis en place afin de promouvoir des solutions de remplacement, tels que des produits réutilisables. Les infrastructures de gestion des déchets doivent également être améliorées. Les gouvernements peuvent, en outre, participer au processus du comité intergouvernemental de négociation concernant l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant visant à combattre la pollution plastique, notamment dans le milieu marin.

  • Comment peut-on agir individuellement contre la pollution plastique ?

Alors que la résolution de la crise de la pollution plastique nécessite une réforme systémique, les choix à l’échelle individuelle peuvent jouer un rôle important. Par exemple, chaque personne peut modifier ses habitudes de façon à éviter les produits en plastique à usage unique lorsque cela est possible. Pour ce qui est des produits en plastique inévitables, il convient de les réutiliser ou de les réaffecter jusqu’à ce qu’ils deviennent inutilisables, après quoi ils doivent être recyclés ou éliminés de façon adéquate. Les personnes peuvent également prendre leurs sacs lorsqu’elles se rendent dans une épicerie et, si possible, s’efforcer d’acheter des aliments locaux et de saison qui nécessitent moins d’emballages en plastique et de transport.

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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