Pluie inopinée du 23 juin : Didace Pembe alerte sur la pollution de l’air dans la capitale congolaise

Samedi 25 Juin 2022 - 16:38

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Les habitants de Kinshasa ont été surpris, le 23 juin vers 10 h du matin, par une pluie observée dans plusieurs quartiers. Le président de l’Alliance des écologistes congolais (Aéco), Didace Pembe Bokiaga, a profité de cette occasion pour apporter certaines précisions par rapport à ce phénomène.

Le député national et premier des écologistes congolais, Didace Pembe, a rappelé que la grande saison sèche débute en moyenne le 15 mai de chaque année et est caractérisée par l’absence des précipitations et des températures nettement moins élevées. a rappelé que ce fait est remarquable. «La dernière pluie observée un 23 juin à Kinshasa date de 1961 », a-t-il fait observer.

Selon lui, « cette pluie inopinée ne peut être attribuée au changement climatique étant donné que le phénomène avait été observé 61 ans plus tôt ». Il a fait remarquer que la pluie du 23 juin a été très acide car en tombant, elle s’est chargée de particules matières, d’ozone, de dioxyde d’azote (NO2), de monoxyde de carbone, de dioxyde de soufre et de plomb ainsi que d’autres particules nocives.

Pour le président de l’Aéco, ce phénomène météorologique interpelle donc les Kinois et tous les Congolais sur un autre problème de santé publique largement ignoré par les autorités. Il s’agit de la pollution de l’air dans la capitale qui est située dans une cuvette avec peu de vent pour évacuer les particules toxiques. «L’Organisation mondiale de la santé estime que la pollution de l’air est à l’origine de près de 200 000 décès chaque année en Afrique (WHO, 2016). Si cette question sur la dégradation de la qualité de l’air reste pendante, le continent africain atteindrait 600 000 décès en 2050 », a souligné Didace Pembe.

Il a fait également observer que le trafic routier est intense dans la ville de Kinshasa, avec presque 90 % de vieux véhicules en mauvais état, ne disposant pas de pot catalytique ni d’autres dispositifs d’épuration de gaz. «Les moteurs diesel rejettent des doses massives de NO2 tandis que les moteurs à essence utilisent toujours un carburant avec une teneur en plomb égale à 0,10 g/l. Or, il n’existe pas de seuil en-dessous duquel l’exposition au plomb n’aurait pas d’effets nocifs (WHO, 2019) », a-t-il alerté.

Des pluies acides qui polluent l’eau du fleuve et les nappes phréatiques

Le président de l’Aéco fait aussi savoir qu’en 2017, la ville de Kinshasa ne disposait même pas d’une stratégie de collecte de données en rapport avec la pollution de l’air. C’est alors qu’un système de télédétection atmosphérique a été installé sur le toit de la Faculté des sciences de l’Université de Kinshasa, dans le cadre d’une collaboration avec l’Institut d’aéronomie spatiale de Belgique. «Ces instruments fournissent des renseignements sur les densités de la colonne verticale troposphérique de quelques molécules traces dont le redoutable NO2. Comme le satellite l’avait déjà observé depuis de nombreuses années, la signature saisonnière du NO2 est marquée par un pic en saison sèche, expliqué par l’absence de précipitations pour “laver” l’atmosphère », a souligné Didace Pembe.

En conséquence, il a relevé que la pollution de l’air diminue durant la saison des pluies grâce aux précipitations, mais ces pluies acides polluent l’eau du fleuve et les nappes phréatiques. « Les végétaux que nous consommons contiennent du plomb et n’effectuent plus correctement la photosynthèse. En saison sèche, la pollution en suspens est “respirée” par nos concitoyens », a-t-il alerté.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Didace Pembe

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