Premiers Jeux africains: Brazzaville entre dans l’histoire du sport mondial

Samedi 2 Mai 2015 - 18:50

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L’organisation au Congo-Brazzaville de cette compétition regroupant la jeunesse sportive africaine ne s’est pas fait sans mal. Que le chemin fut lent et sinueux pour voir le Congo être choisi comme pays organisateur des premiers Jeux africains, cinq ans seulement après son accession à l’indépendance. Un pari à la fois fou et osé que le pays a su relever en s’équipant d’infrastructures modernes et d’un comité d’organisation à la hauteur de l’évènement. Évocation.  

Réunie à Paris au mois de juin 1962, la conférence des ministres chargés de la Jeunesse et des Sports dans les  États africains et malgaches d’expression française avait décidé de confier au Congo-Brazzaville le soin d’organiser les Jeux de 1965.

Les manifestations sportives « africaines » précédentes, appelées Jeux de la communauté, puis jeux de l’Amitié, s’étaient déroulées à Antananarivo en 1960, à Abidjan en 1961, à Dakar en 1963 et avaient été précédées en 1959 à Bangui des jeux Interafricains.

Initialement y participaient les seules délégations des pays francophones d’Afrique ainsi que les équipes de la France et celles de ces territoires d’Outre mer. Par la suite, on enregistra la participation, timide à Abidjan, plus importante à Dakar, des États africains d’expression française ainsi que celle de la République arabe unie (RAU) et des pays du Maghreb.

Devant  cette évolution logique, dictée par le contexte historique et politique de l’émancipation africaine, la nécessité était apparue de donner aux jeux futurs leur signification véritablement africaine en conviant l’ensemble des pays indépendants du continent à y participer et en obtenant  leur reconnaissance officielle, comme jeux régionaux, par le Comité international olympique (CIO). Il est évident qu’il n’était plus possible, dans cette perspective nouvelle, de reconduire les formules selon lesquelles avait été conçue jusqu’alors l’organisation technique des jeux.

C’est pour cette raison que l’assemblée des ministres de la jeunesse et des Sports réunie à Dakar le 12 Avril 1963, chargea le Congo-Brazzaville d’étudier et de définir les nouvelles règles qui seraient appliquées aux Jeux de 1965 à la fois sur le plan des structures et sur celui de la participation. La conférence préparatoire aux premiers jeux Africains, qui regroupa à Brazzaville du 24 au 29 février 1964 les représentants mandatés de vingt et un États pris dans cet esprit des décisions suivantes :

a) Structure organique : un comité permanent des Jeux africains a été institué qui comprend un représentant par pays participant et disposant comme organe d’exécution le secrétariat général des jeux,

b) Organisation technique, chargé entre autres des épreuves éliminatoires,

c) Minima d’Athlétisme et de nation,

d) participation féminine : timidement amorcée à Dakar, elle  a été officialisée par l’inscription au programme d’athlétisme de six épreuves nouvelles.

L’envoi du procès-verbal de cette Conférence préparatoire aux autorités sportives internationales a suscité une réaction inattendue de la part de la Fédération internationale d’athlétisme qui avait estimé que le fait, pour les organisateurs des Jeux de 1965, de ne pas y inviter les représentants de l’Afrique du Sud, pourtant affiliés à l’Association internationale des fédérations d’athlétisme (IAAF), constituait une violation de ses règlements. Ses dirigeants s’étaient jugés dès lors fondés à refuser au Comité d’organisation l’autorisation de faire disputer des épreuves d’athlétisme au cours d’une manifestation qui porterait le nom de « Premiers jeux africains ».

Le comité permanent prit alors la décision de constituer une délégation qui, sous la conduite de M. Jean Claude Ganga, secrétaire général des Jeux, se rendrait à Londres pour rechercher un terrain d’entente avec l’IAAF. C’est ainsi que M. Marquis d’Exeter, assisté de DT. Pain reçut le 23 février 1965, au siège de l’IAAF, MM. Badara Sow (Mali), Ordia (Nigeria), Rakotobe (Madagascar) et Jean Claude Ganga (Congo-Brazzaville) qui lui exposèrent le point de vue du Comité permanent et du Comité d’organisation.

À l’issue de cet entretien et compte tenu du fait que le président du CIO avait entre-temps fait connaître sa décision d’accorder le patronage du Comité international olympique aux Jeux africains de 1965, le président de l’IAAF, après avoir admis que l’Afrique du Sud n’avait pas à y être invitée, puisqu’aussi bien elle ne l’avait pas été aux Jeux de Tokyo, accorda l’autorisation d’organiser les épreuves d’athlétisme aux Premiers jeux africains. Cet obstacle ayant été levé rien ne s’opposait plus à l’application des formules nouvelles dont le Comité permanent  avait recommandé l’application au Comité d’organisation de Brazzaville.

Cela ne signifie pas d’ailleurs qu’elles sont les meilleures et qu’elles resteront immuables : car tout comme les organisateurs congolais ont bénéficié de l’expérience de leurs prédécesseurs, les organisateurs des Jeux africains futurs sauront tirer tous leurs renseignements utiles de ceux de Brazzaville.

Il appartiendra au Comité permanent des sports africains qui a été constitué, dans la capitale du Congo au cours de la semaine précédant les manifestations de 1965 de leur proposer les réglementations nouvelles à appliquer  pour que les IIes Jeux africains et leurs suivants puissent soutenir, jusque dans les détails de leur organisation, la comparaison avec les autres Jeux régionaux reconnus par le Comité international olympique.

Le 18 Juillet 1965, les premiers jeux africains furent lancés en présence du président du Congo-Brazzaville, Alphonse Massamba-Débat, au cours d’une cérémonie d’ouverture riche en couleurs marquée par le défilé des délégations sportives, l’allocution de bienvenue du président du comité d’organisation, la déclaration solennelle d’ouverture des Jeux par le président de la République, le serment olympique,  l’exécution de l’hymne des Jeux pendant que sont hissés le drapeau olympique et le drapeau des jeux, le lâcher des pigeons, le festival gymnique et le feu d’artifice.                             

Hervé Brice Mampouya

Légendes et crédits photo : 

photo 1: Les délégations sportives alignées sur la pelouse du stade omnisport de Brazzaville photo 2: L'emblème des premiers jeux africains Crédit photo"DR