Rapport sur les inégalités mondiales 2022 : les écarts s’accentuent

Mercredi 8 Décembre 2021 - 12:39

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Le symbole des écarts des inégalités serait l’Américain Elon Musk, première fortune mondiale.  En effet, les plus riches ont vu croître leur fortune grâce à des patrimoines financiers, constate le Worl Inequally Report 2022, qui dresse un état des lieux des inégalités mondiales.  La crise sanitaire covid-19 y est pour beaucoup. 

 

 

Il s’agit d’un rapport de 228 pages qui milite pour la mise en place d’une imposition progressive du patrimoine à l’échelle mondiale et d’un registre financier international permettant d’agir contre l’évasion fiscale. Le rapport pointe une petite caste qui s’est constituée un patrimoine stratosphérique. Les dix premiers, tous Américains - à l’exception de Bernard Arnault, le patron français du groupe de luxe LVMH -  avec à leur tête le patron de Tesla (266 milliards de dollars), possèdent plus de cent milliards de dollars chacun, selon le classement  du magazine américain Forbes.  Leur fortune provient, pour l’essentiel, de la Tech et d’une envolée des cours boursiers, notamment Jeff Bezos d’Amazon, et Mark Zuckerberg de Facebook. 

En cause, la pandémie de covid‑19 qui a entraîné une crise mondiale sans précédent qui n’épargne pas davantage les pays du Nord que ceux du Sud. Au‑delà de ses conséquences sanitaires, cette crise renforce considérablement les défis globaux auxquels la planète est déjà confrontée : la survenance des pandémies du fait de la détérioration de la nature et l’apparition concomitante des zoonoses, l’accroissement des inégalités entre les pays et à l’intérieur des pays ainsi qu’entre les individus à l’intérieur du pays et sur la planète, l’augmentation de la pauvreté, l’insécurité alimentaire, le développement des fragilités et des instabilités.

« Après plus de dix-huit mois de covid-19, le monde est encore plus polarisé » en termes d'inégalités de richesse, indique Lucas Chancel, codirecteur du World Inequality Lab à l'Ecole d'économie de Paris. « Pendant que le patrimoine des milliardaires a pris plus de 3 600 milliards d'euros, ce sont cent millions de personnes supplémentaires qui ont rejoint les rangs de l'extrême pauvreté », a-t-il détaillé, alors que depuis vingt-cinq ans, l'extrême pauvreté avait baissé.

Ainsi, les cinquante-deux personnes les plus fortunées ont vu la valeur de leur patrimoine croître de 9,2% par an depuis vingt-cinq ans. « Etant donné la concentration très forte des richesses, une taxation modeste et progressive peut engendrer des revenus significatifs pour les gouvernements » dont l'endettement s'est envolé face à la crise de 2007-2008 et la pandémie, propose le rapport. 

Les inégalités mondiales exacerbées par la covid-19

Toutes les formes d'actifs doivent être concernées, surtout les actifs financiers qui représentent l'essentiel des fortunes modernes. Le rapport évalue une hypothèse de taxation en plusieurs tranches, à partir d'un million de dollars, et progressive jusqu'à une tranche haute supérieure à cent milliards de dollars de patrimoine. Sur l'évasion fiscale, le rapport préconise la création d'un registre financier international, par exemple sous l'égide de l'OCDE ou de l'ONU, qui « permettrait aux autorités fiscales et réglementaires de vérifier si les contribuables déclarent correctement leurs actifs et revenus du capital, indépendamment de ce que les institutions financières offshore veulent communiquer ». 

Lucas Chancel « observe les prémices d'un changement », citant l'introduction d'une contribution exceptionnelle sur les grandes fortunes en Argentine, et le volontarisme du président américain Joe Biden. L'adoption après des années de négociations d'un projet d'imposition minimale à 15% sur les riches multinationales serait aussi, selon lui, un signe du changement. « On y arrivera à un moment car il y a un besoin des Etats de financer leurs dépenses », a-t-il souligné.

Après trois décennies de mondialisation commerciale et financière, les inégalités restent extrêmement prononcées. En outre, la pandémie de covid-19 a exacerbé encore davantage les inégalités mondiales. De manière plus générale, les inégalités de richesse restent à des niveaux extrêmes dans toutes les régions du monde. Les 1% les plus riches ont accaparé 38% de toute la richesse supplémentaire accumulée depuis le milieu des années 1990, tandis que les 50% les plus pauvres n'en ont capté que 2%. Les inégalités entre les sexes restent considérables au niveau mondial, et les progrès au sein des pays sont trop lents ; les inégalités écologiques ne sont pas seulement un problème entre pays riches et pays pauvres, mais plutôt un problème entre pays à fortes émissions et pays à faibles émissions.

Noël Ndong

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