RCA : l’Union africaine mise sur la diplomatie de la réconciliationLundi 21 Juillet 2025 - 11:45 L’annonce de la dissolution officielle de deux groupes armés en Centrafrique centrafricaine (RCA) - l’Union pour la paix en Centrafrique (UPC) et 3R (Retour, réclamation et réhabilitation) - a été saluée par l’Union africaine (UA) comme un « pas décisif » vers une stabilisation durable d’un pays meurtri par plus d’une décennie de conflits. Signé à N’Djamena sous l’égide du Tchad, l'accord de paix intervient dans un contexte où la géopolitique régionale semble favorable à une relance du processus de désarmement. « Cet engagement est un signal fort pour la paix. Nous appelons les autres groupes à emboîter le pas », a déclaré le président de la Commission de l’UA, Mahmoud Ali Youssouf, dans un communiqué officiel. Une paix juridique sous condition Sur le plan juridique, cette dissolution pose les bases d’un processus de désarmement volontaire, mais reste fragile sans mécanisme robuste de justice transitionnelle et de réinsertion. Les précédents accords, notamment celui de Khartoum en 2019, signé avec quatorze groupes armés, avaient échoué à consolider une paix durable. Selon un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) en 2024, plus de 60 % du territoire centrafricain restait encore en 2023 sous contrôle non étatique. Une situation humanitaire encore critique Depuis le début de la crise en 2013 , déclenchée par le renversement du président François Bozizé par la coalition Séléka, plus de 1,4 million de personnes ont été déplacées et 3,1 millions dépendent toujours de l’aide humanitaire (Ocha, 2024). Malgré la présence de 14 000 casques bleus de la Minusca, déployés depuis 2014, l’État centrafricain reste structurellement fragile. Une opportunité stratégique pour l’UA et ses partenaires Pour la communauté internationale (ONU, France, Russie, Union européenne), cet accord est à la fois une fenêtre diplomatique et un test stratégique. L’UA y voit un levier pour réaffirmer son rôle de garant de paix sur le continent, dans un contexte régional marqué par des transitions militaires (Tchad, Soudan) et des tensions transfrontalières. Mais cette paix dépendra des prochaines étapes : désarmement effectif, intégration dans le cadre Désarmement, démobilisation, réintégration, garanties de sécurité pour les ex-combattants et inclusion des forces politiques encore marginalisées. Perspectives « L’UA ne peut réussir seule : il faut un soutien cohérent des bailleurs, des États voisins et de la société civile centrafricaine », estime un diplomate de la Communauté Économique des États de l'Afrique Centrale. Le président centrafricain, Faustin Archange Touadéra, s’est félicité de « l’esprit de responsabilité » des ex-combattants, tout en appelant à un « dialogue national permanent ». En effet, l’accord de N'Djamena est un jalon, pas une solution. Il marque une rare dynamique positive dans une région fragilisée. Mais sans mise en œuvre rigoureuse, garanties de sécurité, justice et réconciliation, cette initiative risque de s’ajouter à la liste des accords oubliés. L’Afrique centrale n’a pas besoin d’un accord de plus, elle a besoin de paix réelle, et d’un multilatéralisme régional qui fasse de la stabilité un projet partagé. Noël Ndong Notification:Non |