Somalie : les acteurs politiques exhortés à reprendre les pourparlers

Lundi 3 Mai 2021 - 12:00

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La prolongation de deux ans du mandat de l’actuel chef de l’Etat, jugée illégale par l’opposition, est au cœur de la grave crise politique que traverse le pays depuis le 8 février dernier, date à laquelle son pouvoir est arrivé à échéance, sans que les élections n’aient pu se tenir. C’est finalement sous pression par ses alliés que le président Mohamed Abdullahi Mohamed se résout actuellement à les organiser dans les meilleurs délais.

En signe d’apaisement, le chef de l’exécutif a annulé de facto la prolongation de son mandat et appelle les acteurs politiques à tenir des « discussions urgentes » sur la manière de conduire le vote, dans l’espoir de mettre un terme aux tensions politiques qui enflaient dans le pays. Une situation aggravée par le fait que le Parlement avait voté une loi pour prolonger le mandat du président.

Un des leaders influents de l’opposition, Abdirahman Abdishakur, rejette l’ouverture du chef de l’Etat, estimant qu’il « a perdu une occasion de dire au revoir au peuple somalien ». Du côté du gouvernement, le Premier ministre, Mohamed Hussein Roble, salue la décision du chef de l’Etat et appelle à « l’accélération d’élections justes et libres », dont la charge lui a été confiée de les organiser. Il demande, par ailleurs, aux commandants militaires de « ramener leurs forces à leur base » et exhorte les leaders de l’opposition à « arrêter les actes et mouvements qui peuvent générer un conflit violent ».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, exhorte toutes les parties prenantes somaliennes « à reprendre des négociations immédiatement » pour sortir de la crise. Les Etats-Unis, allié-clé du pouvoir somalien, disent pour leur part, « envisager tous les instruments disponibles, y compris les sanctions », si les acteurs politiques refusaient d’aller au dialogue en vue de la tenue des scrutins présidentiel et législatif.

Mohamed Abdullahi Mohamed est revenu sur la décision de prolonger son mandat, parce que la situation était devenue instable dans le pays.

Appels à la tenue des élections inclusives

L’une des raisons qui explique le recul du chef de l’Etat est le fait que la communauté internationale a multiplié des appels à la retenue et à l’organisation des « élections inclusives », avertissant que les différends politiques en Somalie détournaient l’attention de la lutte contre les islamistes Shebab.

A Mogadiscio, la capitale, plusieurs ambassades occidentales n’ont eu de cesse à faire part de leur « grande inquiétude » concernant les violences de ces derniers jours, et exhortent les acteurs politiques à reprendre les pourparlers. Les représentations diplomatiques insistent sur la nécessité d’un retour à la normale dans le pays, craignant que l’inquiétude qui grandissait sur un possible éclatement des forces de sécurité ne puisse de nouveau hanter la population.

La mission de l’ONU en Somalie se dit « particulièrement alarmée par la fragmentation émergente de l’armée nationale somalienne selon des lignes claniques ». « Le recours aux forces de sécurité pour la poursuite d’objectifs politiques est inacceptable », prévient-elle dans un communiqué.

La plupart des acteurs politiques somaliens disposent de combattants et d’armes, et les allégeances aux clans ont été ravivées par le conflit électoral, estiment des analystes. « Quand on évoque un effondrement des forces de sécurité selon des lignes claniques, ça rappelle vraiment la guerre civile qui a débuté à la fin des années 1980 et début 1990 », relève Omar Mahmood, analyste à l’International Crisis group.

En 1991, la chute du régime militaire de Siad Barré avait précipité le pays dans une guerre de clans, dont les milices se sont affrontées durant des années dans les rues de Mogadiscio, avant que n’apparaisse la rébellion islamiste des Shebab, qui ont contrôlé la capitale jusqu’en 2011 et ont fini par être chassés par les troupes de l’Amisom. Ces islamistes contrôlent toujours de larges portions du territoire et mènent régulièrement des attaques contre des cibles gouvernementale, militaire et civile à Mogadiscio et dans plusieurs grandes villes du pays.

 

 

Nestor N'Gampoula

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