Suspension du PPRD : les cadres de la formation politique dénoncent un acharnement

Mercredi 29 Octobre 2025 - 11:41

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La récente suspension des activités du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD) a suscité, sans surprise, des réactions outrées de ses cadres, vite enclins à dénoncer ce qu'ils considèrent comme un acharnement politique.

La décision du ministre de l’Intérieur, Jacquemin Shabani, entérinée par le Tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, continue de susciter la colère de la direction du PPRD. Celle-ci y voit une manœuvre politique, dénonçant ce qu’elle qualifie de « dérive dictatoriale » destinée à museler la principale formation d’opposition issue de l’ancien président de la République, Joseph Kabila.

Surfant sur la violation de la procédure étant entendu qu'ils n'ont jamais vu l'arrêté ministériel faisant mention de la décision, Aubin Minaku et Emmanuel Shadari, respectivement vice-président national et secrétaire permanent, ont déclaré n'en être pas liés. Sur ce, ils ont pris l'option de poursuivre leur lutte dans le cadre légal sans interférence du pouvoir. "Cette suspension ne nous engage pas, elle ne nous concerne pas", ont-ils déclaré lors d'un récent point de presse.

Du côté du ministère de l'Intérieur, aucune réaction officielle n'a été enregistrée par rapport à ce qui a tout l'air d'un défi. Néanmoins, la fermeté continue d'être affichée pour contraindre les responsables du PPRD à s'incliner devant cette décision présentée comme une mesure de sauvegarde de l’ordre public, de la cohésion nationale et de la stabilité institutionnelle. En effet, plutôt que d'être perçue comme une mesure partisane, l'autorité publique présente la décision comme un acte de responsabilité républicaine.

Déjà suspendu une première fois en mai dernier avant de proclamer, unilatéralement, la reprise de ses activités, le PPRD passe, aux yeux des autorités, pour un parti n'ayant tiré aucune leçon ni démontré sa volonté de se conformer aux exigences de la légalité républicaine. La participation active de ses cadres au conclave de Nairobi, convoqué par son leader Joseph Kabila actuellement en disgrâce avec le pouvoir en place, ne plaide pas en sa faveur en plus de ses présumées accointances avec la rébellion M23/AFC.

En faisant prévaloir la loi et la discipline à travers l'interdiction des activités du PPRD, le ministre de l'Intérieur n'aurait fait qu'exercer ses prérogatives régaliennes face à un parti dont les agissements trahissent un agenda souterrain. Derrière le vernis d’un prétendu exercice démocratique, se dissimulerait une stratégie de fragilisation des institutions républicaines, se persuade-t-on dans la haute sphère étatique. Au-delà des accusations, il s’agit d’une décision prise dans le strict respect des procédures légales et validée par l’autorité judiciaire compétente.

Sylvain Andema

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