Opinion

  • Le fait du jour

Tribaliste, toi-même!

Samedi 20 Février 2016 - 12:32

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel


La campagne électorale du scrutin présidentiel prochain débutera, le 4 mars, à minuit, pour s’achever, le 18 mars, à la même heure. Nous entrerons alors dans une période de tumulte qui verra s’enchaîner meetings, carnavals, processions de toutes sortes sur le territoire national. Ainsi que nous le soulignions ici-même, la semaine dernière, nous entendrons des tas de paroles lâchées à ces occasions par les hommes et les femmes qui ambitionnent de prendre en main les destinées du Congo pour les cinq prochaines années.
Comme cela se voit, les rendez-vous électoraux sont des moments de veille pour les responsables politiques. Bien plus lorsqu’ils se déclarent candidats à une élection majeure comme la présidentielle. Ces périodes les incitent à débattre, à parler, donc à se débusquer, à se dévoiler. Parce qu’ils se laissent aller à ce jeu, ils fournissent aux observateurs le matériau qui peut aider à les apprécier : volent-ils haut lorsqu’ils abordent les questions d’intérêt national ou sont-ils des personnages d’une tragi-comédie traversés par tant de rancœurs et prêts à en découdre ? Font-ils preuve d’un peu d’humour dans la lecture des événements ou sont-ils des hommes rigides comme du bois de fer, incapables d’admettre une opinion contraire ?
Il y a quelques jours, du haut de leurs atours de candidats déclarés à l’élection présidentielle prochaine, deux éminents dirigeants avaient entrepris de réduire le fond de leurs déclarations publiques à la sphère de leurs appartenances régionales et ethniques : « Tribaliste, toi-même », pourrait-on résumer la querelle qui les oppose sans doute jusqu’à ce jour et qui tire sa source, globalement, de leurs différences de vues sur la façon de faire la politique, peut-être, d’exister en politique. Candidats à ce niveau de la compétition électorale, ils doivent compter chacun sur l’appui des  partisans prêts à suivre leurs consignes. Attention !, s’ils leur servent un discours ethniciste, ces derniers se massacreront !
À vrai dire, cette passe d’armes orageuse n’a son côté négatif que le fait de voir deux personnalités de cette envergure ramener la querelle politique à leur lieu de naissance ou de provenance. On devrait, en effet, pouvoir laisser « nos pauvres ethnies » tranquilles et se contenter de regarder ce que l’on doit offrir à la Nation congolaise. Ceci dit, cette altercation a un côté éminemment positif auquel il faut s’en tenir : partout où l’ethnie a voulu prendre le dessus sur le cercle vertueux de la Nation, rien de durable n’a été réalisé. 
Croire, en effet, que le futur président de la République, s’il est de votre ethnie, de votre village, ou de votre région, déversera sur vous toutes les félicités imaginables, comme le Très-Haut déversa le Saint-Esprit sur Jérusalem le jour de la Pentecôte est folle utopie. Dans ce Congo qui compte une cinquantaine d’ethnies, aucune d’elle n’a des assises suffisantes pour élire son président et ensuite l’apprivoiser pendant longtemps. Il faudrait plutôt qu’à l’occasion de l’élection du 20 mars, les candidats sans renier leurs attaches familiales,  abandonnent le projet de société ethnique au profit du projet de société national. Ce serait le seul moyen pour eux de pouvoir parler avec courage aux Congolais des douze départements qui sont un seul et même peuple établi depuis des lustres sur leur territoire de 342 000 km2.
Si tel n’est pas le cas, éminents présidentiables, s’il-vous-plaît, ravisez-vous de chercher à diriger vos compatriotes.
 

Gankama N'Siah

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

Notification: 

Non

Le fait du jour : les derniers articles
▶ 14/6/2025 | À petits pas
▶ 10/6/2025 | Malaise en CEEAC
▶ 31/5/2025 | La donne politique en RDC
▶ 24/5/2025 | 1000 fois 2
▶ 26/5/2025 | La Décennie verte
▶ 19/5/2025 | Équations librevilloises