Voir ou revoir « Kuma » ou la révolte silencieuse de Hawa Aliou

Jeudi 11 Février 2021 - 20:06

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Réalisé en 2019 par la Malienne Hawa Aliou Ndiaye, ce film plonge dans la vie de deux filles, victimes de viol. Ce court métrage dénonce des actes de viols sexuels et d’inceste dont sont victimes les femmes dans certains pays africains.

D’une durée de treize minutes, ce court métrage de fiction ‘’KUMA’’ relate l’histoire de Anita et sa petite sœur, toutes les deux victimes d’abus sexuel, dont l’auteur de ces actes inciviques n’est autre que leur propre père. Une histoire inspirée des faits réels et assez récurent dans plusieurs pays africains. « L’idée est née pendant que j’étais en séjour à Madagascar. Mais ce n’était pas en fait nouveau car dans son pays on entendait parler déjà des faits similaires sur les antennes des radios. Et tout de suite le déclic de faire un documentaire sur les violences sexuelles m’est venu à l’esprit », a-t-elle expliqué.

Ce film traite par ailleurs des questions de violences sexuelles au Mali, en particulier, en Afrique, en général, surtout dans ses aspects psychosomatiques qui ne sont pas toujours mis en évidence dans notre société ; alors que par ses aspects que les violences sexuelles sont les plus destructives pour les femmes en Afrique, aussi bien dans sa dimension personnelle que dans sa dimension sociale. Anéantit par la douleur, la jeune fille aperçoit d’un regard teinté de dégoût, dans la cour familiale, son père violeur qui sort de la maison après un forfait et, sa victime du jour, la jeune cadette d’Anita qui n’avait que moins de dix ans. Alors de retour dans la maison, Anita, avec un visage serré et un regard vif décide de mettre fin aux actes barbares de son père, où elle le suit dans la chambre et quand ce dernier tente de la violer, elle va se servir du couteau qu’elle cachait dans son habit pour agresser son père qui finit par rendre l’âme dans la foulée de l’action.

En effet, la mort de son agresseur sera alors accueillie par cette dernière comme un acte de libération pour cette dernière qui a trop souffert du comportement barbare de leur père et cette délivrance elle va la savourer sous une pluie battante, en exprimant ainsi sa joie à travers une danse ; une liberté pour celle qui était hantée et l’espoir pour sa sœur qui ne sera plus victime des actes de viols. Elle lance par contre un sourire à sa sœur et poursuit sa danse dans la rue où elle sera arrêtée par la police.

Incarcérée et emprisonnée, l’héroïne du film Anita fait place à tous les maux où elle est désormais obligée de partager les mêmes selles avec des femmes prostituées et délinquantes. En quelques images effrayantes tournées dans les prisons, la réalisatrice transcrit le sentiment de peur qui habite les humains dans ces lieux, ou parfois des personnes de bonne moralité partage les mêmes cellules avec des détractés mentaux. Elle se sert par ailleurs de la séance de prison odieuse de son héroïne pour dénoncer les conditions de détention dans les prisons en Afrique, aussi pour permettre aux téléspectateurs d’être plus près de l’action et de pouvoir mieux appréhender les émotions de ceux qui endurent les souffrances dans ces prisons. Autodidacte, Hawa Aliou Ndiaye a déjà réalisé plusieurs films, entre autres : ‘’les mains d’or de Samba’’ ; ‘’l’absence’’ ; ‘’école des otages’’.

Cissé Dimi

Légendes et crédits photo : 

Illustration

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