Voir ou revoir : « The last tree » de Shola Amoo

Jeudi 8 Juillet 2021 - 21:16

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Un seul garçon, mais deux vies, deux visages maternels et deux cultures. Inspiré de la vie du réalisateur britannique Shola Amoo, « The last tree » dresse le portrait de Femi dont la vie est enchevauchée d’épreuves sur la quête d’identité et sa place dans la société.

« The last tree » est une sorte d’autobiographie sur un pan de la vie du réalisateur. Sans pourtant tomber dans les clichés raciaux et l’apitoiement narcissique, le film emmène le téléspectateur à plonger pas à pas dans le combat de Femi qui se retrouve partagé entre deux mondes imposés par son passé et son présent.   

Les années 1990, en Angleterre, quelque part dans la paisible campagne de Lincolnshire, Femi grandit joyeusement dans une famille d’accueil gouvernée par Mary. Cette dame blanche a su donner à ce garçon noir un cadre familial stable et une affection sincère. Membre d’une confrérie dénommée « Le clan des loups », l’adolescent de 11 ans se sentait bien entouré dans sa communauté hétérogène où il brillait non seulement à l’école mais également avec ses copains quand il s’adonnait au foot, sa grande passion. Quand il doit tout quitter pour aller vivre avec sa mère biologique dans un logement social à Londres, tout son monde s’écroule.

Entre les codes culturels de sa mère qui lui sont étrangers et ce nouvel environnement citadin compliqué, Femi se sent perdu au moment de déterminer quel genre d’adulte il veut devenir. Une image pas très courante au cinéma afro car le plus souvent le retour aux sources et la quête d’identité se rattachent aux proches biologiques. Or là, en retournant le scénario, Shola Amoo livre au public l’impact de l’environnement sur notre quête identitaire personnelle et nos origines, en fonction du milieu où nous avons construit notre vie.

De façon globale, le film est découpé en trois chapitres. Par un fondu enchaîné, on passe d’une séquence à une autre. Les images prennent leur temps et cette lenteur des scènes est faite à dessin afin non seulement de rendre compte du temps qui passe mais aussi de l’impact psychologique que cela représente sur chaque personnage, particulièrement Femi qui en constitue l’ossature.

Le sentiment de rejet, de colère et quelquefois aussi de pudeur représente une juste mesure des saisons par lesquelles sont passés les acteurs pour comprendre leurs circonstances présentes. Le but étant d’éviter aussi en quelque sorte les idées préconçues dans les actions et réactions de chaque personne dans la société. Une complexité dont la morale à retenir est : « Qu’importe son passé et les épreuves dont on a enduré, s’apitoyer sur son sort n’est pas le mieux à faire. On peut toujours se relever et décider d’aller de l’avant ».

Ce deuxième long-métrage de Shola « The last tree » a été présenté à la première de Sundance 2019 dans le cadre de la compétition mondiale du cinéma dramatique. Le film est sorti en salles au Royaume-Uni par le biais de Picture house Entertainment et il avait reçu le prix du meilleur scénario de la Writers Guild of Great Britain et a remporté deux prix au British Independent Film Awards, dont le meilleur espoir pour Sam Adewunm et la meilleure actrice dans un second rôle pour Ruthxjiah Bellenea.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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