Voir ou revoir : « Les femmes du pavillon J » de Mohamed Nadif

Vendredi 25 Juin 2021 - 14:33

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Pour son second long métrage, sorti en octobre 2019, le réalisateur marocain Mohamed Nadif traite de la bienveillance en société, faute de quoi de nombreuses personnes sombrent dans la dépression après un vécu douloureux.  

« Les femmes du pavillon J » c’est l’histoire de Rim, Amal et Ibtissam, toutes les trois internées dans le pavillon pour femmes d’un hôpital psychiatrique à Casablanca (Maroc). Chacune d’elle a été victime d’une tragédie familiale.

Rim a subi un inceste. Amal a perdu son enfant et s’incrimine d’avoir été négligente. Ibtissam, quant à elle, s’oppose aux principes et lois que sa famille bourgeoise lui impose, y compris le mariage forcé. Heureusement pour elles, elles sont bien traitées par l’infirmière qui suit leur thérapie. La surveillante se veut attentive et rigoureuse, sans en faire trop. En se montrant solidaire et humaine à leur égard, elle développe un lien d'amitié sincère avec ces trois patientes qu'elle a fini par adopter.

A travers chacune des raisons qui justifient la présence de ces femmes dans cet hôpital ainsi que leur complicité avec l’infirmière, le réalisateur du film exprime la soif de vouloir combler un vide sentimental qui déchire le cœur de chacune. En effet, Rim, Amal et Ibtissam se sentent rejetées par la société, particulièrement par leur famille. Et c’est d’ailleurs à cela que Mohamed Nadif tente d’attirer l’attention des cinéphiles.

Rim, par exemple, est autant victime du viol de son père que de l’inaction de sa mère ainsi que de celui de sa sœur, martyrisée également par ce bourreau. Cette situation l’a non seulement terrifiée mais elle l’a également rendue explosive, amère et colérique.

Dans la société d’aujourd’hui, il n’est pas rare de constaté le fléau grandissant de l’individualisme. Chacun étant préoccupé par sa vie oublie complètement l’autre. Au bureau, à l’école, dans un bus, dans nos maisons et partout ailleurs, nous rencontrons parfois des gens qui ne demandent qu’à être écoutés et compris. Mais combien sommes-nous à répondre à cet appel ? Le mal être est un fait dont alerte ce long métrage.

En dépit de son aspect dramatique, en regardant ce film d’environ 1h 30 min réalisé en arabe et sous-titré en français, on se laisse subtilement séduire par la beauté du jeu d’acteur abouti, tant l’interprétation se déploie avec spontanéité et justesse.

Notons que le film a été primé cette année au Festival Vues d’Afrique à Montréal au Canada, où il a obtenu le prix du meilleur long métrage dans la section Fiction internationale et le prix de la meilleure actrice octroyé à Rim Fethi.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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