Voir ou revoir : « Nous, étudiants ! » de Rafiki Fariala

Jeudi 26 Janvier 2023 - 19:06

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Premier film centrafricain à être sélectionné l’an dernier au Festival international du film de Berlin, « Nous, étudiants ! » est une plongée dans le monde de la vie universitaire à travers la vie de quatre étudiants.

Nestor, Aaron, Benjamin et Rafiki sont étudiants en licence d’économie à l’Université de Bangui. Naviguant entre les salles de classe surpeuplées, les petits jobs qui permettent aux étudiants de survivre, la corruption qui rôde partout, Rafiki nous montre ce qu’est la vie des étudiants en République centrafricaine, une société brisée où les jeunes continuent de rêver à un avenir meilleur pour leur pays. Avec ce point d’exclamation dans le titre de son film « Nous, étudiants ! », Rafiki Fariala se met entièrement dans la peau de ces derniers en vue d’affirmer dans un premier temps leur existence, leur importance pour l’avenir de la société et leur droit qui mérite d’être respecté ; puis dans l’autre, leur quotidien fait des hauts et des bas.

Cette psychologie, le réalisateur centrafricain de 25 ans l’intègre à l’entame de son œuvre puisque le film s’ouvre par un gros plan sur le visage d’un étudiant qui va ensuite entonner un chant. A en croire ses propos lors d’une interview accordée à RFI, « Que signifie être un étudiant à l’université de Bangui ? Tout est dans ce regard, derrière la caméra et devant la caméra. Présenter cet œil, c’est nous présenter  et nous dire : regardez cet œil innocent, cet œil de jeune qui cherche par où s’affirmer et dire ses rêves, ses ambitions, ses espoirs, ses difficultés ».

Au fur et à mesure des séquences de ce long-métrage documentaire acheté par Canal+ Afrique et sélectionné cette année au Fespaco, on y découvre, entre autres, l’absentéisme des professeurs, le harcèlement des jeunes étudiantes par leurs professeurs, les grossesses précoces et avortements, les raisons de certains échecs académiques, les conflits étudiants-professeurs, les conditions pénibles d’apprentissage, les grèves et retards de paiement des enseignants, la préférence des universités privées au détriment des universités publiques par le corps enseignant pour des raisons financières, etc.

« On a qu'une seule université publique. Là-bas, nous sommes entassés comme des sardines, parce qu’il n’y a pas assez de tables-bancs. Malgré tout, on essaie quand même d’étudier parce que nous devons avancer, ce ne sont pas les vieux qui vont changer les choses, mais la jeunesse », soutient Rafiki Fariala.

C’est vrai que ce film « Nous, étudiants ! » se déroule en Centrafrique, mais il n’en demeure pas moins qu’il peigne une réalité à laquelle beaucoup d’étudiants d’Afrique pourront se reconnaître. Les universités publiques sont le plus souvent laissées à la merci de toutes sortes de carence. Une réalité qui incombe aujourd’hui aux pouvoirs publics d’y mettre un terme en vue de permettre aux étudiants d’apprendre davantage dans des conditions requises. En effet, la formation et la connaissance sont des piliers non négligeables par lesquels une société s’élève. Négliger les conditions de vie et d’apprentissage dans les universités publiques revient en partie à sacrifier tout un potentiel de jeunes capables de contribuer au développement des nations africaines.

Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

L’affiche du film/DR

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