Interview. Déborah Basa : « Travailler pour recréer l’habitude auprès du public »

Jeudi 25 Novembre 2021 - 12:56

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

La cinéaste, productrice associée de la réputée société kinoise Bimpa Production, était au centre de l’organisation du festival Vision documentaire qu’a abrité l’Institut français du 17 au 20 novembre. Autour de cette interview exclusive avec Le Courrier de Kinshasa, elle affirme que cette troisième édition organisée après trois ans de silence marque le retour de l’événement créé pour contribuer à l’essor du cinéma congolais.  

La cinéaste Déborah Basa, coordonnatrice du festival Vision Documentaire (DR)Le Courrier de Kinshasa (L.C.K.) : Le festival Vision documentaire n’est pas une biennale mais il n’a connu que trois éditions en six ans. Pourquoi  ?

Déborah Basa (D.B.)  : Je suis coordinatrice du festival chapeauté par Bimpa Production. J’ai pris en main l’ensemble du projet depuis deux ans. Il fallait caler les dates avec l’Institut français pour sa relance car en six ans, nous avons connu trois ans d’absence, notamment aussi à cause des difficultés occasionnéees par la crise sanitaire liée à la pandémie de la covid-19. Cette année, c’est la relance effective des activités dans le but de faire asseoir la pratique du film documentaire au Congo et faciliter sa circulation à travers le monde. Cela consiste à inciter les jeunes à créer des projets documentaires.

L.C.K. : Outre assurer la coordination de ce festival, qui est Deborah Basa au demeurant  ?

D.B. : Cinéaste. En parallèle de mon poste de productrice associée à Bimpa Production, je viens de monter la boîte Ligne verte où les projets des femmes sont mis en avant. Nous travaillons en collaboration avec Bimpa Production.

L.C.K. : Comment avez-vous pensé la programmation et les activités maintenant que le festival signe son retour  ?

D.B. : La programmation est très riche quoique nous n’ayons pas beaucoup de films congolais à l’affiche. Néanmoins, nous avons eu le plaisir de programmer les deux derniers films du réalisateur congolais Dieu do Hamadi. Il est particulièrement mis en lumière à cette édition à travers Maman Colonelle et En route pour le milliard, le tout dernier qui marche très bien en ce moment. Il remplit les salles en Europe jusqu’à présent. Et, nous avons également le dernier long métrage d’Aïcha Macky, une documentaliste du Niger qui évolue très bien et dont le travail est très apprécié. Nous assurons deux vacations : une programmation pour tout public en journée avec des projections de 14h à 16h, puis une autre en soirée de 18h à 19h. Elles sont d’entrées libres.

L.C.K. : Il nous revient qu’en amont du festival se tient une formation. Comment est-ce organisé ? Une soirée du festival Vision Documentaire à la Halle de la Gombe (Adiac)

D.B. : En ce qui concerne la formation, nous avons préféré de mettre sur pied un atelier d’initiation au film documentaire. Ce, suite au constat que très peu de jeunes s’intéressent au film documentaire. Mais encore, la plupart des réalisations rencontrées renvoient au documentaire animalier, ce qui n’est pas toujours à considérer comme le modèle le plus représentatif pour ce genre de film. Car, il faut reconnaître que le documentaire c’est également raconter le réel, la vie des gens en les ayant pour acteurs. L’atelier a été mis en place avec deux cinéastes congolais, en l’occurrence Érick Kayembe et Moimi Wezam qui les ont animé avec brio pour les jeunes pendant trois jours. Ils ont donné les bases. Il était question de savoir notamment comment créer un film documentaire, comment monter un dossier et des astuces pour trouver des idées qui puissent aboutir à un sujet de film documentaire.  

L.C.K. : Bimpa Production prévoit-il de donner suite à cet atelier d’initiation ? Si oui, de quelle manière ?

D.B. : Depuis six ans, Bimpa Production accompagne des jeunes réalisateurs à travers les ateliers « De l’idée au film ». Lors de ces rencontres, nous leur donnons les b.a.- ba sur l’ensemble de la pratique du cinéma que ce soit au niveau de la fiction ou du documentaire. Généralement, la décision finale revient au formé d’opter pour la fiction ou le documentaire. Et, d’ordinaire, Bimpa Production n’hésite pas à accompagner les projets documentaires. Il a déjà assuré la production de cinq films documentaires. Nous avons toujours été ouverts et disposés à travailler sur les projets aboutis d’animation, fiction et documentaire à Un aperçu des participants à un atelier animé par Moimi Wezam (DR)travers ces ateliers.

L.C.K. : Comment se passe la relance du festival Vision documentaire après ses trois ans d’absence? Le public est-il au rendez-vous comme souhaité  ?

D.B. : Très franchement, c’est assez timide. C’est vrai qu’il faut considérer qu’il y a eu cassure durant trois ans mais aussi le temps de caler définitivement les choses avec notre partenaire officiel, nous avons eu très peu de temps pour communiquer et atteindre un maximum de gens. La fréquentation était timide mais nous espérons qu’au fur et à mesure, le public reprendra goût, reviendra chaque année au mois de novembre. Dans notre optique, nous voulons pérenniser les choses. Nous avons en vue de faire en sorte qu’en novembre, le mois du film documentaire, ils viennent en découvrir. Nous avons tout à fait conscience qu’il faut travailler pour recréer cette habitude auprès du public.

 

Propos recueillis par Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

1- La cinéaste Déborah Basa, coordonnatrice du festival Vision documentaire /DR 2 -Une soirée du festival Vision documentaire à la Halle de la Gombe /Adiac 3 -Des participants à un atelier animé par Moimi Wezam /DR

Notification: 

Non