![]() Tube du moment : Semeki fait rage à KinshasaMardi 13 Octobre 2020 - 15:45 Découvert sur la toile, le nouveau morceau du groupe Musique populaire pour la révolution (MPR) posté il y a à peine dix jours, le 2 octobre, est joué partout dans la capitale, partagé sur les réseaux sociaux et dansé avec autant de plaisir qu’il est chanté.
De manière très subtile, le groupe MPR (porté par les chanteurs Yuma et Zozo Machine) est présenté comme les actuels « peintres » des dérives de la société congolaise à l’instar de feu Franco en son temps. Tout comme le sien, le discours des jeunes chanteurs est simple, direct et franc exprimé dans un parler populaire. Dans Semeki, il est satirique évoquant le comportement volage qu’ont acquis hommes et jeunes dames. « Combien, mieux pour combien seras-tu le beau-frère ou la belle-sœur ? », une emphase sur le nombre de fois que se répètera le même manège. Le reproche fait à l’homme, c’est son inconstance qui donne matière à réflexion sur la réelle motivation à passer d’un style de filles à une autre comme par aventure. « Tu as commencé par des filles convenables habillées de longues robes comme des nonnes. Tu es passée aux jupes courtes, prétextant que c’est ce qui est à la mode. Est-ce un problème de choix qui pousse à ce changement de goût matin et soir ? » veut savoir MPR. Et d’ajouter : « Depuis que nous avons fait ta connaissance, combien de fois n’as-tu pas changé de visage ? Aujourd’hui nous avons affaire à Tiffany, demain ce sera Laëtitia, là-bas c’est Naomi, ici c’est Vanessa. À cette allure où vont les choses, tu finiras par épouser tout Kinshasa, papa ! ». Le « père » aligne les conquêtes à n’en pas finir, mais c’est sans oublier qu’entretemps, souligne les chanteurs, « celle que tu appelais bébé, nous ne la voyons plus, l’on n’y revient que dans les causeries ». MPR s’indigne pour de bon au constat que même la préférée a fait place à une autre qui apparaît sur son statut. « Est-ce la nouvelle ? » demande-t-il. Au grand dam du groupe, le père répond par l’affirmative. Et la question tombe : « Combien de fois t’appellera-t-on beau-frère ? Si cela compte pour des trophées c’en est trop ! » C’en est trop ! Visiblement affolé par le comportement léger de la « tantine », terme kinois utilisé en référence à une jeune dame, comme il l’avoue, le MPR est prêt à faire appel à un conseil de famille. Il n’arrive pas à s'expliquer cette diversité de profils : « Autrefois ce fut un musicien, il y a quelque temps encore c’était un homme d’affaires, là c’est un professeur, mais un politicien se profile déjà l’horizon ». Et d’ajouter : « Nous ne nous opposons pas à ton choix. Te poser la question ne revient pas à te condamner. C’est juste pour cerner ta conception des choses ». Et donc en fin de compte, comme pour le père, comme « le bébé » a disparu de la circulation et qu’un nouveau visage est sur le statut. « Est-ce le nouveau ? » demande-t-on à la jeune dame qui, elle aussi, confirme les soupçons. Désappointés, les chanteurs reviennent avec leur question : «Combien de fois t’appellera-t-on belle-soeur ? Si cela compte pour des trophées, c’en est trop ! » MPR ne remet pas au goût du jour une réalité passée, mais fait l’inverse. Il fait un retour dans le passé, Zaïre 1975, pour parler de ce qui fâche aujourd’hui. Une manière de souligner que, même hier, le phénomène aurait été sujet à la même critique. Ou encore, peu importe l’époque où cette pratique s’observe, elle reste répréhensible. D’usage hier ou aujourd’hui rien n’y change !
Nioni Masela Légendes et crédits photo :Photo 1 : Semeki fait rage à Kinshasa (DR)
Photo 2 : Un extrait du clip Semeki du groupe MPR (DR)
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