75e Assemblée générale de la santé : l’Afrique dit non à la réforme du Règlement sanitaire international

Mercredi 1 Juin 2022 - 12:07

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Les 194 pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) se sont réunis à Genève, en Suisse, du 22 au28 mai, à l’occasion des travaux de la 75e  Assemblée mondiale de la santé (AMS), pour tenter d’échafauder une réforme du système de santé mondial, dont les faiblesses ont été dévoilées par la pire pandémie depuis cent ans. Les pays africains se sont opposés à cette réforme qui avait pour thème « Santé pour la paix et paix pour la santé ».

Les ministres de la Santé se sont succédé à la tribune pour la première assemblée en présentiel depuis le début de la pandémie de coronavirus. Les discussions ont porté en particulier sur le financement durable de l’OMS qui ne dispose que d’un budget biennal autour de six milliards de dollars. « Il n’y a pas de meilleur investissement que la santé », a déclaré le patron des Nations unies, Antonio Guterres. Il faut dire que la pandémie de covid-19 a permis de dévoiler les faiblesses du système mondial de santé. Un toilettage du règlement sanitaire international (RSI) a été entrepris, pour permettre de répondre plus efficacement et plus rapidement aux urgences sanitaires.  Le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, seul candidat à sa propre succession, a rempilé à la tête de cette organisation. Il a rappelé que la pandémie n’est pas encore terminée, et que « ce n’est terminé nulle part tant que ce n’est pas terminé partout ». Il a appelé tous les pays à s'engager à atteindre la couverture vaccinale de 70% dès que possible. Dans la même veine, l’assemblée a décidé de la création d’une commission permanente des urgences issue du Conseil exécutif de l’OMS et activable en 24 h en cas d’urgence sanitaire de portée internationale. En parallèle, a été lancé le chantier d’un nouvel accord international sur la santé mondiale qui, pour ses partisans, devra être contraignant et pourrait venir compléter le RSI.

L’Afrique rejette la réforme du RSI

Les délégués africains dans l’ensemble se sont opposés à la réforme du RSI, proposée par les Etats-Unis. Ils considèrent que le texte américain constituerait une atteinte à la souveraineté des Etats membres. Car le RSI donne de larges pouvoirs à l’OMS pour décider de la politique sanitaire des pays signataires. Il est aussi juridiquement contraignant pour ces derniers. Le Botswanais Moses Keetile, porte-parole du bloc africain, a indiqué que « l’Afrique partage le point de vue selon lequel ce processus ne devrait pas être accéléré ». Une pétition a été lancée contre le RSI. En effet, sa réforme donne des pouvoirs étendus à l’OMS. Elle autorise le déploiement d’équipes d’experts sur les sites de contamination et la création d’un nouveau comité de conformité pour surveiller l’application des règles. Parmi les modifications proposées par le texte américain, on trouve « le droit de l’OMS de déployer des spécialistes dans le pays membre concerné (où un risque de pandémie existe, Ndlr) et de recommander un protocole sanitaire à adopter ».

Selon le RSI, le refus d’obtempérer des Etats membres provoque des sanctions variant de la suspension du droit de vote à l’Assemblée mondiale de la santé jusqu’à la suspension du même droit à l’Assemblée générale des Nations unies. Plusieurs pays ont qualifié cette réforme du RSI de « liberticide ». Les pays africains ont soulevé une objection, plaidant pour l’adoption de l’ensemble des réformes visant à améliorer le fonctionnement de l’OMS dans le cadre d’un « paquet holistique » à un stade ultérieur. Outre les pays africains, l’Iran, la Malaisie, la Russie et le Brésil ont également exprimé des réserves sur la réforme du RSI.

Noël Ndong

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