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Après la COP 27 place à la COP 15

Jeudi 15 Décembre 2022 - 18:22

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Une COP remplace une autre. La Conférence des Nations unies sur la biodiversité, appelée COP15, se tient dans la ville de Montréal, au Canada, du 7 au 19 décembre. Les gouvernements du monde entier se réunissent pour convenir, entre autres, d’une nouvelle série d’objectifs et de cibles qui guideront l’action mondiale en faveur de la nature jusqu’en 2030.

Bien que similaire à la COP27, la récente Conférence des Nations unies sur le climat qui s’est tenue à Sharm el-Sheikh, les deux réunions portent sur des questions différentes mais connexes. La COP27 s’est penchée sur les mesures à prendre dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et s'adapter à ces changements. La COP15, quant à elle, se concentre sur le monde vivant à travers la Convention sur la diversité biologique (CDB), un traité adopté pour la conservation et l’utilisation durable de la diversité biologique et des questions connexes.

La Conférence des parties sur la biodiversité a lieu tous les deux ans, mais cette année est particulièrement importante car un nouveau cadre mondial en la matière doit être adopté. Le cadre mondial sur la biodiversité pour l’après 2020 sera le premier adopté depuis les objectifs de biodiversité d’Aichi, en 2010. Lors de la COP10 qui s’était tenue au Japon cette-là, les gouvernements s’étaient engagés à atteindre les vingt objectifs d'Aichi en matière de biodiversité d’ici à 2020, notamment à réduire de moitié la perte d’habitats naturels et à mettre en œuvre des plans de consommation et de production durables. Selon un rapport de la convention sur la diversité biologique pour 2020, aucun de ces objectifs n’a été pleinement atteint. 196 pays ont ratifié la Convention sur la diversité biologique et devront adopter le cadre lors de la réunion de Montréal. 

La planète connaît un dangereux déclin de la nature dû à l’activité humaine. Il s’agit de la plus grande perte de biodiversité depuis l’extinction des dinosaures. Un million d'espèces végétales et animales sont aujourd'hui menacées d'extinction. Il n’a jamais été aussi urgent d’agir pour lutter contre la perte de biodiversité. L’existence de l’humanité dépend de la pureté de l'air, de la nourriture et d’un climat habitable, qui sont tous régulés par le monde naturel. Une planète saine est également le précurseur d'économies résilientes. Il est important de savoir que plus de la moitié du produit international brut mondial dépend d’écosystèmes sains, sont également essentiels pour atteindre les objectifs de développement durable et limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C, ou les changements climatiques risquent de devenir l’un des principaux facteurs de perte de biodiversité d’ici à la fin du siècle.

La COP15 a pour objectif de parvenir à un accord historique pour arrêter et inverser la perte de la nature, comme avec l’accord de Paris sur le climat de 2015. Ce qui sera adopté à Montréal sera essentiellement un plan mondial pour sauver la biodiversité en déclin de la planète. Les enjeux ne pourraient pas être plus élevés à Montréal. De nombreuses questions seront négociées. Le projet de cadre comprend plus de vingt objectifs, dont des propositions visant à réduire l'utilisation des pesticides, lutter contre les espèces envahissantes, réformer ou supprimer les subventions nuisibles à l'environnement et accroître le financement de la nature par des sources publiques et privées.

Des accords devront être conclus sur le financement, notamment sur le montant de l'aide que les pays riches apporteront aux pays en développement pour financer la conservation de la biodiversité, ainsi que sur l'accès et le partage des avantages, notamment en ce qui concerne l'utilisation des données issues des ressources génétiques. Il est également important que les solutions trouvées lors de la COP15 englobent l'ensemble de la société, du secteur financier et des entreprises aux gouvernements, en passant par les organisations non gouvernementales et la société civile. Etant donné le rôle crucial que jouent des écosystèmes sains dans tous les aspects de l’humanité, il est essentiel qu’un accord soit trouvé à Montréal et que le déclin de notre monde naturel soit stoppé.

Boris Kharl Ebaka

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Édition du Samedi (SA)

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