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Chef de l'oppositionSamedi 9 Avril 2016 - 13:30 Statut enviable ? Sans doute ! Qui pour en prendre les rênes ? Voilà deux questions essentielles dans la configuration actuelle du paysage politique congolais. De la suite que l’on y donnera pourrait, en effet, dépendre l’avenir de la jeune démocratie congolaise. Agée de seulement vingt-cinq ans elle subit, depuis son avènement, en 1991, les contrecoups de l’apprentissage, l’amateurisme de ses principaux acteurs à l’origine, pour partie, des crises internes aux formations politiques en présence, l’ingérence des forces extérieures, mais elle a aussi récolté quelques succès. Le fait que le principe même du pluralisme n’est pas remis en cause est un signe qu’elle va de l’avant. Aux termes de la Constitution votée le 25 octobre 2015, qui a commencé à produire ses effets avec notamment l’organisation de l’élection présidentielle en ce début d’année, l’opposition politique bénéficie d’un statut. L’article 63 de la loi fondamentale dispose : « L’opposition politique est reconnue en République du Congo ; elle ne peut subir de limites, quant à son existence et à ses activités démocratiques, que celles imposées à tous les partis politiques par la présente Constitution et la loi ». Au dernier alinéa, justement, ce même article précise : « la loi détermine le statut de l’opposition politique ». C’est cette bataille juridique qu’il faudra gagner après l’entrée en fonction du président élu, sans être juriste ou législateur, peut-être passera-t-elle par la tenue dans les délais raisonnables d’élections législatives ? En attendant que tout cela s’accomplisse, dissertons un tout petit peu sur les chances des potentiels candidats au scrutin sans urnes de la désignation du chef de l’opposition congolaise. Sous d’autres cieux où l’environnement politique est aseptisé, présentant un premier bloc au pouvoir, et un second à l’opposition, le problème ne se poserait pas. Dès lors, en effet, que le candidat d’un parti ou d’un groupement de partis est élu président de la République, qu’une majorité se dégage en faveur de ce dernier à l’hémicycle, les jeux sont faits. Le plus commodément du monde, la majorité et l’opposition se forment pour animer la vie politique. Dans le cas de notre pays, le Congo, les bases d’une compétition démocratique saine sont encore à poser. Pour plusieurs raisons : il y a trop peu de lisibilité dans la composition des forces de l’opposition, trop peu pour celles qui se réclament du Centre, trop d’alliés parfois au sein de la majorité. En tout un mélange de détails très souvent difficile à déchiffrer. A supposer que la victoire aidant, les formations politiques de la majorité présidentielle, en période de lune de miel pour l’instant sauront mettre de côté leurs boulimies partisanes légitimes pour faire triompher le projet de société du candidat qu’elles ont choisi, qu’en sera-t-il d’une opposition à plusieurs visages tel qu’on le voit de nos jours ? Le 6 avril, de guerre lasse, pourrait-on dire, Guy-Brice Parfait Kolélas a fini par lâcher du lest. Au cours d’une conférence de presse qui n’a pas été exempte de polémique, il a néanmoins reconnu les résultats officiels de l’élection tels que proclamés par la Cour constitutionnelle. De cette façon, sans le dire, il se désolidarise de certains de ses camarades de l’IDC-FROCAD, pour qui, le triomphe de leur cause résiderait exclusivement dans le rejet sans appel de la décision du juge du contentieux électoral. De déclaration en déclaration, ces derniers raidissent leur position ramant presque à contre-courant des aspirations à la quiétude communément partagées par leurs compatriotes. Guy-Brice Parfait Kolélas souhaiterait-il porter le costume de chef de l’opposition congolaise ? Deuxième en termes de suffrages exprimés au scrutin présidentiel du 20 mars, cela semble aller de soi pour lui, mais pas encore suffisant du fait des rapports de force au sein de l’Assemblée nationale actuelle. A moins de se contenter d’une désignation de fait, ou que la loi attendue sur le sujet en dispose ainsi, la place de chef de l’opposition peut être l’opportunité pour ce dernier de contrôler les sièges de l’opposition au Parlement. Dans un tout autre chapitre, il semble que du côté de ses collègues candidats "malheureux", et même des dirigeants de l'opposition qui n'avaient pas pris part à la dernière présidentielle, la position qu'ambitionnerait le leader de la CODEHA ne lui sera pas donnée cadeau. Puis, il y a cette histoire rappelée plus haut du statut juridique de l'opposition: qu'en retourne-t-il exactement? Des petites questions de forme et de fond que ne manqueront pas de se poser les responsables de tout bord, le Congolais ordinaire, et sans doute aussi les éminences grises qui voudraient, en cette période transitoire, donner de l'allant aux institutions de la nouvelle République en cours d'installation.
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