Chronique : comment se protéger des futures pandémies ?

Mercredi 30 Décembre 2020 - 18:12

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L’année 2020 qui s’achève aura été, à n’en point douter, celle de la pandémie de covid-19. Elle aura marqué le monde comme rarement auparavant, une pandémie ne l’avait fait. Mais ce qu’il faut savoir au moment où l’attention de l’humanité se porte désormais sur les vaccins pour protéger les populations de la covid-19, des pandémies futures vont apparaître plus souvent, se propageront plus rapidement, causeront plus de dommages à l’économie mondiale et tueront plus de personnes que la covid-19, à moins que l’approche globale de la lutte contre les maladies infectieuses ne soit modifiée.

Cet avertissement nous est donné dans un rapport sur la biodiversité et les pandémies qu’un groupe de vingt-deux experts de premier plan vient de rendre public. Ces experts du monde entier conviennent qu’il est possible d’échapper à l’ère des pandémies, mais que cela nécessite un profond changement d’approche pour passer de la réaction à la prévention. La pandémie de covid-19 est au moins la sixième pandémie mondiale depuis la pandémie grippale de 1918, et bien qu’elle trouve son origine dans des microbes portés par des animaux, comme toutes les pandémies, son émergence a été entièrement déterminée par les activités humaines, indique le rapport.

On estime à 1,7 million le nombre de virus « non découverts » actuellement présents dans les mammifères et les oiseaux, dont 850 000 pourraient avoir la capacité d’infecter les êtres humains. En réalité, il n’y a pas de grand mystère sur la cause de la pandémie de covid-19, ou de toute autre pandémie moderne. Ce sont les mêmes activités humaines qui sont à l’origine du changement climatique, de la perte de biodiversité et, de par leurs impacts sur notre environnement, du risque de pandémie. Les changements dans la manière dont nous utilisons les terres, l’expansion et l’intensification de l’agriculture, ainsi que le commerce, la production et la consommation non durables perturbent la nature et augmentent les contacts entre la faune sauvage, le bétail, les agents pathogènes et les êtres humains. C’est un chemin qui conduit droit aux pandémies.

Le risque de pandémie peut être considérablement réduit en diminuant les activités humaines entraînant la perte de biodiversité, par une plus grande conservation des zones protégées et par des mesures réduisant l’exploitation non durable dans les régions riches en biodiversité. Cela permettra de réduire les contacts entre les animaux sauvages, le bétail et les êtres humains, et aidera à prévenir la propagation de nouvelles maladies.

L’approche actuelle des pandémies stagne et consiste encore à essayer de contenir et de contrôler les maladies après qu’elles sont apparues, par le biais de vaccins et de thérapies. Pour nous échapper de l’ère des pandémies, nous devons, en plus de la réaction, nous concentrer sur la prévention. Le fait que l’activité humaine ait pu modifier aussi fondamentalement notre environnement naturel ne doit pas nécessairement être vu comme négatif, mais prouve, au contraire, notre capacité à opérer les changements nécessaires pour réduire le risque de futures pandémies, tout en protégeant la nature et en réduisant les changements climatiques.

Selon le rapport des experts, réagir aux maladies exclusivement après leur apparition, par des mesures de santé publique et des solutions technologiques, et en particulier par la conception et la distribution rapides de nouveaux vaccins et de nouvelles thérapies, constitue « un chemin lent et incertain », jalonné de souffrances humaines et coûtant des dizaines de milliards de dollars chaque année.

Boris Kharl Ebaka

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