COP 30 : L’Afrique centrale au cœur du nouvel équilibre climatique mondial

Mercredi 12 Novembre 2025 - 9:43

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Alors que la COP 30 s’ouvre à Belém, aux portes de l’Amazonie, l’Afrique centrale s’impose comme l’un des acteurs clés de la diplomatie climatique mondiale.

Porteuse d’un des plus vastes puits de carbone de la planète - le bassin du Congo - , la région entend monnayer plus justement son rôle vital dans la régulation du climat global.

Le bassin du Congo, un trésor sous pression

S’étendant sur plus de 3,6 millions de km² et traversant six pays — dont la RDC, le Congo, le Gabon et le Cameroun —, le bassin du Congo constitue le deuxième poumon vert du monde après l’Amazonie. Il stocke près de 80 milliards de tonnes de carbone, soit trois années d’émissions mondiales, selon la FAO.
Pourtant, la déforestation progresse : exploitation illégale du bois, expansion minière et agriculture extensive menacent un équilibre écologique aussi fragile qu’indispensable. « Protéger le bassin du Congo, c’est préserver la stabilité climatique mondiale », a rappelé Félix Tshisekedi, président de la RDC, lors du Sommet de Belém.

Des attentes fortes et un sentiment d’injustice

Les dirigeants africains, à l’image de Denis Sassou Nguesso, soulignent « le fossé entre les ambitions climatiques du Nord et les réalités du Sud ». L’Afrique, qui n’émet que 3,8 % des gaz à effet de serre, subit pourtant des pertes économiques évaluées à 5 % de son PIB annuel à cause des catastrophes climatiques.
Les pays du bassin du Congo exigent des financements durables, équitables et prévisibles. À Addis-Abeba, lors du Sommet africain sur le climat, ils avaient déjà demandé que 30 % du financement climatique mondial soient dirigés vers des projets africains — un objectif repris dans la Déclaration de Belém.

Cameroun : un pivot énergétique et écologique

Le Cameroun se présente comme un acteur charnière entre le Sahel aride et le golfe de Guinée forestier. Doté d’un fort potentiel hydroélectrique et d’un couvert forestier représentant 40 % de son territoire, le pays multiplie les partenariats pour des crédits carbone et des projets d’agroforesterie. « L’enjeu n’est plus seulement de préserver, mais de valoriser nos ressources forestières à travers une économie verte intégrée », souligne un conseiller du ministère camerounais de l’Environnement. Le pays plaide aussi pour un marché africain du carbone, adossé à la ZLECAF, afin que la conservation devienne un levier de développement régional.

Vers une nouvelle diplomatie climatique africaine

L’Afrique centrale veut rompre avec le statut de « victime climatique » et s’affirmer comme un acteur stratégique. Mais ses forces - biodiversité, jeunesse, ressources hydriques - se heurtent encore à des faiblesses structurelles : gouvernance environnementale inégale, dépendance financière, faible industrialisation verte. « Nous ne voulons plus quémander, mais négocier d’égal à égal », a lancé un diplomate gabonais.

À Belém, le message est clair : sans le bassin du Congo, il n’y aura pas d’équilibre climatique global. Et sans une Afrique centrale souveraine, la transition écologique mondiale restera incomplète.

Noël Ndong

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