Environnement : Michel Innocent Peya livre son opinion sur l’Accord de Paris dans le quotidien français Les Echos

Vendredi 8 Janvier 2021 - 18:15

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Dans une tribune publiée le 7 janvier dernier dans le quotidien français Les Echos, Michel Innocent Peya donne son opinion sur la crise sanitaire liée à la Covid-19 qui a détourné l’attention des exécutifs nationaux de l’Accord de Paris alors que les émissions de gaz à effet de serre ont atteint, en 2019, un niveau record. Extraits.

Accord de Paris sur le climat en 2015A propos du traité international juridiquement contraignant sur les changements climatiques sur le climat en 2015, Laurent Fabius déclarait lors de la remise finale du texte : « Nous voici donc presque au bout du chemin et sans doute au début d’un autre ».

Plus de cinq ans après, l’année 2021 s’ouvre sur un sentiment contrasté, partagé entre l’absence de résultats probants et la perspective d’une réintégration des États-Unis dans l’Accord. C’est l’occasion pour Michel Innocent Peya, spécialiste des questions environnementales, de livrer son opinion.

Il constate que le décalage entre les attentes suscitées par la conclusion d’un accord climatique universel et les avancées effectivement réalisées depuis pose question. Par exemple, l’année 2020 a été l'une des plus chaudes jamais enregistrées, multipliant les catastrophes naturelles, incendies, sécheresses et tempêtes et accélérant la fonte des glaciers.

Le Programme des Nations unies pour l’environnement, dans son rapport de 2020 sur l'écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, relève l’insuffisance des engagements gouvernementaux pris dans le cadre de l’Accord de Paris. Ceux-ci sont connus sous l’appellation de « contributions déterminées au niveau national », en sigle CDN, et nous dirigent vers une augmentation de 3,2°C des températures mondiales au cours du siècle, bien au-delà du niveau de 2°C visé par l’Accord.

A propos de la crise sanitaire liée à la Covid-19, il la qualifie de facteur ayant détourné l’attention des exécutifs nationaux, alors que les émissions de gaz à effet de serre ont atteint, en 2019, un niveau record. Certes, l’interruption d’une partie des activités économiques a permis à ces émissions de se contracter de 7 % sur un an, mais cela ne devrait représenter qu’une baisse de température de 0,01°C d’ici 2050.

Preuve de cette négligence collective, seuls 70 pays (dont les 27 de l’Union européenne) ont mis à jour leurs engagements en 2020, comme prévu par l’Accord de Paris. Les objectifs de neutralité carbone affichés, sur le principe, par de nombreux pays, ne sauraient occulter cette réalité. Or, le dérèglement climatique favorise l’apparition et la diffusion de maladies infectieuses. Concentrer tous les efforts sur la gestion de la pandémie au détriment de l’environnement, c’est espérer vainement se guérir la main en délaissant la totalité du corps.

Pire, la solidarité internationale indispensable pour que soit relevé collectivement le défi du changement climatique n’est pas au rendez-vous. L’engagement des pays développés à mobiliser, d’ici 2020, 100 milliards de dollars par an en faveur des pays en développement ne devrait pas être tenu. Selon les données de l’OCDE, le financement climatique total fourni par les premiers au bénéfice des seconds n’a représenté que 79 milliards de dollars en 2018.

Il déplore que l’Afrique ait capté 25 % seulement de ces financements, loin du montant des investissements nécessaires au continent pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique. Certaines initiatives, telles que l’ambitieux Fonds bleu pour le bassin du Congo porté par le président Denis Sassou Nguesso, pourraient rester lettre morte sans un soutien financier adapté. Un constat inquiétant lorsque l’on sait que les forêts africaines ont détrôné l’Amazonie dans sa capacité à absorber les concentrations de CO2 dans l’atmosphère, prouvant le rôle cardinal que joue le bassin du Congo dans la régulation du climat mondial.

Pour autant, s’il n’est pas porté remède au réchauffement de la planète, nous facilitons à terme l’émergence d’une Covid-39 ou 59 et nous nous exposons à des dégâts toujours plus impactant.

Des facteurs d’espoir sont néanmoins permis. La récente élection de Joe Biden à la tête du deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre (15 % des émissions) devrait être synonyme de réintégration des États-Unis dans l’Accord de Paris. Candidat, il a promis d’y revenir "au premier jour" de la nouvelle administration, tout en affirmant son souhait de mettre le pays sur les rails de la neutralité carbone.

Marie Alfred Ngoma

Légendes et crédits photo : 

Photo : Accord de Paris sur le climat en 2015 (DR)

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