Éruption du Nyiragongo : Yekima déclare sa flamme à Goma

Mercredi 26 Mai 2021 - 17:40

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Le nouveau slam Jambo Goma ! décrit la capitale du Nord-Kivu dont le slameur kinois clame la beauté tout en rimes partageant avec plaisir des souvenirs encore bien vivaces de son séjour en 2017 dans la magnifique ville secouée le week-end dernier.

Le slameur Yekima déclare sa flamme à Goma (DR)À la fois titre et refrain, Jambo Goma !, c’est pareil à Bonjour Goma ! en français. En effet, Jambo est la salutation commune en swahili, la langue locale. Ici Jambo Goma ! est à prendre pour le synonyme de « Passez une agréable journée à Goma », un souhait formulé par Yekima au lendemain de l’éruption volcanique qui a causé une belle frayeur dans la ville. Une manière pour l’artiste de dire la compassion qu’il éprouve au malheur survenu dans cette région dont il scande la beauté face à son charme unique.

C’est donc tout naturellement que Yekima commence par présenter Goma, mais pas à la manière de Je te présente Kinshasa, son premier grand succès. L’ode à Goma, à la différence du précédent slam, évoque la situation géographique de la ville à partir des hauteurs. « À presque 1 500 m d’altitude dans la vallée du Rift, Goma chef-lieu, capitale du Nord-Kivu est pour l’Est du Congo un gift (cadeau en anglais) », entend-on dire le slameur visiblement sous le charme. L’artiste prouve qu’il n’a pas tort de clamer ainsi le charme de cette ville au paysage naturel si enchanteur qui cette fois est sa muse. Ce qu’il met en avant ici, ce sont ses atouts naturels. Il le fait tout en rimes.

Goma n’est pas une ville ordinaire, le souligne Yekima, précisant ici qu’elle fait partie du « patrimoine mondial de l’humanité avec le Parc de Virunga comme atout ». La ville a donc tout pour plaire. Il le dit, énumérant notamment au passage ses nombreuses particularités dont « le lac Kivu en bordure », « les vieilles coulées de lave de la chaîne du Virunga », « le Nyamulagira », le fameux « Nyiragongo, géant de 2 000 m ». Evoquant ses frontières avec le Rwanda et l’Ouganda, Goma, c’est aussi, rappelle Yekima, «  une ville de commerce, de passage. Elle est cette ville frétillante, ville d’échanges. On peut croire que tout se risque ici alors que tout est ici touristique ». Le Nyiragongo en éruption la nuit du samedi 22 mai (DR)

« Goma est hospitalière et aspire à un climat pacifique. Par ici se saluer, c’est tout simple et beau : on dit Jambo ! », fait savoir le slameur. Quant au « Jambo Goma !, Jambo Goma ! », on l’a déjà dit, est un souhait exprimé dans ce parler qu’il dit être « la langue principale de la ville, si pas l’une des plus belles langues du monde, le swahili ».

 

 

La sculpture du tshukudu, symbole de la ville de Goma (DR)Une éruption des plus belles femmes

Passé l’inventaire qu’il fait des joyaux, les sites naturels, de cette pure merveille de la nature, le slameur se lance avec lyrisme dans la description de Goma façonnée par ses habitants. Il met bien en exergue un lieu emblématique, à savoir le Boulevard Kanyamuhanga notant qu’il y a «  au beau milieu de son carrefour, la magistrale statue du tshukudu. Ingénieuse trottinette en bois montée à domicile… ». Yekima ne passe pas sous silence une observation qu’il partage non sans une once de provocation. Après les routes cahoteuses et pour certaines très poussiéreuses, il évoque la délectation qu’offre un verre pris dans un de ses bars aux vues imprenables au bord du lac qui le porte à une observation qu’il rapporte avec un petit rire plutôt coquin. «J’ai bien vu que depuis 2002, après l’éruption du Nyiragongo, il y a bien eu ici à Goma une éruption des plus belles go hein ! », ne peut s’empêcher d’affirmer le slameur.

De fil en aiguille, question usages amoureux, il avoue se demander ce qui passerait « le mieux entre Je t’aime et Nakupenda » (déclarer sa flamme en français ou en swahili). « Excité à tenter le coup, question de voir ce que ça donnera », l’artiste prévient : « Je vous jure que si je choppe une Gomatracienne, je ne rentre plus à Kinshasa ». De Goma, Yekima évoque les bonnes denrées de consommation courante à portée de main qui ne le sont pas toujours pour le Kinois: « ici il y a à gogo, fromage, viande fraîche, pomme de terre et maziwa (lait caillé) ». C’est sur une note ambiancée, normal pour le Kinois qu’il est, que le slameur achève son ode à Goma. « Après tout le nom Goma, vient du Mont Goma, qui vient du mot ngoma, le tamtam. Normal qu’elle soit cette ville dansante et pleine d’ambiance dont tout le monde se pâme », affirme-t-il. Et de poursuivre  : « Et puis la ville vit sous le volcan, ça ne m’étonne pas qu’elle soit en chaleur. Goma terre d’accueil m’a charmée, à elle j’ai donné mon cœur  ». Il conclut avec assurance et exaltation : «  J’ai réalisé qu’il n’y a pas que massacres, violences, pillages et exodes. Une ville avec une population des plus fortes du monde. Gomatraciens, ce que la gomme a tracé, le crayon l’a effacé. Goma est donc une ville mieux redessinée. Le passé a une histoire, mais l’avenir porte l’espoir. Je crois que Goma est surtout un territoire d’espoir ».

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : Le slameur Yekima déclare sa flamme à Goma (DR) Photo 2 : Le Nyiragongo en éruption la nuit du samedi 22 mai (DR) Photo 3 : La sculpture du tshukudu, symbole de la ville de Goma (DR)

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