IFC : une exposition légendaire pour les peintres de Poto-Poto

Samedi 29 Juillet 2017 - 10:05

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Les peintres de l’école de peinture de Poto-Poto ont fait une exposition légendaire à l’Institut français du Congo (IFC) sur le thème « L’École de peinture de Poto-Poto : une histoire de l’art ? »

L’ambassadeur de France en République du Congo, Bertrand Cochery, a dans son allocution donné le sens de ce thème. Pourquoi une histoire de l’art ? s’est-il interrogé. Pour le diplomate français, cette école de Poto-Poto est une référence de l’art dans l’histoire du Congo. Georges Balandier lors des années 40 a fait son premier travail ici au Congo, il s’interroge sur ces mutations qui sont en Afrique. Il cherchait en ce continent qui est en marche vers l’indépendance quelles sont les formes de l’art. On touche à cette question de l’identité vers la création. Et à cette époque, on commence à voir émerger cette école de peinture de Poto-Poto qui est vue par Georges Balandier comme une contribution à cet essor, à cette Afrique en mouvement.

Le diplomate français a, en outre, précisé que l’organisation de cette exposition est à la fois pour son caractère historique et pour son actualité. Pour son caractère historique, ce qui a été un moment donné une des marques de fabrique de l’école. Ce qui lui a rendu célèbre est la fameuse série des mickés qui n’a rien à avoir avec la série mickey de Disney. « On a là un graphisme qui permet de voir cette Afrique en mouvement qui sont des suites des mouvements comme si on avait des photographies qui montrent que cette Afrique est en train de bouger. Cela sera un des creusets les plus féconds de la création congolaise », a dit Bertrand Cochery.

La deuxième remarque est sur la diversité et la vivacité des formes. « Souvent quand on parle d’une école, on voit un style. Je pense qu’il est indispensable pour un pays dont la contribution aux arts est aussi importante que le Congo de ne jamais perdre la mémoire de l’art. C’est en ce sens que cette exposition est la bienvenue », a-t-il ajouté.

Enfin, l’ambassadeur de France, a fait savoir que son pays est un partenaire du Congo dans le domaine de l’art. De plus, la France se rapproche de l’actualité avec les peintures présentées par les 22 artistes qui sont toutes récentes 2016-2017…. « C’est très bien de voir les peintres de l’école de peinture de Poto-Poto exposer à l’IFC », s'est-il réjoui.

Présentant le vernissage, Maruisca Moukengué, a indiqué que ces vingt-deux  tableaux polychromiques, peints entre 2014 et 2017, sont le reflet de l’actualité artistique de l’École de peinture de Poto-Poto où il est à la fois possible de voir la mise en lumière d’un classique et d’un contemporain. L’exposition dégage à la fois « un art du relais » et « un art de création ». En effet, à l’origine, la peinture de Poto-Poto était des mickés qui ont par la suite fait place à une représentation du quotidien rural de ces peintres, autodidactes pour certains. La prépondérance des animaux et des femmes en activité serait née du désir des artistes de rompre avec « le style plat » de leurs prédécesseurs.

Réunissant plusieurs œuvres, cette exposition a offert une vue panoramique des différentes esthétiques et des styles de l’école de peinture de Poto-Poto. Des tableaux aux inspirations abstraites y ont été suspendus, d’autre part, sur le long du mur de la salle Savorgnan face à des œuvres au style plus pop. Les tableaux sur les « mickés » ou « petits bonshommes » y ont été présentés ensemble en un module. Une collection de différents tableaux portant sur le thème de l’éléphant, forme de synthèse des styles adoptés par l’École de peinture de Poto-Poto, a fait la clôture de l’exposition au fond de la salle.

Riverains et dessinateurs à la base pour certains, l’évocation de la « femme-nature » a été un moyen de rendre hommage à celle-ci, vue dans ses attributions traditionnelles. Ici, il n’est fait nullement état de cette « femme-contemporaine » dont la « fécondité » n’est pas l’unique atout. Une analyse minutieuse de ces œuvres a fait converger vers un seul récit : des enfants « joueuses de Ndzango » et des « joueurs de billes » indifférents aînés à l’heure du « départ du marché » ignorant tout de la valeur de la « cuisine africaine » servie un « jour de fête » par « les femmes Sahara ». Jour où « les sapeurs » et amoureux de « la sape » sont en harmonie avec la « Danse Otsiérako (téké) » et la « Danse des mickés » au rythme du « souffleur de corne » qui invoque la « fécondité » afin que ces femmes deviennent des « Mama Mapassa », décrit Maruisca Moukengué.

Le président de l’association des peintres de l’École de peinture de Poto-Poto, Sylvestre Mangouandza, a donné le sens de cette exposition. « Depuis un certain temps, nous n’avons plus présenté des objets au niveau de Brazzaville. L’IFC qui, a pensé qu’il y a plus de 10 ans que l’École de peinture de Poto-Poto n’a plus exposé dans ses locaux, nous a réservé cet espace pour exposer les tableaux de notre école. Il s’agit de l’art d’hier et celui d’aujourd’hui. Ce qui est très important, c’est que Poto-Poto est né dans les années 40, nous sommes en 2017 et les amoureux de l’art, nombreux ne connaissent pas l’histoire de l’École de peinture de Poto-Poto. Entre la peinture primitive et celle d’aujourd’hui, il y a la peinture contemporaine. Mais il y a des scènes de vie quotidienne», a-t-il expliqué.

Notons que l’École de peinture de Poto-Poto, située au rond-point Moungali dans le quatrième arrondissement de Brazzaville, est reconnue comme le centre d’art. Cette structure, qui est un cadre d’initiation à la peinture depuis l’époque coloniale, est fondée en 1951 par Pierre Lods. Plusieurs artistes témoins de l’histoire de ce centre sont passés par là, à l’instar de Gotène et Owassa pour ne citer que ceux-là. Brazzaville étant la capitale de l’Afrique équatoriale française (AEF), c’est cette école qui va inspirer Léopold Sédar Senghor à créer le « Festival mondial des arts nègres » de Dakar en 1966.

Bruno Okokana

Légendes et crédits photo : 

Photo 1 : L'ambassadeur de France au Congo, Bertrand Cochery lors de son speech Photo 2 : Les amoureux des œuvres d'art découvrant les toiles des peintes de Poto-poto Photo 3 : Le président de l'association des peintres de Poto-Poto, Sylvestre Mangouandza, présentant les tableaux Photo 4 : Quelques tableaux exposés des peintres de Poto-Poto

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