Interview. Dr Crispin Kazadi du PEV : "Le vaccin contre la covid-19 se fera dans les sites fixes"

Lundi 8 Mars 2021 - 16:39

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Après la réception  d’un million sept cent seize mille doses de vaccins contre la covid-19, la RDC envisage l’organisation d’une vaste campagne de vaccination  contre cette pandémie. Cette opération se déroulera en site fixe. Elle concerne d’abord quatre provinces au regard de l’ampleur de la maladie, à savoir  Kinshasa, Kongo central,  Nord-Kivu et Haut-Katanga. Il s’agit d’une vaccination ciblée qui sélectionne les personnes à vacciner. Dr Crispin Kazadi, chef de service de nouveaux vaccins au Programme élargi de vaccination (PEV) apporte plus d’informations sur ce vaccin, les catégories cibles, la provenance au cours d’un échange avec les journalistes, membres du Réseau des journalistes amis de l’enfant (RJAE) au siège du PEV à Kinshasa.

 

Le Courrier de Kinshasa : Pourquoi la RDC a opté pour le vaccin contre la covid-19 alors que la prise en charge médicale s’avère une réussite au regard du taux de guérison  rapporté ?

Dr Crispin Kazadi : Dans toutes les maladies, il y a lieu de savoir qu’il existe trois types de traitement. Il ya le traitement curatif, préventif et le traitement qui soigne les séquelles de la maladie après que la personne est guérie. Le traitement curatif guérit le malade et il y a des médicaments qui sont utilisés pour guérir la personne déjà malade de la covid. Le traitement préventif pour le cas de la covid-19 implique le respect des gestes barrières, notamment le port du masque, la distanciation des personnes, le lavage des mains. Tous ces gestes  barrières préviennent la maladie avant que la personne n’en souffre. Et parmi ces gestes, nous venons d’ajouter une autre mesure, à savoir le vaccin qui est déjà arrivé au pays. Ce vaccin  est aussi l’une  des mesures de prévention contre la pandémie de  covid-19. Il vient donc de  s’ajouter aux autres mesures barrières existantes. C’est pourquoi, on a tout intérêt de se faire vacciner dans le cadre de la prévention contre la covid-19.

L.C.K: Pourquoi avoir catégorisé les personnes à vacciner ?

 Dr C.K: Pour la vaccination, on cible toujours. Nous ciblons les catégories les plus fragiles. S’agissant de  la vaccination  contre la covid-19, nous avons ciblé les personnes les  plus vulnérables. Parmi elles, il y a surtout le personnel de santé, ceux qui soignent les malades de la covid-19, qui sont en contact direct avec les malades parce qu’ils sont plus exposés par rapport aux autres catégories des agents de santé.  Il y a aussi des personnes âgées de plus de 55  ans. Elles sont beaucoup plus vulnerables. Il suffit de voir le taux  de mortalité de ces personnes qui est plus important que chez les jeunes. Nous allons enfin vacciner les personnes âgées vivant avec les maladies chroniques comme les diabétiques, les cardiaques, car ils sont plus exposés et sont plus vulnérables.

L.C.K: Il s’agit d’une grande opération de vaccination. Avez-vous quand même déjà répertorié toutes ces personnes et comment se déroulera cette vaccination ?

Dr C.K: Non, nous n’avons pas répertorié toutes ces personnes. En principe, il ne s’agit  pas d’une campagne de vaccination, mais plutôt de la  vaccination de routine. Toutefois, nous allons choisir les  sites dans lesquels ces personnes seront vaccinées. Ces sites, nous les avons déjà identifiés. Il s’agit des sites qui prennent en charge les malades de covid, les hôpitaux et centres médicaux qui ont un plateau technique assez considérable qui peuvent intervenir en cas des problèmes  pour prendre en charge  les malades. Le vaccin se fera dans les  sites fixes.

L.C.K: Quel est le pays de provenance du vaccin que la RDC a choisi ?

Dr C.K: Le vaccin peut provenir de n’importe quel pays. Mais il faut qu’il remplisse des conditions. Il doit répondre aux critères de la vaccination. C’est l’OMS qui est l’organe de la régulation de la santé humaine du monde entier et elle suit aussi la fabrication du vaccin.

Aussi faudra-t-il reconnaître que le mécanisme covax est venu  pour nous aider afin que nous puissions bénéficier d’une façon équitable  ce vaccin qui coûte cher, car la santé n’a pas de prix.  Et ce mécanisme covax a aussi retenu  parmi les vaccins, le vaccin astrazeneca que la RDC a choisi. Il y a plus de cent cinquante candidats de vaccins, mais il n’y a que  deux qui sont préqualifiés par l’OMS qui autorise qu’on puisse les utiliser.

Il faut savoir aussi qu’au pays, nous avons un organe spécialisé qu’on appelle le groupe technique consultatif pour la vaccination. Ce groupe est composé de grands experts,  notamment des professeurs d’universités qui conseillent le ministre de la Santé sur la décision à prendre dans le cadre de la vaccination.

Ce groupe s’est réuni et s’est basé sur les données scientifiques, sur d’autres preuves qu’on a dans d’autres pays et sur  les données d’après les fabriquant. Après cet exercice, il est entré en session spéciale pour faire le choix et il a donné un avis pour que le pays puisse opter pour le vaccin Astrazeneca. Le choix du vaccin n’est pas  fait au hasard, il ne dépend pas d’un individu. C’est tout un système qui est mis en place pour qu’on arrive à ce choix

L.C.K: Le pays a déjà réceptionné le premier lot de vaccins contre la covid-19. Est-il prévu un second lot ? Qui sera concerné ?

Dr C.K: Nous avons reçu le premier  lot constitué d’un million sept cent seize mille doses de vaccin. C’est pour cette raison que vous avez certainement remarqué qu’on a fait le ciblage des personnes  qui sont à haut risque pour les protéger  afin de diminuer le taux de décès. Nous n’agissons pas seulement pour prévenir la maladie mais aussi pour diminuer  le taux de décès. Il y a des personnes avec comorbidité qui sont des personnes souffrant des maladies chroniques telles que des malades cardiaques et des hypertendus. Ces personnes quand elles attrapent la maladie, elles s’en sortent difficilement et le grand nombre de personnes ce sont des personnes âgées  que nous avons perdues.

Le pays attend  plus de sept millions de doses mais dans le premier lot, nous avons reçu plus de doses soit un million sept cents, donc nous attendons encore recevoir  plus de cinq millions et plus de doses pour compléter et progressivement, nous irons aussi à d’autres catégories mais comme la quantité aussi est très limitée, nous avons choisi de protéger les groupes qui sont beaucoup plus à risque.

Blandine Lusimana

Légendes et crédits photo : 

Dr Crispin Kazadi du PEV

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