Interview. Loïck Mfumu: « Même dans la maladie, Mfumu Di Fua Di Sassa ne s’est pas avoué vaincu, mais continuait de travailler »

Vendredi 23 Décembre 2022 - 11:58

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Le 14 décembre 2022 marquait la célébration du premier anniversaire de l’inscription de la rumba congolaise au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. Une date mémorable dans le souvenir des populations du Congo et de la République démocratique du Congo qui rappelle, en parallèle, le combat de grands hommes qui ont travaillé d’arrache-pied pour relever ce défi, à l’instar de Mfumu Di Fua Di Sassa, décédé une année et demi avant cette victoire. Et aujourd’hui, sa progéniture milite pour une reconnaissance des efforts de cet artisan dans l’ombre. Entretien.

Les Dépêches du Bassin du Congo (L.D.B.C.) : Pouvez-vous décliner votre identité à nos lecteurs ?  

Loïc Mfumu (L.M.) : Je me nomme Loïc Mfumu Loubassa Mossipy, fils de Mfumu Di Fua Di Sassa. Je suis journaliste et digital marketer.

L.D.B.C. : Quel rapport entretenait votre père avec la musique ?

L.M. : Mon père est un mélomane qui aimait la belle musique depuis son enfance. La musique était comme un remède pour lui. Le week-end, surtout le dimanche, par exemple, il pouvait passer toute la journée à n’écouter que de la musique : charanga, rumba, salsa. Et en plus d’aimer la musique, il était très familier de plusieurs artistes de son époque si bien qu’en écoutant leurs morceaux, il racontait aussi des histoires à propos d’eux. C’est, d’ailleurs, cette passion pour la musique congolaise qui avait fait qu’il soit retenu avec d’autres personnes pour œuvrer à l’inscription de la rumba au patrimoine immatériel de l’humanité.

L.D.B.C. : Quel lien entre Mfumu et la victoire de l’inscription de la rumba au patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco ?

L.M. : La rumba est une fierté pour nous, une superbe musique et un héritage. Si aujourd’hui, la rumba figure sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, c’est parce qu’il y a eu des hommes dans l’ombre qui ont travaillé sur ce projet. Et Mfumu Di Fua Di Sassa figure parmi ceux qui croyaient en cette avancée et ceux qui ont abattu un travail considérable pour faire inscrire son dossier. Bien sûr, il n’était pas seul. Il y avait aussi d’autres personnalités comme l’ambassadeur Henri Ossebi, les Prs Grégoire Lefouoba et Bouetoumoussa Kiyindou, etc. Et Mfumu assurait la présidence du comité scientifique de ce projet. Même dans la maladie, il ne s’est pas avoué vaincu mais continuait de rassembler des chercheurs et scientifiques des deux Congo.

L.D.B.C. : Pour le travail abattu, qu’espériez-vous donc que l’Etat congolais fasse pour honorer la mémoire de Mfumu ?

L.M. : Ce que nous voulons aujourd’hui pour pérenniser la mémoire de notre père, c’est de la reconnaissance. Nous, ses enfants, ne sommes pas en quête d’argent, mais d’une certaine gratification à la hauteur de ses efforts, qu’il n’a pas pu en jouir à cause de la mort. Nous voulons que le nom de l’artisan soit gravé quelque part, non seulement dans nos cœurs, mais aussi dans des livres, dans un musée si possible, pour sa contribution à l’inscription de la rumba sur la liste immatérielle du patrimoine de l’humanité. Les paroles s’en volent, les écrits restent. Il est donc important pour l’Etat congolais d’honorer et de maintenir dans le temps non seulement la mémoire de Mfumu, mais aussi de tous ceux qui ont travaillé pour ce projet.

L.D.B.C. : Que d’attendre les pouvoirs publics, ne pensez-vous pas à initier des projets pour conserver le souvenir de Mfumu dans le temps ?

L.M. : Bien évidemment que nous y avons pensé et, actuellement, je prépare un projet culturel en son nom. Mfumu n’était pas juste un grand mélomane, il était aussi un passionné des lettres, de la plume, bref de la culture. J’envisage de lancer une bibliothèque numérique où on ne retrouvera pas juste ses publications, mais aussi celles de grands autres écrivains issus du Congo comme Sony Labou Tansi, Tchicaya U Tam’si, Henri Lopes, etc.

Propos recueillis par Merveille Jessica Atipo

Légendes et crédits photo : 

Loïc Mfumu Loubassa Mossipy, fils de Mfumu Di Fua Di Sassa/DR

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