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La gare de Dolisie

Vendredi 23 Mai 2014 - 0:08

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C’est le 23 mai 1934 que le gouverneur général Victor Augagneur inaugure la gare de Dolisie. Quelques Européens, anciens employés du Chemin de fer s’installent à leur propre compte dans cette ville. Il s’agit de Joly Michel, Romano, Vincent Génod… La même année, Raymond Edvise ouvre le premier poste administratif.

En 1959, Pierre Goura devient le premier maire congolais de Dolisie, jusqu’en décembre 1963. Cette fonction sera ensuite assurée successivement par : Gustave Bitsindou, Gustave Ondziel, Ernest Bikoumou, Dieudonné Kiang, André Boulou, Lamy-Raymond Nzikou, Eugène Pambou, Lazare Goma-Boulingui, Gatsono Yoka Iccoulat, Jean-François Nguembo, Zéphirin Dibandou, Justin Pouabou, Christophe Moukoko, Simon-Pierre Kikhounga-Ngot, Jean-Claude Mouanda, Jean-Michel Mavoungou-Ngot. Actuellement, la ville de Dolisie est dirigée par Adam Dibouilou.

En 2006, la ville de Dolisie a abrité les festivités du quarante-sixième anniversaire de l’indépendance du Congo, dans le cadre de la municipalisation accélérée, après Pointe-Noire, en 2004 ; les immeubles de la préfecture et du conseil départemental, entre autres, en sont l’illustration. Mbounda, à quelques encablures de la gare de Dolisie, abrite désormais le premier lycée d’excellence destiné à former l’élite de demain.

Le club de football Léopards, sous l’égide de Rémy Ayayos-Ikounga, a redonné à Dolisie une dimension sportive au plan national. Pour s’en rendre compte, il suffit d’être présent dans cette ville le jour où les Léopards sont en compétition. De Brazzaville via Pointe-Noire et d’autres villes de la République, tout le monde y converge. Une indescriptible effervescence s’empare de la ville et la plonge dans une gaité extraordinaire. Comme le soulignait Jean-Pierre Heyko-Lekoba, préfet du département du Niari : « La route Pointe-Noire-Dolisie a contribué sinon, à sa redynamisation, du moins, au réveil de la capitale de l’or vert », l’autre nom de Dolisie, du temps de sa splendeur économique.

Cette ville doit son nom à un compagnon de Savorgnan de Brazza, Albert Dolisie, polytechnicien, ancien officier d’artillerie, membre de la Mission de l’Ouest africain vers le Congo, en 1883. Il ouvrit, par terre, la route des caravanes entre Loango et Brazzaville, route qu’empruntèrent en 1892 les premières religieuses de Saint-Joseph-de-Cluny qui arrivèrent à Brazzaville le 24 août de cette année-là, après vingt-deux jours de marche. « Dans tous les villages où nous passions, raconte la mère Marie-Sainte-Fina, on nous faisait la fête, et, contre tous les usages et les habitudes du pays, les femmes nous offraient des présents. D’un village à l’autre, on annonçait notre venue ; si nous ne nous arrêtions pas, on se pressait autour de nous et on jetait dans notre hamac une banane, un poisson sec, des pistaches, des ignames et autres aliments. Ces pauvres gens n’avaient jamais vu de femmes blanches, tout les mettait dans l’admiration […] À leurs yeux, nous paraissions admirables de beauté, ils nous contemplaient avec une expression de bonheur qui nous divertissait. »

Suite à deux arrêtés ministériels, en date du 15 septembre 1976, la ville de Dolisie fut rebaptisée Loubomo, Fort-Rousset devint Owando, tandis que Jacob prit le nom de Nkayi. À la faveur de la Conférence nationale souveraine, seule Dolisie retrouva son nom, reléguant Loubomo dans les abîmes de l’histoire.  Pour revenir à Albert Dolisie, il fut l’un des plus actifs collaborateurs de Brazza. Il explora les affluents de la rive droite du fleuve Congo et remonta l’Oubangui, il fonda la ville de Bangui avec Ponel. En 1884, il signa avec Ngalieme (chef de la région de l’Alima) à Essoukou le traité mettant tous les territoires situés à l’entrée de l’Alima et ses deux rives sous la souveraineté et le protectorat français. Administrateur de Brazzaville (1890) puis lieutenant-gouverneur à la place de De Chavannes, quand ce dernier demanda sa mise en disponibilité en 1894, Albert Dolisie quitta la vie le 22 janvier 1899.

Mfumu

Edition: 

Édition Quotidienne (DB)

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