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Ces oubliés et ces méconnus de l’histoire congolaise : le Congo et la politique des petits pasVendredi 21 Décembre 2018 - 12:35 Décembre 2018 s’en va irrésistiblement vers sa fin. Au moment où nous abordons les cinquante prochaines années de la république, je retiens la fragilité de notre économie, le caractère défectueux de l’Etat et la perte des valeurs morales et éthiques. Autant d’éléments qui constituent des obstacles au développement de notre pays. Les débats hyperboliques de nos politiciens, fumeux, inconsistants et légers, ont montré leurs limites. Ce qui me désespère sérieusement. La politique des petits pas, dans un pays doté d’énormes potentialités, est l’expression d’une absence d’ambitions pour le pays. Les initiatives bornées, missions à l’extérieur improductives et tournées somptuaires incessantes des membres du gouvernement au lieu d’embellir la vie l’enlaidit par leur incapacité à trouver des solutions novatrices susceptibles de booster le développement. L’enjeu de la politique est d’améliorer les conditions de vie de la population, on n’en prend pas le chemin. « J’écris pour faire plaisir à quelques-uns et pour en emmerder beaucoup », écrivait Jacques Prévert. C’est ce que j’ai fait tout au long de ces années de « Brin d’histoire ». Depuis quelques années, la télévision congolaise est atterrante. Le journal télévisé, véritable salmigondis, ne suffit plus à l’épanchement narcissique de ceux qui nous gouvernent. Il leur en faut toujours plus. Vive la page magazine. La prose frénétique utilisée dans ces « émissions de commande » est une avalanche laudative qui frise la transe logorrhéique. De longues minutes pour nous faire comprendre que le commanditaire travaille alors que l’univers naufragé qu’il tente d’embellir le rattrape et le confond dans ses prétentions. Ces pages magazines agacent. La page magazine, expérience imprécatoire, est lamentable. Incapables de s’astreindre au silence devant l’évidence de leur échec, les commanditaires des pages magazines, en général les membres du gouvernement, s’y mirent, tel Narcisse devant son miroir. Le Congo trinque à cause de leur incompétence. La page magazine est un monceau de propos délirants et un abîme de cocasserie irrationnelle, pendant que, du fond de ses limbes, le Congo vit dans la désespérance. C’est de l’incongru à l’état pur. Face à la crise funeste qui s’enkyste, le pays n’a pas besoin de simagrées télévisuelles mais de solutions concrètes sur le terrain. La page magazine, superfétatoire, c’est « la vacuité, le zéro, le néant absolu ». Le Congo a besoin d’initiatives novatrices et non de pages magazines. La grosse question aujourd’hui est celle de la relance et de la diversification de l’économie. Parmi les mesures préconisées, la réduction du train de vie de l’Etat, un Etat budgétivore, hypertrophié par une multitude d’institutions, parfois sujettes à caution. Il n’est nul besoin d’avoir fait Polytechnique ou Harvard pour trouver des pistes de solutions. Nous ne pouvons plus inventer la poudre. Copier et coller des solutions qui ont fait leurs preuves ailleurs, au besoin, en les adaptant au contexte congolais, n’est pas la chose la plus compliquée qui soit. Immobilisme, atrophie de l’imagination et indécision minent le pays. Les incompétents vont mourir de l’excès de leur superflu. Alors, plus que jamais, le président de la République doit s’engager dans la voie du changement, changement des hommes, en prime, au risque d’assumer seul, une fois de plus, l’impéritie générale. Pas d’empathie pour des fripouilles qui peuvent vous quitter au moindre vent contraire. L’épisode du référendum est éloquent à ce sujet. Nombreux sont ceux qui avaient quitté le navire dans la tempête ; le calme revenu, ils l’ont regagné sans état d’âme, avec leur légendaire obséquiosité. Nous vivons dans un pays où les principes sont proscrits et que l’hypocrisie règne en maîtresse absolue. Ancien fonctionnaire international, à titre personnel, l’âge de la retraite largement dépassé, je n’aspire à rien mais espère le meilleur pour notre pays qui ne mérite pas pareil abaissement. C’est donc du chef de l’Etat que doit procéder le changement vivement souhaité par le peuple. A cet égard, il faut emprunter les transports en commun pour prendre la mesure de la récrimination populaire face à l’absence d’initiatives probantes, vigoureuses et salutaires, susceptibles d’améliorer la situation actuelle. Je m’en voudrais de ne pas le dire, alors je le dis. Un lecteur me faisait remarquer que le gouvernement, régulièrement cloué au pilori, a été nommé par le président de la République qui, dans mes papiers, est incompréhensiblement épargné. C’est simple. Il fixe le cap. J’ai le sentiment, en ma qualité d’observateur de la vie politique nationale, que ceux qui sont au gouvernement travaillent pour eux et non pour le président et sa politique. Ils donnent l’impression de n’être comptables de rien. C’est pourquoi, j’en appelle, si souvent, à ses capacités de commandement pour mettre le holà à la confusion ambiante. Les véritables héros ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
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