L'art et la manière : tout est dans le regard

Vendredi 20 Août 2021 - 12:10

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimable

« Les yeux sont le miroir de l'âme ». Cette citation d'Yves Le Guern, si profondément ancrée dans notre mémoire collective, révèle le pouvoir porté par le regard, celui de transmettre la chaleur ou la tempête, de diffuser de l'amour ou de déclarer implicitement la guerre, de constituer le précurseur de la vie ou de la mort qui s'en viennent avec la parole ou sont voilés par le silence. Le regard dit tout.

Ce que la bouche ne dit pas, le regard l'aura livré. Beaucoup de choses passent par le regard : les émotions, les frustrations, les non-dits, les espoirs, les craintes, une étincelle, des étoiles... Même si certains sont passés maîtres dans l'art de voiler leurs émotions et de se faire passer pour ce qu'ils ne sont pas, le regard mais aussi tout ce qui relève de la communication non verbale, à savoir les attitudes, les gestes, les réflexes, les tics et les tocs, renseignent  sur l'état d'âme d'une personne plus qu'elle ne saurait ou voudrait l'avouer.

Le savoir-vivre voudrait ainsi que le regard soit utilisé à bon escient et ne soit pas transformé en une arme de destruction massive. Il est recommandé, lors d'un entretien ou d'une conversation intime ou même publique, de regarder son interlocuteur droit dans les yeux et de ne pas laisser flotter son regard à gauche ou à droite, ici ou là. Est considéré comme une marque de respect le fait de soutenir le regard de son interlocuteur, mais sans se montrer défiant ou insistant.

Dévisager une personne ou la regarder de manière insistante, de même que se retourner pour mieux voir ce qu'on pense de ne pas avoir assez ou bien vu, sont de l'ordre de l'inquisition, de l'intrusion et de l'agression. Il n'est pas séant de regarder une personne aux limites de ce qui pourrait occasionner un sentiment de gêne auprès de cette dernière.

Il n'est autorisé de regarder une personne de manière insistante que dans une situation spécifique, un contexte bien particulier à l'exemple de la survenue d'un incident ou accident. Le regard, non pas foncièrement insistant, mais plutôt examinateur, trouve sa nécessité dans la recherche et l'analyse des lésions potentielles que la victime aurait subies, dans le but de décider d'une conduite à tenir.

Une bonne éducation voudrait aussi que l'on sache tenir en laisse son regard tout comme on se doit de tenir sa langue. Mépris, hostilité, défi et curiosité ne devraient pas être portés en étendard comme un trophée. De la même manière que l'amitié, la tendresse et la compassion peuvent déborder de l'être intérieur vers l'extérieur, souvent à notre insu. Pour autant, même avec la plus haute impulsion de nos cœurs, ils ne devraient pas constituer un filet pour les autres.

Dans les jeux de séduction, par exemple, il est grossier et déplacé de faire de l'œil pour attirer l’attention d'un mâle, serait-il dominant ou alpha. Le premier regard, souvent déterminant lors d'une première rencontre et auteur à juste titre de coups de foudre à n'en plus compter mais aussi d'histoires qui tiennent dans le temps, ne se dérobe pas à la nécessité de ne pas se montrer maladroit, irrespectueux ou inquisiteur.

Durly Emilia Gankama

Notification: 

Non